Le carnet de Campus Matin : les 5 prises de postes à suivre en janvier 2023
Par Marine Dessaux | Le | Concours/recrutement
La nouvelle figure de proue des directeurs généraux des services, l’ancienne de présidente du CNRS par intérim sanctionnée pour des manquements éthiques qui prend une nouvelle fonction à responsabilité, le préfigurateur d’un nouvel observatoire pour l’ESR… Retrouvez cinq prises de fonctions annoncées en ce mois de janvier et décryptées dans le carnet de Campus Matin.
Valérie Gibert, Anne Peyroche, Thibaut Duchêne, Nelly Dupin et Pascal Olivard. Ces personnalités de l’enseignement supérieur et de la recherche ont endossé de nouvelles fonctions au début de l’année 2023 !
1. Valérie Gibert, présidente de l’association des DGS
Directrice générale des services (DGS) de l’Université de Strasbourg, Valérie Gibert est élue présidente de l’association des DGS, le 25 janvier. Elle en était vice-présidente depuis novembre 2016.
De nombreuses années d’expérience comme DGS
Diplômée de Sciences Po Grenoble et d’un master de l’Université de Strasbourg, Valérie Gibert a été DGS adjointe à l’Université du Havre de 2004 à 2012, puis DGS de l’Université de Rouen Normandie. Elle rejoint l’Université de Strasbourg à la rentrée 2020, en pleine crise sanitaire.
Suivre l’accession des DGS au nouveau corps des administrateurs de l’État
Parmi les chantiers à venir, l’association des DGS suivra de près l’accession de ses membres dans le nouveau corps des administrateurs de l’État, un réel enjeu d’attractivité pour la fonction.
Certains DGS, notamment des établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel et écoles d’ingénieurs, pourront rejoindre le nouveau corps créé par la réforme de la fonction publique (fixé par un décret paru au Journal officiel du 30 avril 2022) pour remplacer les administrateurs civils. Ce qui devrait offrir une sécurité plus importante en termes de trajectoires professionnelle et financière. Des précisions, notamment sur les modalités d’accès, sont attendues pour début 2023.
Le sujet de la qualité de vie au travail est un autre point central. En effet, l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (Igésr) a consacré un rapport, publié le 13 juin 2021, faisant le constat d’un « mal-être » des DGS des universités.
Elle relevait, entre autres, que « les contours du métier de DGS ne sont pas encore stabilisés et les compétences clés nécessaires pour l’exercice des fonctions pas toujours clairement identifiées’ et que “les conditions d’exercice de missions des DGS révèlent un positionnement incertain, mais étroitement dépendant des choix des présidents. » La direction de l’encadrement du ministère et France Universités ont annoncé la mise en place de groupes de travail se penchant sur les suites à donner à ce rapport.
Le nouveau bureau de l’ADGS
Aux côtés de la présidente, trois vice-présidents :
• Frédéric Dehan (Upec) qui était le président de l’association depuis janvier 2018,
• Frédéric Desprès (Insa de Lyon) déjà à ce poste,
• et Nathalie Hauchard-Seguin (Université de Rennes) qui succède à François Tavernier, devenu directeur général du Campus Condorcet.
En outre, Alain Helleu (Université Bourgogne) est renouvelé comme trésorier, de même que Valérie Wadlow (Université Picardie Jules Verne) comme secrétaire.
2. Anne Peyroche, VP en charge de la stratégie et des moyens à l’École normale supérieure Paris-Saclay
À la suite de son élection en tant que présidente de l’École normale supérieure Paris-Saclay en novembre 2022, Nathalie Carrasco a annoncé la nomination de trois vice-présidents. Parmi eux, Anne Peyroche est en charge de la stratégie et des moyens. Cette biologiste, jusqu’alors chargée de mission « partenariat Université Paris-Saclay » au sein du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), avait été au coeur d’une affaire d’intégrité scientifique.
Une montée en responsabilités très rapide
Ancienne élève de l’ENS Paris-Saclay (alors ENS Cachan), agrégée de biochimie et génie biologique, et titulaire d’un doctorat de Sorbonne Université (alors UPMC) en biologie cellulaire, Anne Peyroche est d’abord chercheuse au CEA.
En 2013, elle devient directrice adjointe du laboratoire Génétique moléculaire et destin cellulaire (CNRS/CEA/Université Paris-Sud). En mai 2014, elle intègre le cabinet de la secrétaire d’État à l’ESR auprès Geneviève Fioraso puis Thierry Mandon comme conseillère, puis directrice adjointe du cabinet en charge de la recherche.
En janvier 2016, elle est directrice générale déléguée à la science du CNRS, et assure l’intérim de la présidence après le départ d’Alain Fuchs en octobre 2017. Elle est déclarée empêchée en janvier 2018 et reste rattachée attachée au CEA où elle est nommée chargée de mission « partenariat Université Paris-Saclay » en juin 2020.
Des manquements à l’intégrité scientifique sans « intention de tromper »
Quelques semaines après sa nomination à la présidence du CNRS, où elle assure l’intérim après le départ d’Alain Fuchs, Anne Peyroche voit cinq articles qu’elle a cosigné dénoncés pour manipulations d’images par le site PubPeer. Le scandale prend de l’ampleur et la scientifique, très affectée, passe en arrêt maladie. Antoine Petit prend la présidence du CNRS le 18 janvier 2018.
C’est le CEA qui commandera, toujours en janvier 2018, un rapport du comité de déontologie et d’intégrité scientifique, présidé par Jean-François Bach. Ce document souligne, sur trois articles publiés en 2003, 2007 et 2009, plusieurs fautes de différentes gravités allant de « l’embellissement », la « manipulation » à la « falsification ». Il exclut toutefois « toute intention de tromper ».
Après audition des co-auteurs, Anne Peyroche est identifiée — et se désigne — comme fautive. Le rapport nuance cependant en précisant qu’il s’agit de pratiques courantes à l’époque de la publication des articles, bien que non éthiques. En outre, si les données sont en partie tronquées, les résultats s’avèrent justes et ont depuis été confirmés par d’autres études.
C’est pourquoi le CEA conclut à « des négligences fautives constitutives de manquements à l’intégrité scientifique » et opte pour une sanction relativement légère — deux semaines de mises à pied. C’est surtout la carrière de la chercheuse qui est alors impactée. Et qui reprend aujourd’hui de l’élan aux côtés de Nathalie Carrasco.
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3. Thibaut Duchêne, préfigurateur de l’Observatoire de l’enseignement supérieur
Depuis le 1er janvier, Thibaut Duchêne est préfigurateur de l’Observatoire de l’enseignement supérieur, une institution qui figurait dans le programme de Thierry Coulhon lorsqu’il est devenu président du Haut conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres).
Un parcours au sein de plusieurs ministères
Ancien élève de l’École normale supérieure de Paris-Saclay et diplômé de Sciences Po Paris, Thibaut Duchêne a exercé différentes responsabilités en cabinets, au ministère du logement et au ministère de la ville. Il rejoint le Cnam en 2013 en tant que directeur de la mission ouverture sociale. Il y devient l’adjoint de l’administrateur général, Olivier Faron, en charge de la stratégie et du développement, en 2016.
Un observatoire complémentaire à celui des sciences et techniques
En octobre 2020, lors de ses auditions par le Parlement, Thierry Coulhon, alors candidat à la présidence du Hcéres, décrit les contours de cet observatoire : « Symétriquement [à l’actuel Observatoire des sciences et techniques du Hcéres], il étudierait de façon transversale l’évolution de notre offre de formation, et aussi de la demande, des étudiants d’une part, du marché de l’emploi d’autre part. Et prêterait une attention toute particulière aux flux d’étudiants à tous les niveaux et à la couverture territoriale de l’offre. »
En décembre 2020, il complète dans un entretien à News Tank Éducation & Recherche (abonnés) : « Le Hcéres pourrait aussi se pencher, de façon globale, sur les carrières des enseignants-chercheurs et des chercheurs, en lien avec le Conseil national des universités et les instances des organismes qui les examinent de manière individuelle ».
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4. Nelly Dupin, secrétaire générale de France Universités
Nelly Dupin est nommée secrétaire générale de l’association des dirigeants d’établissements d’ESR, France Universités, en ce début janvier 2023.
Un parcours dans la haute fonction publique de l’ESR
Nelly Dupin quitte le Hcéres où elle occupait la fonction de conseillère de Thierry Coulhon, président, depuis décembre 2020, après avoir été secrétaire générale pendant quatre ans.
À la suite du départ de l’ancien président du Hcéres, Michel Cosnard, fin octobre 2019, Nelly Dupin avait également assuré la présidence par intérim durant un an.
Durant sa carrière, Nelly Dupin a notamment occupé en 2005 la fonction de cheffe adjointe de cabinet auprès de François Goulard, ancien secrétaire d’État chargé des transports puis ministre délégué de l’ESR. Elle avait ensuite rejoint l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur, en 2007, en qualité de secrétaire générale adjointe.
Des nombreux chantiers pour l’association
Au sein de France Universités, Nelly Dupin est chargée de l’animation de l’équipe permanente. Elle officiera en binôme avec Marie-Cécile Naves, déléguée générale, auprès de l’équipe nouvellement élue, le 15 décembre 2022. À sa tête : Guillaume Gellé, président de l’Université de Reims Champagne-Ardenne, et deux vice-présidents Virginie Dupont, présidente de l’Université Bretagne-Sud, et Dean Lewis, président de l’Université de Bordeaux.
Parmi les sujets que l’association souhaite voir bouger : l’autonomie des établissements, le pilotage de la vie étudiante, les liens avec les universités européennes, la formation des enseignants ou encore la lisibilité de l’enseignement supérieur privé.
Au cœur de leurs préoccupations, également les relations entre universités et organismes nationaux de recherche.
5. Pascal Olivard, président de l’Université de Bretagne occidentale
Pascal Olivard est élu président de l’Université de Bretagne occidentale (UBO), lors du conseil d’administration exceptionnel, le 26 janvier 2023, à l’issue du premier tour, avec 18 votes sur 34. Pascal Olivard prend immédiatement ses fonctions pour la durée restante du mandat en cours, soit jusqu’à la fin mars 2024. Il succède en effet à Matthieu Gallou, décédé en décembre 2022.
Deux précédents mandats à l’UBO
C’est d’ores et déjà la come-back de l’année. Professeur des universités, Pascal Olivard a présidé l’UBO de 2007 à 2016 et a, à ce titre, fait partie des présidents qui ont connu la mise en place de l’autonomie suite à la loi LRU. Plus récemment il a participé à la mise en oeuvre de la loi Fioraso en tant que président de la Communauté d’universités et établissements (Comue) Bretagne Loire jusqu’en janvier 2019, date de sa dissolution à son grand dépit.
Il a aussi été président de la commission « Regroupements et politiques de sites » de la Conférence des présidents d’université (aujourd’hui France Universités), de 2017 à 2018.
Après avoir été candidats aux municipales à Brest, il était devenu président de la Fondation UBO depuis décembre 2020.
Un contexte électoral particulier
Contexte doublement unique pour Pascal Olivard : un mandat qui s’annonce particulièrement court (treize mois) et un processus électoral rapide ! En effet, sur six tours potentiels, il ne lui en aura fallu qu’un pour être élu face à son opposant Jérôme Guérin, doyen de l’UFR de sciences et techniques des activités physiques et sportives. Sur la table, de multiples dossiers à traiter, notamment celui de la hausse des prix de l’énergie.