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Des labos au Palais Bourbon, découvrez ces députés issus de l’ESR

Par Isabelle Cormaty | Le | Stratégies

Universitaires, syndicalistes, chercheurs, personnels de l’ESR… Autant de professions représentées à l’Assemblée nationale après les élections législatives. Campus Matin vous fait découvrir ces nouveaux élus, qui travaillent dans l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation, ainsi que les députés familiers de ces sujets reconduits dans leurs fonctions.

Les 577 députés éliront le président de l’Assemblée nationale le 28 juin. - © D.R.
Les 577 députés éliront le président de l’Assemblée nationale le 28 juin. - © D.R.

Ils et elles sont les nouveaux visages de l’Assemblée nationale. À l’issue du second tour des législatives le 19 juin dernier, 577 députés ont rejoint le Palais Bourbon pour un mandat de cinq ans, certains novices en politique, d’autres déjà habitués des arcanes de l’Hémicycle. 

Sur ces 577 élus, 15 députés entrants exercent dans des établissements de l’ESR, auxquels s’ajoutent 37 députés reconduits à l’Assemblée, d’après le recensement effectué par l’agence de presse News Tank (abonnés)

Plusieurs universitaires parmi les députés entrants

Parmi les députés qui rejoignent le Palais Bourbon, bon nombre de nouveaux parlementaires, dont 15 travaillent ou ont des fonctions dans les domaines de l’enseignement supérieur, de la recherche ou de l’innovation.

C’est le cas par exemple de Sandrine Rousseau, maîtresse de conférences en économie à l'Université de Lille, ancienne vice-présidente de l’établissement et présidente de la Conférence permanente des chargés de mission égalité et diversité (CPED). Elle est élue députée de Paris avec la bannière de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes).

Aurélie Trouvé est maîtresse de conférences en économie à AgroParisTech depuis 2014. - © D.R.
Aurélie Trouvé est maîtresse de conférences en économie à AgroParisTech depuis 2014. - © D.R.

Autre universitaire de gauche en vue dans cette nouvelle Assemblée, Aurélie Trouvé. Maîtresse de conférences en économie à AgroParisTech, l’ingénieure agronome a coprésidé pendant six ans l'Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne (Attac). En 2021, elle rejoint la campagne de Jean-Luc Mélenchon comme présidente du Parlement de l’Union Populaire. Longtemps dans l’ombre, son élection en Seine-Saint-Denis marque donc son entrée en politique après des années de militantisme dans l’associatif.

Outre ces enseignantes-chercheuses de la Nupes, s’ajoutent trois universitaires de la coalition Ensemble, rassemblant les partis soutenant le président de la République : 

  • Marc Ferraci, professeur d’économie à l'Université Paris-Panthéon-Assas, élu député des Français de l’étranger ;
  • Antoine Armand, inspecteur général des finances, enseignant à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, nouveau député de Haute-Savoie ;
  • Benjamin Haddad, chercheur en relations internationales, directeur senior du centre Europe de l'Atlantic Council - un think tank américain spécialisé dans les relations internationales - élu député de la capitale.

Deux élues ayant des liens avec l’Université Bretagne Sud

Dans le Morbihan, deux femmes ayant des liens avec l’Université Bretagne Sud (UBS) ont été élues avec le soutien de la coalition Ensemble : Lysiane Metayer-Noël et Anne Le Henanff.

La première dirige le service recherche et partenariat de l’UBS et préside le Conseil de développement du Pays de Lorient. La seconde, première adjointe de Vannes est titulaire de la chaire cybersécurité des grands événements publics de la Fondation UBS. 

Des dirigeants et des (anciens) syndicalistes

Hendrick Davi est spécialiste de l’impact du réchauffement climatique sur les forêts. - © Seb Lascoux
Hendrick Davi est spécialiste de l’impact du réchauffement climatique sur les forêts. - © Seb Lascoux

C’est l’un des artisans du programme ESR de Jean-Luc Mélenchon pour la présidentielle. Battu aux législatives en 2017 face à la candidate macroniste, Hendrick Davi a cette fois remporté la députation des Bouches-du-Rhône… face à la députée sortante ! 

Coanimateur du groupe de travail consacré à l’enseignement supérieur et la recherche, le directeur de recherche à l'Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement fait partie des représentants syndicaux de l’organisme de recherche, il y est secrétaire de la Confédération générale du travail (CGT).

Le chercheur sera accompagné dans les rangs de la France insoumise par un ancien syndicaliste étudiant, William Martinet. Président de l’Union nationale des étudiants de France (Unef) de 2013 à 2016, ce dernier a été élu dans les Yvelines.

L’Assemblée comptera aussi d’autres dirigeants ou personnels issus de l’écosystème ESR. Le délégué général du comité des travaux historiques et scientifiques de l'École nationale des chartesChristophe Marion est élu député du Loir-et-Cher avec Ensemble. Béatrice Bellamy représentera elle la Vendée sous l’étiquette Horizons. Elle était jusqu’alors directrice régionale de Sanofi, entreprise pharmaceutique effectuant une forte activité de R&D.

Des élus locaux en charge de l’ESR entrent à l’Assemblée

Yannick Neuder est député de la 7e circonscription de l’Isère. - © D.R.
Yannick Neuder est député de la 7e circonscription de l’Isère. - © D.R.

D’autres élus locaux travaillant sur l’éducation, l’enseignement supérieur et la recherche figurent aussi parmi les députés entrants pour la première fois au Palais Bourbon. 

À commencer par Yannick Neuder, unique représentant des Républicains issu de l’ESR à entrer à l’Assemblée nationale. Ce cardiologue de formation, vice-président délégué à l’ESR, au numérique et aux fonds européens de la Région Auvergne-Rhône-Alpes figure dans l’équipe présidentielle de Laurent Wauquiez depuis son accession à la tête de la Région en janvier 2016. 

Autre élu qui entre à l’Assemblée : Charles Rodwell (Ensemble). À 25 ans, l’adjoint au maire de Versailles chargé de la jeunesse, de la vie lycéenne et étudiante et des jeunes professionnels siègera au sein du parti Agir. Ce proche de Bruno Le Maire était depuis septembre 2021 son conseiller discours et prospective à Bercy.

Enfin, Dominique Faure, vice-présidente de Toulouse Métropole en charge de l’économie, de l’innovation et de l’emploi rejoint la majorité présidentielle à l’Assemblée, après deux échecs aux législatives en 2012 et 2017.

Des députés travaillant sur l’ESR reconduits

Bruno Studer a présidé pendant cinq ans la commission des affaires culturelles et de l’éducation. - © D.R.
Bruno Studer a présidé pendant cinq ans la commission des affaires culturelles et de l’éducation. - © D.R.

Sur les 37 députés réélus ayant des liens avec l’écosystème de l’enseignement supérieur et la recherche : 24 appartiennent à la coalition Ensemble de la majorité présidentielle, six viennent de la Nupes, cinq des Républicains, un du parti Régions et peuples solidaires et un autre se présentant sans étiquette.

Le président de la commission des affaires culturelles et de l’éducation et député du Bas-Rhin, Bruno Studer (Ensemble) est notamment reconduit à l’Assemblée, tout comme les auteurs d’un rapport sur la promotion de la place des femmes dans les sciences, Céline Calvez (Ensemble) et Stéphane Viry (LR).

Le député républicain, Patrick Hetzel est lui aussi réélu dans le Bas-Rhin. L’ancien recteur a notamment été directeur général pour l’enseignement supérieur et l’insertion professionnelle de 2008 à 2012.

Quelques figures de l’ESR battues aux législatives

Si certains entrent ou conservent leur poste à l’Assemblée nationale, 11 députés actifs sur les sujets en lien avec l’ESR quittent l’Hémicycle après les législatives.

Cédric Villani présidait l’Opecst. - © EC
Cédric Villani présidait l’Opecst. - © EC

C’est le cas notamment du président de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst), Cédric Villani, battu de 19 voix face au candidat de la majorité présidentielle.

Mathématicien lauréat de la médaille Fields en 2010, élu en 2017 avec En Marche, le député de l’Essonne a notamment participé à une mission sur l’enseignement des mathématiques dans le secondaire. Il quitte ensuite la majorité présidentielle et se rapproche d’Europe-Écologie les Verts.

La rapporteure de la Loi de programmation de la recherche et membre de la commission des affaires culturelles et de l’éducation, Valérie Gomez-Bassac tire elle aussi sa révérence. La députée macroniste a été battue dans le Var face au Rassemblement national. L’ancienne présidente de l'Université de Montpellier 2 et députée de l’Aude, Danièle Hérin quitte également l’Assemblée, après son élimination dès le premier tour. 

Outre ces parlementaires, d’autres personnes issues de l’écosystème sont aussi battus, comme Graig Monetti. L’ancien chef de cabinet de la ministre Frédérique Vidal de 2019 à 2022 a perdu son duel face au républicain Christian Estrosi au second tour des législatives à Nice.