Présidentielle : qui se mobilise sur les dossiers d’enseignement supérieur auprès des candidats ?
Par Isabelle Cormaty | Le | Stratégies
Figures politiques connues dans l’écosystème de l’enseignement supérieur et la recherche, chercheurs issus de la société civile ou anciens élus étudiants… À moins de deux mois de l’élection présidentielle, Campus Matin vous propose de découvrir les personnes en charge des questions Esri dans les équipes de campagne des principaux candidats.
Plusieurs élus politiques ou personnes travaillant dans des organismes de recherche ou des établissements du supérieur s’impliquent dans les écuries de campagne des candidats à la présidentielle sur les dossiers en lien avec l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation (Esri). Qui sont-ils ? Quel rôle occupent-t-ils ? Tour d’horizon.
Cédric Villani, aux côtés des écologistes
Mathématicien lauréat de la médaille Fields en 2010 (l’équivalent du prix Nobel en mathématiques), Cédric Villani fait partie du conseil politique de Yannick Jadot, candidat d'Europe écologie les verts à l’élection présidentielle. Élu député de l’Essonne en juin 2017 sous l’étiquette En Marche, Cédric Villani a depuis quitté la majorité présidentielle. Très engagé sur les dossiers Esri, il préside l'Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques du Parlement. Il a également participé à une mission sur l’enseignement des mathématiques, à la demande du ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer.
À noter également que Sandrine Rousseau, candidate malheureuse à la primaire écologiste, préside le conseil politique de la campagne des Verts. Elle est également conseillère spéciale sur les questions de précarité et de discriminations auprès de Yannick Jadot. L’enseignante-chercheuse en économie à l'Université de Lille a été vice-présidente de l’établissement et présidente de la Conférence des chargés de mission égalité et diversité (CPED).
Delphine Labails, dans l’équipe de la candidate socialiste
Investie mi-octobre par le Parti socialiste (PS), la maire de Paris, Anne Hidalgo s’est entourée d’une « équipe de France des maires » pour sa campagne. Dans son équipe présentée à la presse le 18 janvier figure notamment le maire de Villeurbanne, Cédric Van Styvandael comme responsable du pôle thématique éducation.
Maire de Périgueux (Dordogne) et conseillère régionale de la région Nouvelle-Aquitaine depuis 2020, Delphine Labails hérite de la thématique enseignement supérieur auprès de la socialiste. Une thématique qu’elle connait bien, car elle copréside la commission éducation de l'Association des maires de France, institution dont elle est également vice-présidente.
Emma Rafowicz, secrétaire nationale du PS chargée de la mobilisation des jeunes, s’occupe de son côté du pôle consacré à la jeunesse. L’adjointe au maire du 11e arrondissement de Paris, diplômée du Celsa, est actuellement étudiante en master 2 professionnel digital, médias et cinéma à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Emma Rafowicz fait également partie des 22 porte-parole de la candidate socialiste, tout comme l’ancienne présidente de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage) et de l'Association nationale des étudiants en Staps (Anestaps), Orlane François, actuelle secrétaire nationale du PS en charge de l’apprentissage et de la formation professionnelle.
Karin Fischer et Hendrik Davi pour l’Union populaire
L’équipe de campagne du candidat de l'Union populaire, Jean-Luc Mélenchon s’organise, elle, autour de plusieurs groupes de travail, dont un consacré à l’enseignement supérieur et la recherche. Il est animé par deux personnes en poste dans l’écosystème et membres du parlement de l’Union populaire : Hendrik Davi et Karin Fischer. Directeur de recherche à l'Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), Hendrik Davi fait partie des représentants syndicaux de l’organisme de recherche, il est secrétaire de la Confédération générale du travail (CGT).
Professeure des universités en études irlandaises et britanniques à l'Université d’Orléans, Karin Fischer est engagée en politique depuis plusieurs années. Elle siège depuis 2014 au conseil municipal de Meung-sur-Loire, une commune du Loiret.
En 2019, elle figure, à une position non éligible, sur la liste présentée par La France insoumise lors des élections européennes. Karin Fischer a été élue en juin 2021 conseillère de la Région Centre-Val de Loire.
Un livret thématique sur l’enseignement supérieur publié
Les deux co-animateurs du groupe de travail sur l’ESR auprès du candidat insoumis ont d’ores et déjà rédigé un livret thématique résumant les propositions de Jean-Luc Mélenchon pour l’enseignement supérieur et la recherche et les mesures d’urgence qu’il prendrait s’il était élu président de la République.
Maud Vinet et Louis Vogel, relais terrain d’En Marche
Pas encore déclaré candidat à sa réélection, le président de la République dispose déjà du nombre suffisant de parrainages pour se représenter. Le député des Françaises et Français d’Amérique du Nord, Roland Lescure et l’ancienne secrétaire générale adjointe de l’Élysée, Anne De Bayser, coordonnent tous deux le programme d'Emmanuel Macron.
Ils sont aidés par des relais thématiques issus de la société civile qui défendent le bilan du quinquennat et portent sur le terrain les propositions d’En Marche. Maud Vinet et Louis Vogel sont deux de ces relais, chargés respectivement de la recherche innovation et de l’enseignement supérieur.
Un ancien président d’université…
Avocat et professeur de droit comparé, Louis Vogel a présidé l'Université Paris 2 - Panthéon-Assas de 2006 à 2021. Il a aussi dirigé pendant deux ans la Conférence des présidents d’université (nouvellement rebaptisée France Universités). Aujourd’hui homme politique, il a été élu maire de la ville de Melun (Seine-et-Marne) en 2016, puis réélu en 2020. Il préside également le Club d’Iéna, un think tank libéral.
…. et une chercheuse issue de la société civile
Directrice du programme quantique du Laboratoire d’électronique et de technologie de l’information au sein du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA Leti) à Grenoble, Maud Vinet gère les questions de recherche et d’innovation pour la majorité présidentielle. C’est une physicienne reconnue mondialement dans son domaine.
« Je suis une personne d’action et sensible à ce qu’il se passe autour de moi. J’ai étudié le management de l’innovation au MIT où j’ai appris que la base pour accompagner le changement était de savoir ce qui se passait réellement sur le terrain. Les chercheurs ont envie d’être acteurs et c’est en ce sens que j’ai apprécié et accepté la proposition de la majorité présidentielle lorsqu’elle m’a contactée », explique Maud Vinet dans une interview accordée à News Tank (abonnés).
Le député Patrick Hetzel auprès de la candidate républicaine
Investie le 4 décembre dernier lors du congrès des Républicains, la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse s’est entourée d’une douzaine de conseillers thématiques dans sa garde rapprochée. Outre ses anciens rivaux en interne pour l’investiture, y figurent notamment Damien Abad et Hervé Morin.
Le premier, député de l’Ain et président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale, conseille la candidate sur les questions d’éducation, la famille, la jeunesse et la République solidaire. Le second, président de la région Normandie sur les dossiers en lien avec les entreprises et l’innovation.
Par ailleurs, des groupes de travail sur différents sujets prennent également part à la campagne de Valérie Pécresse. L’un d’entre eux, constitué d’une quinzaine de personnes, est consacré au supérieur et à la recherche. Il est animé par Patrick Hetzel, député du Bas-Rhin depuis 2012.
Professeur en sciences de gestion à l'Université Paris 2 Panthéon-Assas, il préside l'EM Strasbourg. Précédemment, l’élu a été recteur de l’Académie de Limoges, conseiller de François Fillon lorsque celui-ci était Premier ministre et directeur général pour l’enseignement supérieur et l’insertion professionnelle de Valérie Pécresse quand elle était ministre.
Le sénateur et conseiller départemental des Pyrénées-Atlantiques, Max Brisson pilote un groupe de travail sur l’éducation, quand l’ancien directeur de l’ENS de Lyon, Philippe Gillet se charge lui du volet recherche/innovation. Ce dernier, ancien président de l'Agence nationale de la recherche (ANR), a notamment dirigé le cabinet de Valérie Pécresse lorsqu’elle était ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche de 2007 à 2010. Le professeur dans la prestigieuse école d’ingénieurs EPFL, dont il a été « provost » et qu’il a dirigée par intérim, est désormais directeur scientifique de la société Scipa, toujours en Suisse. Dans l’hexagone, il préside actuellement le conseil scientifique de la région Ile-de-France et de l’Inrae.