Edtechs : Junia + Glowbl + Domoscio = hybridation pour de bon !
Par Marine Dessaux | Le | Edtechs
Lauréates du PIA « Hybridation des formations d’enseignement supérieur », les edtechs Glowbl et Domoscio travaillent avec Junia (anciennement Yncréa Hauts-de-France) sur le projet « Need-U » qui promeut une « nouvelle expérience d’apprentissage et d’enseignement ».
Un trimestre après l’annonce de financement, Laurent Souloumiac et Benoit Praly, les dirigeants des edtechs impliquées, font un point sur l’avancement de ces travaux et reviennent sur ce qui signifie cet appel à projets national pour le secteur en France.
Il s’agit d’un projet retenu par le gouvernement aux côtés de quinze autres fin juillet 2020 : « Need-U », amorcé et mené par Junia - alors appelé Yncréa Hauts-de-France - vise à mettre en place une « nouvelle expérience d’apprentissage et d’enseignement ». Pour cela, le groupement d’écoles d’ingénieurs collabore avec deux edtechs françaises, Domoscio et Glowbl.
En cette fin d’année, le chantier est bien entamé. L’occasion pour les dirigeants des deux sociétés spécialisées dans la classe virtuelle, Benoit Praly et Laurent Souloumiac, de prendre du recul et d’aborder la réalisation de ce projet pour Campus Matin.
Un projet déjà mature
« Nous travaillions déjà depuis 18 mois avec Junia. Et, comme nous avions des projets ensemble, ils nous ont proposé de répondre à cet appel d’offres », rapporte Laurent Souloumiac, CEO de Glowbl.
Et Glowbl n’est pas la seule entreprise de la edtech à avoir travaillé avec le groupement des écoles d’ingénieur Isa, Isen et HEI en amont, Domoscio collabore avec Junia à la mise en œuvre de Domoscio Hub et Domoscio Lock depuis fin 2019. De janvier à juillet 2020, ce projet était en phase d’expérimentation de son outil collaboratif. « Nous nous sommes rendu compte que ça fonctionnait bien et l’appel à projets nous permettait d’aller plus loin », dit Benoit Praly.
A terme, l’objectif de Need-U est le déploiement massif de Glowbl auprès de 3 500 élèves, « pour de la classe virtuelle, mais aussi pour des travaux de groupes ». Dans un second temps, il s’agira d’introduire de nouveaux outils au sein de Glowbl « pour faciliter la pédagogie à distance et hybride ».
De nouveaux outils pour Glowbl
Glowbl indique se pencher sur le développement d’un outil de tableau blanc, qui permettra l’annotation de documents (entourer, surligner, faire des commentaires sur un calque par-dessus le document). Ainsi qu’une prise de note collaborative et un quizz.
Autre besoin : un outil d’interconnexion et d’intégration avec le LMS des écoles, qui aujourd’hui permet uniquement de créer des salles et de se connecter, mais qu’il est nécessaire d’étendre de façon à enregistrer les cours, remonter les journaux de connexion (pour vérifier les absences) et importer directement des documents qui sont déjà dans le système.
Un rôle de prestataire chez Domoscio
Pour Domoscio, l’objectif n’est pas de développer de nouveaux produits dans le contexte du projet Need-U mais d’apporter son expertise.
« Notre but est de faire émerger des problématiques communes au sein du groupement d’écoles et de lever des barrières, indique Benoit Praly. Pour cela, nous avons commencé par organiser des ateliers avec enseignants, responsables de programme, direction et étudiants. Nous leur faisons parler de leur difficultés, identifions ce qui peut être amélioré aussi bien dans l’administration, la logistique que la création d’emploi du temps. »
Ces travaux permettent d’identifier les freins à l’hybridation des formations. En outre, Domoscio s’apprête à écrire, en partenariat avec l’association Edtech France, un livre blanc.
Les solutions de Domocio et Glowbl
Domoscio propose deux produits : Domoscio Hub et Domoscio Lock. Le premier étudie la façon dont peut être enrichie l’expérience d’apprentissage d’un élève grâce à l’intelligence artificielle : en captant des données sur qui il est, ce qu’il doit apprendre, ce qu’il maîtrise, un moteur de recommandation s’emploie à trouver le meilleur parcours qui lui permettra de se développer. Et le second consiste en une application mobile qui pousse l’élève à des révisions personnalisées sous forme de notifications pour optimiser la mémorisation de concepts clés.
Glowbl propose une solution de classes virtuelles centrée sur l’humain. Ses fonctionnalités ont été développées pour reproduire virtuellement les repères et habitudes de la vie réelle. Ce qui vise à produire une expérience d’apprentissage naturelle et des formations plus efficaces.
Une infrastructure qui a pris de l’envergure
Le trafic a été multiplié par 120 sur la plateforme !
Alors qu’elles sont sollicitées pour un projet d’envergure, les deux edtechs sont amenées à monter en charge. En amont de l’appel à projets, la fermeture des établissements et le premier confinement ont amené Glowbl à évoluer : « Le trafic a été multiplié par 120 sur la plateforme ! Nous sommes allées jusqu’ à 15 000 utilisateurs instantanés », informe Laurent Souloumiac.
Pour autant le chantier n’est pas terminé : « On reste une structure de taille modeste, mais on peut et veut se développer très vite sur 3 mois ou 6 mois maximum, poursuit Laurent Souloumiac. Cela dit, passer de 15 000 à 30 000 ou 100 000 utilisateurs simultanés sera plus facile que les précédentes étapes. »
De son côté, Domoscio a enregistré une augmentation des utilisations sans que cela ne soit spectaculaire. La société n’a observé ni bond ni baisse d’activité. « Notre activité n’a pas souffert de la Covid, on est tout le temps sur pont », dit Benoit Praly.
Le développement des usages attendu
« Dans la continuité de l’appel à projets, nous nous attendons à avoir plus d’utilisateurs. Nous sommes en discussion avec le Mesri pour avoir un financement national pour permettre d’étendre l’usage de Glowbl à toutes les universités, et créer ainsi un champion français de la classe virtuelle, annonce Laurent Souloumier. Il s’agira d’un projet d’une toute autre envergure dont la collaboration avec Junia est un premier pas. »
Benoit Praly prévoit également une augmentation des usages de Domoscio qui, selon lui, aurait eu lieu malgré le contexte de distanciel. « Les groupements d’écoles comme Junia avaient déjà mis des dispositifs en place, pas forcément technologiques mais d’usage, et la crise a été un accélérateur qui a nécessité une automatisation de ces dispositifs. L’industrialisation a été possible car les établissements sont déjà équipés. »
Un budget qui correspond aux attentes
Pour son projet Need-U, Junia a reçu un financement à hauteur de 956 000€. Glowbl et Domoscio indiquent avoir obtenu l’enveloppe qui avait été fixée en amont. Junia précise que les enveloppes attribuées reprennent une partie de ce montant mais également un engagement important en fonds propres.
« Nous avons pu faire une analyse assez fine de la ressource nécessaire en chiffrant le temps humain nécessaire et le coût de développement ces nouveaux outils pédagogiques », précise Laurent Souloumiac.
Secteur edtech : de « nombreux appels à projets » qui ne « sont jamais suffisants »
Les points de vue de Benoit Praly et Laurent Souloumiac sur l’appel à projet Hybridation et son importance pour le secteur des edtechs sont contrastés : le premier estime qu’il existe déjà de nombreuses subventions publiques :
« La filière edtech a déjà beaucoup de reconnaissance en France, il existe beaucoup d’appels à projets, beaucoup d’argent public qui peut être disponible sous la forme de concours, de financements au niveau du supérieur », considère Benoit Praly.
Le second pense que « ce n’est jamais suffisant ». « Si vous parlez à des sociétés américaines : elles ont des centaines de millions de dollars », explique-t-il. Laurent Soulomiac reste néanmoins positif : « Le poids du secteur edtech français s’affirme et cet appel à projets est un pas important pour la reconnaissance de Glowbl ». Une étape qui « apporte de la notoriété et une reconnaissance fonctionnelle ».
Car, sur le principe de privilégier les solutions françaises à celles des géants américains, « il y a un mouvement de fond qui n’a pas encore gagné la partie. » En outre, selon lui, le développement du secteur viendra par la formation continue : « Le potentiel business avec des entreprises est aussi important qu’avec l’enseignement supérieur. »
Aller plus loin dans la synergie entre edtechs
Si cet appel à projets possède un avantage, selon Benoit Praly, c’est bien celui de favoriser une collaboration entre edtechs au sein d’une équipe dynamique.
« Le projet est porté par une équipe avec une vraie vision et offre un véritable terrain d’expérimentation. En effet, Junia a su rassembler un vivier de compétences. Aujourd’hui, on ne va pas très loin dans la synergie entre edtechs : c’est l’occasion de de le faire. Et il est très positif que la France supporte ce genre d’initiative. »