La mutuelle : un choix stratégique pour les établissements privés, un plus pour la marque employeur
Par Catherine Piraud-Rouet | Le | Management
Cet article est référencé dans notre dossier : Personnels et enseignants-chercheurs: prévenir des risques et (se) protéger
Fournir une complémentaire santé à ses salariés est une obligation pour les employeurs depuis 2016. Il s’agit d’un choix stratégique, cumulant de nombreux critères. Le portefeuille de prestations adopté pourra ensuite être mis en valeur comme outil d’attractivité et de fidélisation.
Depuis début 2016, tous les employeurs du secteur privé sont tenus de proposer une complémentaire santé à leurs salariés. Un tournant qu’ont pris également les établissements privés d’enseignement supérieur.
Quelles sont les principales mutuelles des écoles ?
Les deux mutuelles phares de l’enseignement public, MGEN et Mage, ne s’ouvrant qu’encore timidement au privé, le choix des écoles se porte habituellement sur les grands groupes d’assurance ou mutualistes du marché (Axa, AG2R La Mondiale…).
Malakoff-Médéric est d’ailleurs l’assureur recommandé de l’organisation des établissements privés indépendants (EPI), comme en témoigne Thierry Martin, consultant RH à l’Union professionnelle de l’enseignement supérieur (Upes), la nouvelle organisation patronale du supérieur privé, qui rassemble plus de 70 établissements.
« Le groupe a été choisi lors du dernier appel de la branche, sur la base des critères fixés par la convention collective de l’EPI, avec des niveaux optionnels auxquels les établissements peuvent souscrire, avec l’avantage de mutualiser le risque et d’accéder à des tarifs maîtrisés. Ils restent toutefois libres de choisir un autre assureur, à partir du moment où celui-ci propose ces garanties à minima », précise-t-il.
C’est l’orientation prise notamment par l’Efrei, école d’ingénieurs généraliste du numérique. « Nous avons fait appel à un courtier qui a choisi Axa », évoque Delphine Girolami, sa directrice des ressources humaines.
Quels critères pour les choisir ?
La première piste de décision est la palette des prestations proposées, ainsi que leur niveau de prise en charge. « Se faire rembourser sa consultation de généraliste ou de spécialiste, tout comme bénéficier d’une couverture de base sur l’optique, le dentaire et l’audioprothésie, est devenu quelque chose d’attendu : c’est pourquoi nous veillons aux propositions sortant un peu du cadre », assure Alice Evain, secrétaire générale du pôle Léonard de Vinci.
« Notre choix s’est porté sur l’assureur qui garantissait des niveaux de remboursement particulièrement élevés, évitant tout reste à charge pour nos collaborateurs. Nous avons aussi misé sur la prise en charge de nombreuses médecines douces : psychologue, ergothérapeute, ostéopathe, chiropraticien, acuponcteur, etc », détaille-t-elle.
Tandis qu’à l’Efrei, c’est l’intégration de la mutuelle dans le puissant réseau de professionnels de santé conventionnés Itelis qui a également fait pencher la balance.
Il convient aussi d’adapter la demande de garanties aux besoins de ses effectifs. « Nous sommes en forte croissance et la moyenne d’âge de nos salariés est assez jeune, 39 ans, d’où notre attention particulière portée à l’option famille », précise Delphine Girolami. La qualité du service client, incluant la mise à disposition d’une plateforme numérique ergonomique et réactive, est un autre atout très prisé des écoles.
Quel lien avec la marque employeur ?
Sur un marché tendu, une mutuelle attractive, gage que l’établissement se soucie du bien-être de ses salariés, peut constituer un élément d’attractivité et de fidélisation des personnels. Au Pôle Léonard de Vinci, c’est un avantage social, présenté lors du recrutement en complément du package salarial.
« Nous mettons notamment en avant notre prise en charge par l’employeur du coût de la mutuelle, à hauteur de 80 %, soit bien au-delà du minimum requis de 50 %, expose Alice Evain. Par la suite, nous intégrons ces avantages au bilan social individuel annuel, décomposant toutes les prestations reçues de notre fait par chaque salarié. Ces documents donnent aussi des outils aux managers pour mettre en perspective nos atouts concurrentiels, face aux demandes d’augmentation ou aux souhaits exprimés de départ. »
À l’Efrei, la question est abordée principalement lors du processus d’onboarding, c’est-à-dire d’intégration, ainsi que lors du départ, sur la portabilité.
« L’impact d’une bonne mutuelle est particulièrement fort sur la relation au long cours et le sentiment de reconnaissance des collaborateurs. Et cela, d’autant plus qu’ils ont une famille ou sont avancés dans la carrière », estime le consultant Thierry Martin
Un enjeu amené à croître encore à l’avenir, avec la corrélation de deux facteurs. D’une part, le vieillissement de la population salariée, notamment du fait de recul du départ en retraite, rimant avec besoins croissants en prestations de soins renforcées. D’autre part, avec le renchérissement des coûts de santé et le transfert croissant des remboursements du public vers le privé.
Dans le public, la complémentaire obligatoire en 2026
Les ministères de l’éducation nationale et de l’ESR ont signé avec les organisations syndicales, le 8 avril, un accord sur la mise en œuvre de la protection sociale complémentaire pour les agents, retraités et leurs ayants droit. Une réforme qui devait voir le jour au 1er janvier 2025, mais a finalement été repoussée, de six mois puis d’un an, dans un contexte de restrictions budgétaires de l’État. Campus Matin vous explique tout dans cet article.