Edtech : des start-up sur l’inclusion et la correction de copie récompensées dans le Nord
La Fondation Denise et Norbert Ségard et l’association régionale EdTech Hauts-de-France ont remis le 27 mars les prix de l’entrepreneur edtech à trois start-up spécialisées dans les technologies pour l’éducation : l’une spécialisée sur l’inclusion, l’autre dans la correction des copies et la dernière sur l’apprentissage de la musique.

Cantoo, Loumo et Synegram. Telles sont les trois start-up dont les fondateurs ont remporté les prix de l’entrepreneur edtech décernés le 27 mars, lors d’une soirée à l’école d’ingénieurs lilloise Junia.
Il s’agit de la troisième édition de ce concours, organisé par la Fondation Denise et Norbert Ségard et l’association régionale EdTech Hauts-de-France pour mettre en lumière les entrepreneurs qui cherchent à transformer le paysage de l’éducation ou de la formation professionnelle grâce à l’innovation technologique.
Après avoir récompensé Aude Guéneau (Plume), Muriel Colagrande (OVAOM), Rachid et Nordine Taftaf (SchoolMed) en 2022, puis Mehdi Imouloudene (Simaptic) et Iris Singer (Zamizen) en 2023, trois distinctions ont été décernées cette année :
- le grand prix de l’entrepreneur edtech à Minashe Selvam, cofondatrice de Cantoo, qui accompagne les élèves à besoins éducatifs particuliers ;
- le prix des jeunes entrepreneurs edtechs à Louis Desry, Victor Roy et Corentin Mosset, les fondateurs de Loumo, une agence qui externaliste la correction des copies ;
- le prix de l’innovation pédagogique à Pierre Blaise Dionet, à l’origine de Synegram, une plateforme spécialisée dans l’apprentissage musical grâce à la synesthésie et l’IA sémantique.
Minashe Selvam, grand prix de l’entrepreneur edtech 2025

Déjà finaliste de la deuxième édition du concours en 2023, Minashe Selvam remporte cette fois le grand prix de l’entrepreneur edtech et un chèque de soutien de 7 000 euros.
Sa société édite Cantoo Scribe, un cahier numérique qui accompagne les élèves souffrant de troubles du langage et des apprentissages (dyslexie, dyspraxie, dysorthographie, TSA, allophonie ou TDAH) grâce à des outils de reconnaissance vocale et un système de colorisation des syllabes pour faciliter la lecture. Elle commercialise sa solution auprès des établissements, des enseignants (pour leur permettre d’adapter leurs supports de cours) et des familles.
Hébergée au sein de l’incubateur Euratechnologies, la start-up a vu le jour dans le cadre d’un projet étudiant ayant pour objectif de développer une boîte à outils mathématiques pour les élèves en situation de handicap au collège. Une fois diplômés de Centrale Lille, François Billiou et Minashe Selvam lancent officiellement leur entreprise en 2019.
En 2022, l’entreprise a levé un million d’euros auprès des fonds d’impact Investir&+, Made for All, Autonomie et solidarité, Nord actif et Bpifrance pour soutenir son développement.
L’externalisation de la correction des copies avec Loumo
Nouvelle récompense créée cette année, le prix des jeunes entrepreneurs edtechs a été remis aux fondateurs de Loumo, une agence créée en 2024 et spécialisée dans l’externalisation de la correction des copies et examens pour les établissements du supérieur. Louis Desry, Victor Roy et Corentin Mosset reçoivent un chèque de soutien de 3 000 euros.

« Nous sommes partis du constat que la correction de copies était chronophage pour les établissements du supérieur. Les écoles privées font appel à de nombreux intervenants extérieurs qui donnent des cours en plus de leur travail et n’ont pas toujours le temps de corriger des devoirs », raconte Louis Desry, cofondateur et CEO de Loumo.
« Il existe aussi un biais de correction, si les copies d’un examen sont corrigées par plusieurs enseignants, ce qui pousse certains établissements à faire des doubles corrections. Nous nous occupons de la correction de A à Z », poursuit-il.
La start-up demande aux écoles les barèmes et attendus des examens. Elle a développé un logiciel de correction de copies avec de l’intelligence artificielle. Elle s’appuie pour l’instant sur Mistral AI pour l’anonymisation des copies et sur les modèles de langage d’Open AI et Gemini. Loumo couvre pour l’instant les examens d’écoles de commerce et de droit, mais pas les sciences, ni les QCM et traite les copies manuscrites (scannées préalablement par les écoles) ou tapuscrites.
« Les copies sont rendues en deux semaines, alors qu’il faut attendre entre un à deux mois pour les copies corrigées manuellement. Il faut bien définir les critères de correction pour qu’il y ait le moins de biais possible. Nous faisons une précorrection et vérifions en interne une partie des copies. Nous fournissons aux étudiants des feedbacks complets sur chaque copie et aux enseignants les tendances : la moyenne de la classe, les notions que les étudiants ont moins retenues », présente Louis Desry.
Une tarification en fonction du nombre de copies
La tarification se fait en fonction du nombre de copies et du type d’examen : elle est comprise entre 3,5 et 5 euros pour une copie classique et entre 6 et 8 euros pour un rapport de stage. La start-up d’une dizaine de salariés compte à ce jour dix écoles privées comme clientes.
À moyen terme, elle souhaite proposer aux étudiants des ressources sur les sujets qu’ils ne maîtrisent pas ou peu et permettre aux professeurs d’identifier les élèves en difficulté. Les cofondateurs de Loumo envisagent de fournir son logiciel de correction directement aux établissements qui ne souhaitent pas déléguer la correction des copies.
Qui étaient les quatre autres finalistes de ce prix ?
Figuraient aussi parmi les finalistes du concours 2025 :
• Sébastien Roger, le fondateur d’Erine VR qui développe des ruchers-écoles, ainsi que des jeux en réalité virtuelle pour les entreprises et les écoles sur les pollinisateurs et la biodiversité.
• Laetitia Portal, la fondatrice d’Hello Art Up, qui crée des projets numériques culturels dans les Ehpad pour favoriser le lien social des résidents et le partage de connaissances.
• Virginie Mounanga, la CEO de Christal XP. L’entreprise édite Elisa Code, un serious game sensibilisant les professionnels aux bonnes pratiques du numérique pour limiter les cyberattaques.
• Philippe Decottignies, le fondateur de Nolej. Cette start-up développe un outil destiné aux enseignants du collège au supérieur. Basé sur l’IA, il transforme des documents statiques (texte, audio…) en activités pédagogiques interactives pour motiver les élèves et améliorer la mémorisation.