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Comment les personnels de l’Esri ont-ils vécu le deuxième confinement et voient-ils l’avenir ?

Par Isabelle Cormaty | Le | Personnels et statuts

Campus Matin vous avait sollicités en décembre dernier pour connaître l’impact de la crise sanitaire sur votre quotidien lors du deuxième confinement. Alors que débute une troisième période de restrictions sanitaires, voici les premiers résultats exclusifs de l’enquête « 9 mois plus tard : vivre et travailler dans l’ESRI » initiée par News Tank, Adoc Mètis et Campus Matin.

65 % des répondants sont satisfaits de l’accompagnement de leur employeur pendant la crise. - © France Universités-Université Bretagne Sud
65 % des répondants sont satisfaits de l’accompagnement de leur employeur pendant la crise. - © France Universités-Université Bretagne Sud

Après une première enquête conjointe menée en avril dernier lors du premier confinement, le cabinet de conseil en ressources humaines pour l’ESR, Adoc Mètis, News Tank* et Campus Matin en ont relancé une seconde à l’automne destinée à appréhender le quotidien de l’ensemble des personnels du secteur de l’Esri.

L’étude réalisée via un questionnaire en ligne entre le 9 décembre et le 20 janvier 2021 a recueilli 479 réponses complètes sur lesquelles reposent nos résultats et analyses. En voici les principaux enseignements, qui seront complétés par d’autres volets centrés sur les enseignants-chercheurs et les personnels Biatss (Bibliothèques, ingénieurs, administratifs, techniciens, sociaux et de santé).

Comment la crise est-elle vécue au quotidien ?

65 % des personnes interrogées par News Tank, Campus Matin et Adoc Mètis sont satisfaites de la manière dont leur employeur les accompagne pendant la crise, soit une baisse de 5 points par rapport à la précédente étude.

« Les pratiques de crise, en situation de crise, avec des moyens de crise, sont plutôt perçues comme des pratiques de court terme. Plus la crise dure, plus l’acceptabilité sociale des ajustements, accommodements, compromis pédagogiques devient difficile pour ces répondants », analyse Hugo Gaillard, enseignant-chercheur en GRH (Ater) à Le Mans Université.

La frontière entre vie personnelle et professionnelle

56 % des répondants parviennent convenablement à fixer une frontière entre vie personnelle et vie professionnelle, soit une hausse de 5 points par rapport à la précédente enquête réalisée en avril 2020. 

« Avec des ajustements simples, les personnels ont parfois pu gagner en aisance », avance Hugo Gaillard, qui rappelle les nombreux conseils pour télétravailler disponibles sur internet.

« Lors du premier confinement, on parlait moins de télétravail que de travail à distance : entre les deux confinements, les établissements ont pu davantage se préparer, sur le plan du matériel mais aussi des règles et des pratiques managériales. Cela aide », complète Romain Pierronnet, co-concepteur de l’enquête et chercheur associé à l’IRG (Institut de recherche et de gestion, Upec-Université Gustave Eiffel).

Fatigue, lassitude… Quel est l’état d’esprit des personnels ?

La « fatigue » (15 %), la « lassitude » (11 %) et « l’épuisement » (5 %) et leurs dérivés sont les mots qui reviennent le plus lorsque les répondants sont interrogés sur ce qui qualifie leur état d’esprit actuel. Les adjectifs à connotation négative sont fréquemment cités. 

« Il faut rappeler la mobilisation massive des parties prenantes pour permettre la continuité du service public. Mais la crise reste difficile, il a fallu faire de nombreux efforts pour faire face. Le besoin d’interactions sociales demeure, que ce soit au travail ou dans la vie personnelle », analyse ainsi Romain Pierronnet.

Les principaux adjectifs cités par les répondants pour décrire leur état d’esprit - © D.R.
Les principaux adjectifs cités par les répondants pour décrire leur état d’esprit - © D.R.

Quelles conséquences de la crise sanitaire à l’avenir ?

Des pratiques professionnelles qui vont continuer d’évoluer

70 % des répondants ont le sentiment que leurs pratiques professionnelles vont durablement changer à l’avenir, une fois la crise sanitaire passée. Une impression particulièrement notable chez les Biatss où elle s’élève à 73 %. 

« La nature de ces changements durables reste à investiguer. Tous les personnels ne partent pas du même point. Quelles seront les marges de manœuvre pour les personnels Biatss  après la crise par exemple ? On sait qu’ils sont plutôt une population qui travaille sous contrainte (horaires fixes avec peu de flexibilité par exemple). Il y a ici à interroger le niveau de préparation des institutions à accueillir ces inflexions », suggère Hugo Gaillard.

Une expérience constructrice pour les établissements

Les établissements du supérieur sortiront-ils renforcés de la crise sanitaire ? Alors que de nombreuses incertitudes demeurent et que le bout du tunnel semble encore loin, les personnes interrogées n’ont pas d’avis tranché sur la question :

  • 40 % d’entre eux pensent que leur établissement sortira renforcé suite à la crise car il aura appris et capitalisé sur la situation ;
  • 33 % estiment que leur établissement sortira de la crise à l’identique car il aura globalement parvenu à maintenir son activité ;
  • 27 % anticipent un affaiblissement de leur établissement par la crise sanitaire : le service rendu aura été dégradé.

L’avenir des établissements « dépend de nombreux facteurs, à commencer par les politiques nationales dédiées à la recherche et à l’enseignement supérieur : face à la crise, seront-elles la réponse, ou une variable d’ajustement budgétaire ? La question se pose aussi vis-à-vis de l’attitude des entreprises, qui portent la majeure partie de l’effort de R&D en France : continueront elles et le feront elles avec la recherche publique ? Enfin, la réponse est aussi affaire de management stratégique, au niveau des établissements », détaille Romain Pierronnet.

*News Tank Education et Recherche est l 'agence de presse qui édite Campus Matin