Le carnet de Campus Matin : les 5 prises de poste marquantes en octobre 2023
Par Théo Haberbusch | Le | Personnels et statuts
Vent d’ouest pour le mercato des directions d’écoles de commerce, une nouvelle directrice marque et communication, une création de direction dédiée à la qualité de vie au travail et une présidente renouvelée à la tête de son association… Campus Matin vous fait vivre les enjeux du sup’ au travers les parcours de cinq personnalités qui prennent de nouvelles fonctions en octobre 2023.
Sébastien Tran, Adilson Borges, Marianne Conde Salazar, Caroline Bourcier et Catherine Vautrin : découvrez leurs nouveaux postes et leurs enjeux !
1. Sébastien Tran, futur DG d’Audencia
Il va quitter l’ouest parisien pour l’ouest de la France. Sébastien Tran, directeur général (DG) du Pôle Léonard de Vinci et directeur de l’EMLV installé à La Défense, va prendre la direction d’Audencia à la mi-janvier 2024. L’école de commerce a vu son plan de com’ bousculé par la révélation par News Tank de ce mouvement qu’elle a officialisé plus vite que prévu, le 12 octobre dernier.
Son parcours
Son parcours le programmait pour diriger une grande école de management. Docteur de l’Université Paris-Dauphine PSL et titulaire d’une habilitation à diriger des recherches (HDR) en sciences de gestion de l’Université Rouen Normandie, Sébastien Tran est directeur académique de l’ESC La Rochelle (aujourd’hui Excelia BS) de septembre 2004 à mars 2010.
Il est ensuite doyen de l’EM Normandie (2010-2014), directeur général adjoint académie et recherche de l’ISC Paris (2014-2017).
Il rejoint l’EMLV et le Pôle Léonard de Vinci en avril 2017 pour prendre la direction de l’école de management. En octobre 2019, il est nommé directeur général adjoint du pôle avant d’en devenir directeur général en février 2022.
Une école en crise
Si Sébastien Tran a élargi son terrain d’action au sein du Pôle Léonard de Vinci où il pilotait une business school, mais aussi une école d’ingénieurs et une école du digital, il revient au monde de la gestion.
L’appel d’Audencia, qui affiche plus de 5 530 étudiants et 151 enseignants-chercheurs sur l’année 2022-2023, l’a convaincu de préparer ses cartons. Il y sera chargé de la poursuite du plan stratégique baptisé « Ecos 2025 » et de faire aboutir de grands projets, comme le futur campus parisien d’Audencia.
Sébastien Tran rejoint une école qui a essuyé du gros grain ces derniers mois. Le média local Médiacités a en effet multiplié les articles sur le management de l’école, ce qui a déclenché un audit interne. Celui-ci n’a pas confirmé les accusations de sexisme ou de management toxique, mais a bien mis en lumière des difficultés et un essoufflement imputable à la « course en avant » engagée, selon les mots de Christophe Germain, le directeur sortant (l’entretien réalisé par News Tank est réservé aux abonnés).
Éprouvé par les critiques, il avait, en juillet, décidé de ne pas briguer un second mandat qui lui tendait les bras. Il a depuis rejoint Skema — dans le monde des business school, un CV comme le sien est apprécié.
Le nouveau DG d’Audencia va maintenant devoir batailler. L’école semble ces dernières années atteindre un plafond dans son développement. La concurrence se faisant de plus en plus rude, elle risque de décrocher à l’image de sa voisine rennaise ou, plus à l’est, de Grenoble École de Management.
Sébastien Tran devra aussi composer avec la gouvernance d’un établissement d’enseignement supérieur consulaire (EESC) : l’école relève de la Chambre de commerce et d’industrie de Saint-Nazaire, dont est issu son président Laurent Métral — ce DRH de métier a été en première ligne tout au long des mois de crise qui ont secoué l’école. Il ne choisira pas non plus son adjoint, déjà recruté : Christophe Collignon est en effet arrivé dès juillet 2023 à Nantes.
2. Adilson Borges, futur DG de Rennes School of Business
Audencia recrute un DG bien connu de l’écosystème, sa voisine rennaise donne sa chance à un nouveau visage. Adilson Borges est nommé directeur général et doyen de Rennes School of Business, annonce l’école le 17 octobre. Il prendra ses fonctions à compter de janvier 2024.
Son parcours
Nouveau directeur général oui, mais Adilson Borges n’est pas novice dans le monde des écoles de commerce. Loin de là. Titulaire d’un doctorat en sciences de gestion et d’une HDR, il a passé une importante partie de sa carrière au sein de Neoma, où il a été professeur de marketing à partir de 2002, puis directeur général adjoint de la faculté et de la recherche de 2013 à 2016.
Il rejoint ensuite Carrefour, comme directeur de l’apprentissage et développement. Adilson Borges a par ailleurs présidé l’Academy of Marketing Science, association réunissant des universitaires spécialisés dans le marketing.
Lutter contre le décrochage face à la concurrence
Un parallèle évident s’établit entre la situation de Rennes School of Business et Audencia. Adilson Borges va prendre la main dans une école qui a connu une crise, avec le départ du DG Thomas Froehlicher, en désaccord avec sa gouvernance, la CCI d’Ile-et-Vilaine.
Comme Audencia, Rennes peut craindre un décrochage face à la concurrence d’écoles en croissance (Neoma, Skema, Kedge). Comme beaucoup d’écoles, elle devra poursuivre la recherche de relais de développement hors du champ traditionnel des concours post-classes préparatoires.
Rennes SB peut s’appuyer pour cela sur le développement de son bachelor et son internationalisation déjà complète. Adilson Borges, fort de sa connaissance du monde académique et de celui de l’entreprise, trouvera peut-être d’autres leviers, comme la formation professionnelle ou le digital.
Peut-être aussi, comme son nouveau collègue nantais pourrait l’être, sera-t-il confronté à des velléités de rapprochement des deux établissements voisins ?
3. Marianne Conde Salazar, directrice marque et communication d’ESCP
Marianne Conde Salazar est nommée directrice marque et communication d’ESCP Business School, annonce l’école de management européenne le 9 octobre.
Son parcours
Diplômée de Sciences Po et de l’Université Paris Panthéon Assas, Marianne Conde Salazar intègre HEC Paris en 2001, en tant que directrice de l’Executive MBA, puis rejoint l’ESCP. Elle est d’abord directrice de l’Executive MBA, puis prend la direction du campus de Paris.
En 2011, elle devient directrice adjointe des relations internationales du service ESR de la CCI Paris Île-de-France, puis directrice des relations internationales et du français des affaires.
En 2020, elle prend la tête de l’Iscom, poste qu’elle occupait jusqu’en mai 2023.
Une prise de poste aux côtés d’une nouvelle équipe gouvernante
Ses chantiers sont encore à préciser et pour cause ! Marianne Conde Salazar rejoint l’équipe de gouvernance bâtie par Leon Laulusa, qui a pris la tête d’ESCP en juin 2023. Celui-ci doit très prochainement présenter ses priorités pour l’école.
Sur le plan du pilotage de la communication du changement était dans l’air depuis le mois de juin, puisque le dircom en poste, Dimitri Champollion, avait été nommé directeur exécutif pour l’éducation numérique par le nouveau directeur général.
L’école suit actuellement un plan stratégique 2022-2025 porté par Frank Bournois, qui a quitté ses fonctions en février 2023, pour rejoindre China Europe International Business School (CEIBS). Si elle se porte bien financièrement, elle ne peut cesser de travailler sa différenciation par rapport aux autres écoles du pôle éducatif de la Chambre de commerce Paris Île-de-France : HEC et l’Essec.
Sa tutelle a investi 110 millions d’euros dans un chantier immobilier d’ampleur à Paris — ESCP a provisoirement déménagé à Champerret en attendant la transformation de son campus République d’ici 2027.
D’autres projets bâtimentaires sont lancés à Turin, Madrid et Berlin. Car l’école, qui compte plus de 9 218 étudiants sur l’année 2022-2023, se déploie dans une identité résolument européenne. Un univers de marque intéressant à exploiter pour Marianne Conde Salazar.
4. Caroline Bourcier, directrice déléguée à la QVT d’Isae-Supméca
Isae-Supméca crée une direction déléguée à la qualité de vie au travail, à l’animation transversale, à l’égalité et à la diversité occupée par Caroline Bourcier depuis le 1er septembre, indique l’école d’ingénieurs située à Saint-Ouen, le 5 octobre.
Son parcours
Titulaire d’un master en ressources humaines et relations sociales de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et agrégée en économie gestion et finance de l’ENS Paris Saclay (Université Paris-Saclay), Caroline Bourcier commence sa carrière comme chargée d’études politique de l’emploi à la DRH d’Air France.
Elle arrive ensuite à Isae-Supméca comme responsable des enseignements de sciences économiques et humaines.
« Favoriser le bien-être de tous »
Cette nomination « marque une étape supplémentaire dans le déploiement d’actions initiées par la direction, avec l’ensemble des acteurs de l’établissement, étudiants et personnels, pour favoriser le bien-être de tous », indique Philippe Girard, directeur général d’Isae Supméca. Celui-ci met en avant sa volonté d’« engager tous les personnels et tous les élèves sur cette question du respect et du rapport à l’autre ».
L’encadrement de l’école a ainsi été formé aux violences sexistes et sexuelles (VSS), formation qui sera également délivrée aux élèves et aux personnels.
« Mon rôle est de mobiliser la communauté Isae-Supméca, à la fois tous les personnels et les élèves ingénieurs, sur la problématique de l’égalité et des VSS afin de construire ensemble un environnement sûr », résume Caroline Bourcier.
5. Catherine Vautrin réélue présidente de l’Association des villes universitaires de France
Catherine Vautrin, présidente de la communauté urbaine du Grand Reims, a été réélue à l’unanimité par le conseil d’administration à la tête de l’association des villes universitaires de France (Avuf) le 29 septembre, comme le relate News Tank (abonnés).
L’élue occupe la présidence de l’Avuf depuis juin 2014 et ce nouveau mandat se termine en 2026.
Renforcer les liens entre collectivités et universités
Celle qui a un temps été citée pour devenir Première ministre d’Emmanuel Macron est investie de longue date dans les enjeux universitaires. Convaincue de l’importance d’une offre académique, mais aussi de vie étudiante, dans les territoires, Catherine Vautrin milite pour une amélioration des relations entre collectivités et acteurs universitaires.
Pour son nouveau mandat à la tête de l’Avuf, elle a fixé 11 orientations. La première vise à nouer une relation « fructueuse » entre enseignement supérieur-recherche et collectivités. Parmi les sujets communs à faire avancer à ce titre, elle cible le recours à la recherche scientifique pour appuyer l’action publique ; la transition écologique des campus ou encore la mise en place de sociétés publiques locales dédiées à la gestion du patrimoine universitaire.
La présidente du Grand Reims prévoit aussi de lancer un label « Habitat étudiant » pour distinguer les résidences étudiantes de qualité et de lutter contre les précarités étudiantes.
L’Europe est aussi un horizon qui peut réunir villes universitaires et acteurs académiques : l’Avuf entend permettre davantage de mobilités au travers du réseau européen des villes universitaires qu’elle a contribué à fonder, en mai 2022.
Le bureau de l’Avuf
• Philippe Laurent, maire de Sceaux, et Michaël Delafosse, président de Montpellier Méditerranée Métropole, se maintiennent respectivement en tant que premier et second vice-président.
• Romain Bost, vice-président de Roannais Agglomération, garde sa fonction de trésorier.
• Guillaume Maréchal, vice-président d’Ardennes Métropole poursuit ses fonctions de secrétaire général.