Vie des campus

Universités et grandes écoles (vraiment) reconfinées ?

Par Théo Haberbusch | Le | Stratégies

Emmanuel Macron a, très brièvement, évoqué l’enseignement supérieur, lors de son allocution du 28 octobre 2020, annonçant un nouveau confinement. Pour dire que les cours se feraient en ligne, désormais. 

À l’heure où nous écrivons ces lignes, les incertitudes sont encore nombreuses… Et les établissements oscillent entre espoir d’un maintien de l’activité et inquiétude pour leurs étudiants et personnels.

Le sort des BU et des services d’orientation reste à déterminer - © Photo by Walling on Unsplash
Le sort des BU et des services d’orientation reste à déterminer - © Photo by Walling on Unsplash

Le « en même temps » pour le confinement, c’est maintenant ? Les propos, très brefs, du président de la République, le 28 octobre, à l’endroit de l’enseignement supérieur laissent beaucoup de sujets ouverts :

« Les crèches, les écoles, les collèges et les lycées demeureront donc ouverts avec des protocoles sanitaires renforcés, les facultés et établissements d’enseignement supérieur assureront à l’inverse des cours en ligne.

Partout où c’est possible, le télétravail sera à nouveau généralisé, mais, et c’est une seconde différence avec le printemps, l’activité continuera avec plus d’intensité », a affirmé Emmanuel Macron lors de son allocution télévisée.

Pas de cours, mais, « en même temps », des établissements qui restent ouverts ? Comment et dans quelle ampleur ?

Dans l’attente de précisions du Premier ministre, Jean Castex, ou de Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, qui doit notamment réunir les syndicats en visioconférence vendredi 30 octobre, peut-on dégager quelques certitudes ?

Le sup a perdu la bataille de l’influence

  Emmanuel Macron lors de son allocution du 28 octobre - © Élysée
Emmanuel Macron lors de son allocution du 28 octobre - © Élysée

Le lobbying très intense des universités, ces derniers jours, n’a pas été payant. Elles plaidaient, par la voix de la Conférence des présidents d’université, pour maintenir des cours en présentiel (TD/TP), avec des effectifs réduits à 25 %. 

« L’interdiction totale d’accès des campus aux étudiants comprend un risque, tant sur le plan humain que pédagogique, pour la formation d’une classe d’âge, notamment les plus fragiles parmi elle », alertait la CPU, le 27 octobre.

Les grandes écoles étaient au diapason. Alice Guilhon, directrice générale de Skema Business School et présidente du Chapitre des écoles de management, pointant l’importance de bien accueillir les « 85 000 étudiants internationaux qui ont rejoint la France ».

Et Jacques Fayolle, président de la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (Cdefi), de faire valoir que « les écoles sont l’un des endroits où les étudiants sont le plus en sécurité, ce n’est pas là qu’ils se contaminent ». 

Les acteurs du supérieur, leur ministère en tête, se savaient dans le collimateur du ministère de la santé, les voix se multipliant pour fermer les universités vues comme des foyers de contamination - ce que contestent leurs dirigeants depuis plusieurs semaines.

« Les étudiants précaires sont sacrifiés »

La décision du chef de l’Etat a un goût amer pour plusieurs personnes, interrogées à chaud ou réagissant sur les réseaux sociaux.

« J’ai peu apprécié qu’il dise en trois secondes que les universités n’ont qu’à se mettre au distanciel. Nous sommes abasourdis », lâche ce responsable d’établissement. 

Les étudiants précaires sont littéralement sacrifiés : plus de jobs étudiants, stages moins nombreux, Crous exsangue."

Le niveau des primo-entrants en question

Une autre personnalité fait valoir que les premières évaluations d’étudiants en L1 se sont révélées faibles, les bacheliers ayant manqué plusieurs mois de cours en Terminale.

Malgré les efforts réalisés pour les encadrer dans le supérieur depuis la rentrée, ce nouveau confinement inquiète les responsables pédagogiques.

Une ouverture possible, dont les contours ne sont pas connus

Plus positive, une troisième voix souligne que les établissements restent ouverts, ce qui permettra aux services support et aux laboratoires de fonctionner ; aux doctorants d’être accueillis.

La négociation des prochaines heures va porter sur d’éventuelles dérogations au tout distanciel, notamment pour les travaux pratiques et dirigés.

L’ouverture des bibliothèques universitaires ou des services d’orientation constitue une interrogation supplémentaire, pointée par Franck Loureiro, secrétaire général adjoint du Sgen CFDT.

Les leçons du printemps sont-elles tirées ?

Dématérialisation, hybridation, communication, organisation du travail… les semaines à venir vont aussi permettre de savoir quels établissements ont su tirer les leçons du premier confinement alors que les derniers jours ont été marqués par plusieurs alertes sur le retour des habitudes anciennes, illustrées par exemple par la difficulté à mettre en œuvre le télétravail de façon plus large.