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Cap sur l’Amérique latine et l’Afrique francophone pour la filière edtech tricolore !

Par Isabelle Cormaty | Le | Edtechs

Depuis la rentrée, les associations représentatives des acteurs edtechs disposent de relais à l’étranger avec deux volontaires internationales financées par Business France, via le plan de relance. Basées respectivement à Mexico et Tunis, elles représentent la filière française en Amérique du Sud et en Afrique francophone et identifient sur place des opportunités pour les entreprises edtechs françaises. Rencontre.

Les deux VIE sont installées dans les ambassades françaises de Mexico et Tunis. - © Unsplash
Les deux VIE sont installées dans les ambassades françaises de Mexico et Tunis. - © Unsplash

Depuis le 1er septembre, deux chargées de mission edtech installées à Mexico et Tunis ont rejoint EdTech France et l'Afinef, les associations réunissant les acteurs des technologies pour l’éducation. Les deux volontaires internationales en entreprise, Valentina Redondo et Chloé Latronico représentent pendant une année la filière edtech à l’international.

Des ambassadrices de la filière edtech française

Des VIE financés par Business France via le plan de relance

Les chargées de mission edtech ont été recrutées pour une durée d’un an, sous la forme d’un volontariat international en entreprise (VIE) financé par Business France dans le cadre du plan relance qui cible la edtech comme filière prioritaire pour l’export.

« Après discussions avec EdTech France et l’Afinef, nous avons choisi d’envoyer une VIE à Tunis, qui est un hub sur le Magreb et l’Afrique francophone. Et une au Mexique car il y a une forte présence d’acteurs industriels sur la formation professionnelle », raconte Francesco Plazzota, chef de service distribution et services innovants au sein de Business France.

L’agence publique en charge du développement international des entreprises françaises dispose déjà de personnels dans 75 bureaux à travers le monde. L’arrivée de Valentina Redondo et Chloé Latronico depuis la rentrée 2021 étoffe donc l’équipe de Business France, avec deux interlocutrices spécialisées sur les edtechs dans deux continents.

L’Amérique latine et l’Afrique francophone, des périmètres larges

Les chargées de mission sont basées respectivement dans les ambassades françaises de Tunis et Mexico. Mais leur activité dépasse largement leur pays d’installation et couvre toute une partie de l’Afrique francophone et de l’Amérique latine.

« La Tunisie, l’Algérie, le Maroc, le Sénégal et la Côte d’Ivoire font partie de mon spectre », explique Chloé Latronico

« Je vais me concentrer principalement sur le Mexique, la Colombie, le Chili, le Pérou et l’Argentine. Ce sont les pays où la filière edtech est la plus dynamique », poursuit Valentina Redondo.

Quel est le profil des chargées de mission ?

Valentina Redondo, une Vénézuélienne, issue du monde de la tech

Valentina Redondo a grandi au Vénézuéla. - © D.R.
Valentina Redondo a grandi au Vénézuéla. - © D.R.

De nationalité vénézuélienne, Valentina Redondo a fait ses études supérieures en France. Titulaire d’une licence de droit européen à l'Université catholique de Lille et d’un master en management de la marque et communication à l'IAE Paris, elle a commencé sa carrière dans le monde de la tech, en France d’abord puis un an comme digital nomad au Brésil.

« Je connaissais déjà EdTech France avant mon VIE, car j’ai été marketing manager du salon Virtuality Paris. C’est à travers cet événement que j’ai découvert les edtechs », raconte-t-elle.

« Je suis contente de découvrir le Mexique et de me rapprocher de ma culture. Accélérer l’éducation dans un continent où j’ai des attaches fait sens pour moi », ajoute-t-elle enthousiaste.

Chloé Latronico, une VIE issue du secteur public

Chloé Latronico est originaire de Nice. - © D.R.
Chloé Latronico est originaire de Nice. - © D.R.

Originaire de Nice, Chloé Latronico a un tout autre profil, davantage centré sur le secteur public. Durant ses études à Sciences Po Toulouse, elle s’est spécialisée sur les questions de développement et gouvernance internationale. Elle a notamment travaillé comme stagiaire puis consultante à l’Agence française de développement.

« L’an dernier, j’ai fait un stage aux Nations Unies à Tunis. J’étais donc familière des sujets liés à l’éducation, mais j’avais dû quitter la Tunisie au bout de deux mois et demi en raison du Covid », se souvient-t-elle, ravie de retourner dans le pays où elle a un attachement familial.

Faciliter l’export de solutions françaises

Depuis leur prise de poste début septembre, Valentina Redondo et Chloé Latronico ont échangé avec une vingtaine d’entreprises françaises envisageant de se développer sur les deux continents qu’elle couvre, plus d’une trentaine sociétés intéressées précisément par l’Afrique et une quinzaine par l’Amérique latine.

Les Français sont très bien vus en Amérique latine

« Les Français sont très bien vus en Amérique latine. Le système éducatif français et la French Touch sont souvent présentés comme des modèles », précise la chargée de mission edtech à Mexico.

Les deux volontaires internationales aiguillent donc les edtechs dans des environnements institutionnels parfois difficiles à appréhender pour les Français. « Les appels d’offres ne sont pas publiés par les canaux officiels car les devoirs de transparence ne sont pas exercés de la même manière ici », note Valentina Redondo.

Lever des freins et éviter des écueils

Pour réussir leur export à l’international, les entreprises edtechs doivent éviter quelques écueils… À commencer par celui de la langue« Certains pensent qu’il suffit de traduire leur solution en espagnol pour réussir. Mais la connexion internet et les besoins ne sont pas du tout les mêmes en Amérique latine et en France. La langue est un frein important pour s’exporter », souligne Valentina Redondo.

« Si une entreprise française répond seule à un appel d’offres, il y a de très fortes chances qu’elle ne soit pas retenue, constate-t-elle par ailleurs. Il est plutôt recommandé de s’associer avec des partenaires locaux. » Une situation accentuée sur le continent africain pour des raisons historiques notamment.

Des missions multiples

 Francesco Plazzota est chef de service distribution et services innovants chez Business France - © D.R.
 Francesco Plazzota est chef de service distribution et services innovants chez Business France - © D.R.

Outre l’identification d’opportunités et l’appui aux entreprises françaises souhaitant se développer sur des marchés étrangers, les chargées de mission edtech représentent la filière tricolore à l’étranger.

Elles participent à des événements locaux pour rencontrer les acteurs de l’écosystème ou des bailleurs de fond dans leur territoire respectif. Elles réalisent aussi un travail de veille« L’objectif à terme est d’organiser des speed meeting, des webinaires thématiques autour du partage d’expérience et de rédiger des notes par pays », détaille Chloé Latronico en poste à Tunis.

« Ces notes seront diffusées à tous les opérateurs via la réseau France EduNum international notamment. Le travail de terrain que font les VIE permet de créer un lien personnel avec les acteurs locaux, faciliter l’échange d’informations et faire remonter les besoins », complète Francesco Plazzota de Business France.