Vie des campus

D’étudiante à journaliste sup', « mon regard a changé sur un monde que je croyais connaître »

Par Enora Abry | Le | Expérience étudiante

Étudiante en master de lettres modernes et journalisme, Enora Abry a rejoint Campus Matin en janvier dernier. À peine sortie de l’université, notre stagiaire est retournée sur les bancs de la fac et des grandes écoles pour rencontrer des professionnels du supérieur et de la recherche. Elle raconte ce passage de l’autre côté du miroir.

Enora Abry a passé six mois au sein de la rédaction de Campus Matin  - © Clémence Kerdaffrec
Enora Abry a passé six mois au sein de la rédaction de Campus Matin - © Clémence Kerdaffrec

Pour une première expérience professionnelle en tant que journaliste, Enora Abry a choisi de partager pendant six mois le quotidien de notre rédaction et de celle de News Tank Éducation et Recherche, l’agence de presse qui édite Campus Matin.

Interviews de personnalités de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR), visites d’établissements et couvertures d’évènements, notre stagiaire qui avait encore sa carte d’étudiante en poche a (re)découvert le monde de l’enseignement supérieur sous un autre angle. Récit.

Rendez-vous en terre inconnue

Après une prépa littéraire, un passage à Sorbonne Nouvelle, au Trinity College de Dublin et à Sorbonne Université, je pensais en savoir assez long sur l’enseignement supérieur. En entrant chez Campus Matin, j’ai finalement découvert ce monde que je croyais connaitre.

La jungle des acronymes

Enora Abry était étudiante en master 1 de littérature et de journalisme à Sorbonne Université - © D.R.
Enora Abry était étudiante en master 1 de littérature et de journalisme à Sorbonne Université - © D.R.

Au premier jour, entendre « Tu as reçu le CP de la Cdefi ? » et « Qu’est-ce qu’a dit la CGE ? » m’a donné l’impression d’atterrir dans un pays étranger. Il m’a donc fallu d’abord appréhender un langage constitué des innombrables acronymes de l’ESR.

J’ai alors découvert l’existence et le rôle des conférences des grandes écoles, des associations « métiers », le fait qu’il existe des établissements publics expérimentaux et toutes les appellations codées qui en découlent.

Une plongée dans les enjeux  

En ayant vécu une bonne partie de mes études supérieures pendant la pandémie, je me doutais bien que la problématique des cours en distanciel devait faire partie de celles qui occupaient l’écosystème de l’ESR. En revanche, je n’étais pas sûre que l’expérience étudiante soit vraiment considérée dans ces discussions. Voir des dirigeants ainsi que différents corps de métier comme les ingénieurs pédagogiques ou les vice-présidents numérique revenir sans cesse à cette question m’a rassurée. 

Il y avait aussi tout un tas d’autres problématiques et enjeux dont je ne soupçonnais pas même l’existence, comme l’autonomie des établissements ou ce qui relève de la science ouverte, et dont un étudiant n’entend jamais parler pendant son parcours à l’université.

L’ESR, une foire aux bonnes idées

En couvrant diverses actualités pendant ces six mois, j’ai été surprise par le nombre de mouvements dans l’écosystème de l’ESR et par les bonnes idées qui en émergent. Plusieurs m’ont marquée : le fait que des établissements s’abonnent à la plateforme Arte Campus pour compléter l’enseignement dispensé aux étudiants, toutes les initiatives pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles ou encore les dispositifs mis en place pour accueillir les étudiants réfugiés ukrainiens.

En rencontrant les professionnels en charge de tous ces projets, j’ai été étonnée par leur implication et leur aptitude à mener de concert leurs activités d’enseignants-chercheurs et ces missions supplémentaires.

Dans la peau d’un journaliste

Comparer les sources et les manières de faire

Comprendre l’information n’est pas suffisant, il faut aussi pouvoir aller la chercher, la vérifier, la mettre en lien avec d’autres. J’ai eu la chance de connaitre deux approches. La rédaction de News Tank Éducation & Recherche pratique « la logique du flux en temps réel » : toutes les news doivent être traitées avec rapidité et précision, qu’il s’agisse du Journal officiel paraissant le matin ou de tout autre information reçue. Un coup de fil à un ou plusieurs interlocuteurs, une confidence d’une source, et l’actualité, une fois validée, paraît dans la journée.

À Campus Matin où j’ai passé le plus clair de mon temps, l’approche est différente. Nous sommes un magazine en ligne. Nous avons donc plus de temps pour construire nos articles qui sont envoyés une fois par semaine, le jeudi matin.

Comprendre l’information n’est pas suffisant, il faut aussi pouvoir aller la chercher, la vérifier, la mettre en lien avec d’autres

Nous pouvons donc mêler diverses actualités et interviewer plusieurs interlocuteurs selon l’angle choisi, étudier le contexte de chaque évènement et planifier des reportages, dans des lieux inattendus parfois, comme le Centre technique du livre de l’enseignement supérieur.

Notre site Campus Matin étant entièrement gratuit pour les lecteurs, nous sommes financés via les partenariats, notamment les webinaires que nous organisons. Un fonctionnement différent de celui de News Tank Éducation & Recherche qui vit grâce aux abonnements.

Une mentalité à acquérir

Quelle que soit la méthode ou l’approche, j’ai été impressionnée par la détermination dont ces deux rédactions font preuve pour construire un article à partir d’une seule information reçue par mail, un tweet, ou d’une problématique relevée lors d’une discussion avec un interlocuteur.

Cette attitude est celle qu’il m’a fallu adopter pendant ces six mois. Fouiller sans cesse, poser des questions m’a permis d’accroitre mes connaissances. En partant à la recherche de mes interlocuteurs potentiels, j’ai dû apprendre à connaitre les différents corps de métier de l’ESR dont certains m’étaient entièrement étrangers, de ceux que l’on ne remarque pas en marchant dans les couloirs de la fac lorsqu’on est étudiant.

Évoluer ensemble

Les journalistes de News Tank et de Campus Matin tiennent des conférences de rédaction communes tous les mardis. - © Enora Abry
Les journalistes de News Tank et de Campus Matin tiennent des conférences de rédaction communes tous les mardis. - © Enora Abry

Bien qu’il s’agisse de deux équipes distinctes, News Tank Éducation & Recherche et Campus Matin avancent main dans la main, en partageant les idées et les contacts. Et en se retrouvant autour de la même table pendant les conférences de rédaction ! Cette synergie et ce partage constant des savoirs m’ont permis d’évoluer en tant que journaliste, mais aussi d’approfondir ma connaissance de l’ESR.

À mon arrivée, je comprenais à peine 10 % de ce qui se disait autour de la table, aujourd’hui j’approche les 70 %, ce dont je ne suis pas peu fière !