Dans l’académie de Toulouse : « Développer une expertise sur l’orientation et le logement »
Par Marine Dessaux | Le | Expérience étudiante
L’association générale étudiante de Midi-Pyrénées veut faire connaître les besoins de tous les étudiants de l’académie de Toulouse. Trusted people, paniers alimentaire, canapé solidaire… Elle met aussi en place des initiatives contre la précarité, les violences sexuelles et sexistes ou pour la santé mentale, en partenariat avec les institutions d’enseignement supérieur.
Si rassembler les universités toulousaines est un chantier politique complexe, une organisation fédère même au-delà de la ville rose : l’association générale étudiante de Midi-Pyrénées (AGEMP).
En résidence à Toulouse (voir encadré) pendant une semaine, Campus Matin a rencontré Juliette Charon, sa présidente. Elle est également élue au conseil d’administration de l’Université Toulouse-Paul Sabatier et du Parlement étudiant de la Communauté d’universités et établissements (Comue) Université de Toulouse.
Qu’est-ce que l’AGEMP ?
Juliette Caron : L’AGEMP est une fédération de 25 associations de l’académie de Toulouse. Son objectif est d’améliorer les conditions de vie étudiante. Elle est apartisane. Nous considérons que la meilleure façon d’aider les étudiants est de faire remonter leur voix, ce qui ne passe pas forcément par un engagement politique. Le bureau compte dix personnes et un à deux administrateurs par association adhérente. Nous sommes par ailleurs adhérents de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage) qui nous accompagne sur le travail en réseau ou encore la formation.
Quelles sont vos activités ?
Nous accompagnons les associations étudiantes dans leurs projets et la formation : sur la vie associative et ses postes clés, le montage de projet, la façon d’obtenir des subventions ou encore de sensibilisation aux violences sexuelles et sexistes (VSS). Il y a également un gros volet de projets propres que nous réalisons avec l’appui des associations comme Bouge ta santé, qui aborde les questions de sexualité, nutrition, sport et santé mentale. Nous organisons ponctuellement des activités à coût moindre ouvertes à tous les établissements de l’académie de Toulouse.
Nous proposons également une semaine de cohésion étudiante à chaque rentrée. Nous relayons les événements des associations étudiantes. Enfin, nous avons un volet de représentation dans les conseils d’élus de toutes les universités à Toulouse : quand une problématique est décelée par une association, elle est remontée à la fédération puis portée par les élus dans ses instances.
Plus loin, nous visons à développer une expertise sur l’orientation pour des sujets comme Parcoursup ou Mon Master sur lesquels nous sommes souvent sollicités.
Vous proposez également une aide alimentaire pour les plus précaires…
300 bénéficiaires réguliers de l’aide alimentaire depuis janvier 2023.
Notre mission d’action sociale passe par la distribution d’aide alimentaire via une épicerie solidaire. Cette initiative lancée lors de la crise du Covid s’est pérennisée grâce à un partenariat avec la banque alimentaire et le fonds européen d’aide aux plus démunis. Les distributions ont lieu une fois par semaine pour les 300 bénéficiaires réguliers depuis janvier 2023 (ils étaient plus de 600 l’an dernier). Il faut remplir un dossier avec les revenus et postes de dépenses pour devenir bénéficiaire pendant six mois. La validation se fait au cas par cas et prend en compte les projets individuels.
Quels sont vos chantiers en lien avec la santé mentale ?
C’est le sujet sur lequel nous avons le plus de partenaires. Beaucoup de choses sont mises en place. Nous proposons par exemple la formation de personnes de confiance qui pourront intervenir en soirée, pour la prévention des risques, porter de premiers secours en santé mentale et sont sensibilisées aux questions de VSS, problématiques en lien avec les drogues, etc.
Ils circulent avec des t-shirts roses dans les fêtes organisées par les associations, des affiches également promeuvent ce dispositif qui vient de la Fage. Nous comptons actuellement dix trusted people, formés soit via un module de la Fage de six heures ou celui de l’AGEMP qui dure un weekend.
La question de la santé mentale est également très importante dans le domaine de l’engagement étudiant, nous sommes donc vigilants à cette question au sein de l’association.
Comment travaillez-vous avec le Crous ?
Une vraie amélioration sur la subvention des projets.
Nous relayons l’information et réorientons les étudiants concernés par les dispositifs du Crous : sur les thématiques de logement ou de bourses. Nos élus Crous siègent notamment dans les commissions CVEC. Nous observons une vraie amélioration sur la subvention des projets, qui avant était proche de zéro. Aujourd’hui, les associations vont monter des dossiers même pour de petites sommes. L’Université Toulouse Paul Sabatier accompagne d’ailleurs la construction des demandes, en expliquant sur quels points insister.
Nous sommes invités à participer à toutes les commissions et les groupes de travail du Crous en lien avec la vie étudiante. Il y a un gros effort de collaboration et nous vraiment sommes écoutés.
Pour l’avenir, nous voulons nous réinvestir sur la question du logement. En proposant par exemple un dispositif de lieux de résidence provisoires (à l’instar des « canapés solidaires » initiés par l’Erasmus student network).
Vos activités s’adressent à toute l’académie de Toulouse… Comment vous faites-vous connaître ?
Nous présentons l’AGEMP en début d’année aux étudiants puis via les réseaux sociaux ou directement dans les amphithéâtres. Les associations sur le terrain font également connaître nos actions.
Les étudiants ne connaissent pas forcément notre fédération en tant que telle, mais savent qu’ils peuvent avoir accès à des paniers alimentaires, via des affiches distribuées sur les campus ou les éléments de communication que nous transmettons aux associations pour faire savoir quand les distributions reprennent.
L’information passe, même aux étudiants qui ne sont pas reliés à des associations, notamment grâce à la communication faite autour de l’épicerie solidaire pendant la crise Covid.
Pour porter un projet dans chaque université, la multiplicité des acteurs est-elle une difficulté ?
Pour proposer un projet sur tous les campus, nous devons le présenter à chaque interlocuteur.
Lorsque nous voulons proposer un projet sur tous les campus, comme Bouge ta santé, nous devons le présenter à chaque interlocuteur : le Crous, les trois universités toulousaines et la Comue. Nous n’avons pas été amenés à interagir avec l’Université de Toulouse seule, mais cela sera peut-être le cas à l’avenir.
Multiplier les présentations ne nous dérange par, parce que le dossier de subvention est le même partout et expliquer nos initiatives directement permet de mettre en valeur le projet auprès de chacun des acteurs.
Nous n’avons pas encore d’association implantée à UT2J, où les organismes de représentation étudiantes, plus politisées, sont très présentes. Bouge ta santé n’a pas pu y être organisé, à cause des blocages, mais nous avons établi un premier contact cette année à l’occasion des élections étudiantes.
La rédaction de Campus Matin était à Toulouse !
Cet article s’inscrit dans le cadre de la résidence toulousaine de News Tank Éducation & Recherche et Campus Matin, son site ouvert. Du 30 mai au 2 juin, les rédactions ont posé leurs valises afin de rencontrer les acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche et de partager leurs expériences et initiatives.