Vie des campus

À Cachan, un campus 4.0 émerge autour d’Aivancity

Par Marine Dessaux | Le | Stratégies

L’école de l’intelligence artificielle, Aivancity, boucle sa première année universitaire. Hyper connectée, liée à son territoire et bientôt en collocation avec un groupe d’enseignement supérieur, elle propose un modèle qui a bien des accents d’établissements du futur… Visite et rencontre de ses acteurs.

La première promotion d’Aivancity a fait sa rentrée en septembre 2021. - © Nicolas Grosmond
La première promotion d’Aivancity a fait sa rentrée en septembre 2021. - © Nicolas Grosmond

Nous vous avons déjà parlé de son système d’information aux briques pensées pour s’emboîter aussi aisément que des blocs de Lego… mais l’école de l’intelligence artificielle (IA) Aivancity affiche bien d’autres promesses ! Elle ambitionne de proposer le meilleur de la technologie, de travailler en synergie avec son territoire - la ville de Cachan en périphérie de Paris - et s’apprête à incarner un modèle de cohabitation original en ouvrant ses locaux au groupe d’enseignement supérieur Excelia.

Campus Matin a visité cette école « du futur » fondée par Tawhid Chtioui et qui s’apprête à vivre sa deuxième rentrée.

Une école technologique et design

Aivancity, qui s’est installée dans les 4 000 m2 d’anciens locaux réhabilités de l’ENS Cachan à la rentrée 2021, a dépensé six millions d’euros en travaux pour offrir un environnement innovant à ses élèves. Du robot chargé de l’accueil à l’entrée au détecteur déterminant le passage de l’agent de propreté dans les toilettes, la technologie est omniprésente dans cette école de l’IA et de la data.

Un robot Pepper s’occupe de l’accueil. - © M. Dessaux
Un robot Pepper s’occupe de l’accueil. - © M. Dessaux

Dès son entrée dans l’imposant bâtiment gris et vitré, le visiteur se trouve face au robot « Pepper ». Armé d’une tablette et doté de la reconnaissance vocale, l’androïde propose d’orienter les élèves, d’indiquer les horaires de bus, de répondre aux questions sur l’école, de prendre un rendez-vous avec un membre du personnel ou encore de faire un signalement.

« Ce robot est directement relié aux systèmes internes : si on a un rendez-vous, une notification Teams est reçue par la personne concernée, si on signale un incident, un ticket est créé et envoyé aux services techno », explique Fabien Groigno, responsable des ressources digitales.

Un gadget, peut-être, mais qui sert également de projet pédagogique : « Pepper est une coquille vide, les élèves ont travaillé dessus afin d’améliorer son intelligence », poursuit Fabien Groigno.

Des outils pensés pour une prise en main facile

Une école connectée, certes, mais intuitive pour les enseignants. « Le plus possible, l’objectif est que l’enseignant puisse tout faire seul, explique Arnaud Faure, responsable des relations entreprises. Pour faire fonctionner l’Arena, notre salle de conférences, le cahier des charges exigeait qu’un maximum de quatre boutons soit mis à disposition de l’enseignant. Les fonctionnalités plus poussées sont réalisables en régie. »

L’arena est une salle de conférences ronde - © Nicolas Grosmond
L’arena est une salle de conférences ronde - © Nicolas Grosmond

Cette salle ronde dotée de trois écrans, d’une caméra pour la visioconférence live et de lumières bleues tamisées, permet à l’enseignant de jouer avec les réglages via une tablette tactile accrochée au mur. Dans d’autres salles encore, l’enseignant a le choix des outils pédagogiques, pour des usages du plus simple au plus original.

Dans les salles de cours, notamment, des écrans à système Android embarqué (où il est donc possible d’installer des applications) peuvent être utilisés comme de simples tableaux blancs, sur lesquels on écrit à plusieurs, avec quatre stylos couleurs et une brosse pour effacer ! Mais ils peuvent aussi être utilisés pour modifier des PDF, créer des cours téléchargeables via un QR code, etc. De quoi satisfaire tous les profils.

Un intérêt de l’école pour l’internet des objets (IOT) qui se retrouve également dans la recherche. Doreid Ammar, directeur des programmes et chercheur, accompagne un doctorant à cheval entre Aivancity et l’ENS Lyon dans la réalisation de ruches connectées accueillies notamment sur le toit de l’école d’ingénieurs EPF, également présente sur le campus !

D’autres installations originales

Une bibliothèque universitaire sans livre papier, des douches, des box isolants, une « clinique de l’IA » pour travailler sur des cas pratiques, un amphi à moitié intérieur, à moitié extérieur… Aivancity regorge d’installations insolites. On trouve notamment, dans les salles aux noms inspirés par les déclinaisons de bleu (Azur, Indigo, etc.) - la couleur de l’IA - du mobilier modulables, des fauteuils qui protègent du bruit, etc. Et, sur les écrans dans les couloirs, on peut lire les emplois du temps, les annonces diverses et les anniversaires !

Partie extérieure de l’amphithéâtre qui se poursuit à l’intérieur. - © Nicolas Grosmond
Partie extérieure de l’amphithéâtre qui se poursuit à l’intérieur. - © Nicolas Grosmond

Des locaux bientôt partagés avec Excelia

Le campus flambant neuf d’Aivancity peut accueillir 1000 étudiants et n’en compte aujourd’hui que 160 sur un objectif fixé à 300. Un chiffre qui « devrait à minima doubler à la rentrée 2022 », selon Lucile Robinet, directrice de la communication, mais qui va également augmenter en raison de la récente implantation d’Excelia.

À la rentrée 2022, le groupe d’enseignement supérieur déjà présent à La Rochelle et Tours, compte installer à Cachan, plusieurs premières années (bachelor, programme grande école),  les programmes d’Excelia Tourism School ainsi que des formations executive sur mesure. À horizon 2025, ce sont 600 étudiants qui suivront des enseignements d’Excelia à Cachan.

La « clinique de l’IA » où les étudiants travaillent sur des cas d’entreprises 10h/ par semaine - © Nicolas Grosmond
La « clinique de l’IA » où les étudiants travaillent sur des cas d’entreprises 10h/ par semaine - © Nicolas Grosmond

Une cohabitation qui prend la forme d’un campus hébergé et d’une mise à disposition d’espaces. « Il n’y a pas de contrepartie financière pour Aivancity. Excelia règle un forfait à Aivancity Patrimoine, structure juridique qui porte l’immobilier et les locaux du campus Aivancity », précise le groupe dans une interview à News Tank [abonnés].

« Nous sommes ravis que le groupe Excelia avec lequel nous partageons des valeurs en commun ait pensé à nous pour leur déploiement en région parisienne. Nous travaillons déjà à la synergie entre les deux écoles : un enseignement de spécialité sur l’intelligence artificielle en bachelor à Excelia sera donné par Aivancity », déclare Tawhid Chtioui, président d’Aivancity.

Entre les regroupements d’établissements, le développement de la transversalité et celui de l’enseignement hybride, ce modèle de campus partagé entre établissements privés pourrait bien être amené à se multiplier. 

Un lien qui se noue avec le territoire

L’école de l’IA mise également sur son emplacement : en périphérie de Paris, dans la ville de Cachan, elle partage un campus de 23 hectares avec six autres établissements.

En septembre 2021, Aivancity, l’EPF école d’ingénieurs, l’ESTP Paris et l’école d’ingénieurs ESITC Paris ont annoncé la fondation de l'« Alliance pour les sciences et la technologie Paris-Cachan ». Ces établissements privés indépendants exposent leur objectif : la création d’une alliance qui prévoit de « mutualiser forces et moyens autour de projets ou d’actions menés en commun : valorisation, expérience de l’apprenant, recherche, entrepreneuriat, mais aussi mise en place d’une politique de site ».

Déjà sont proposées des conférences sont ouvertes aux étudiants des établissements de l’alliance. Les bureaux des étudiants ou des summer schools en anglais organisées par l’EPF, Aivancity et ESTP sont mutualisées.

L’école entend être ouverte sur son territoire. « Aivancity a une mission citoyenne qui vise à servir son territoire. Nous avons une relation naissante avec la ville de Cachan avec laquelle nous aimerions travailler sur l’expérience apprenant. En imaginant une carte étudiante de la ville, par exemple », conclut Lucile Robinet.