« Beaucoup de fatigue et de pression » pour les vice-présidents étudiants
Par Marine Dessaux | Le | Expérience étudiante
La Conférence nationale des étudiants vice-présidents d’université (CEVPU) fêtait son vingtième anniversaire, à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, le 21 avril. L’occasion de revenir sur les missions et sujets d’actualités de l’association : mobilisations étudiantes, CVEC, précarité…
Kenza Derki est présidente de la Conférence nationale des étudiants vice-présidents d’université (CEVPU) depuis octobre 2022. Elle est aussi la vice-présidente étudiante (VPE) en charge de la vie de campus à l’Université de Limoges.
Quelle est la vocation de la CEVPU ?
Kenza Derki : La CEVPU rassemble les vice-présidents étudiants des universités françaises. Elle a pour objectif de leur offrir un soutien et un lieu pour échanger sur leurs pratiques. Elle est composée de trois organes : le bureau, une commission permanente avec les chargés de mission délégués à une tâche spécifique (vie étudiante, etc.) et qui n’ont pas de droit de vote et le conseil de surveillance qui s’assure du bon fonctionnement de l’association. Cette dernière instance est composée des anciens VPE, investis deux ans après leur mandat.
Faciliter la mission des VPE
La CEVPU n’a pas de poids politique et doit rester neutre, car elle regroupe des VPE de plusieurs listes étudiantes. Notre mission première n’est pas tant de porter des projets que de faciliter la mission des VPE et nous pencher sur leurs conditions d’exercice.
Quelles sont les difficultés que rencontrent les vice-présidents étudiants ?
À la fois étudiants et membres de l’équipe présidentielle, les VPE connaissent beaucoup de fatigue et de pression. Ils doivent trouver la bonne posture pour porter la voix des étudiants face aux enseignants et aux membres de l’équipe présidentielle.
Un texte qui cadrerait la mission et les droits du VPE.
Ces conditions difficiles sont particulièrement remontées ces dernières années. Nous avons identifié que ces problématiques étaient liées au fait que nos postes ne sont pas assurés. Nous ne bénéficions pas des droits des autres vice-présidents, ni en termes de rémunération ou d’aménagements d’emploi du temps, ni sur d’autres avantages comme l’accès à un ordinateur de fonction.
C’est pourquoi nous travaillons sur un texte qui cadrerait la mission et les droits du VPE, qui sera soumis au ministère dans l’optique d’être publié en début d’année universitaire 2023-2024.
Les VPE ont été mis sous le feu des projecteurs lors de la crise sanitaire. Cette période a permis de mieux travailler avec les équipes. Il s’agit désormais de continuer à suivre cet élan.
Quels sont les freins à l’engagement et quels sont les besoins ?
On ne valorise pas assez l’engagement des VPE qui ont des postes chronophages et jonglent avec de nombreux contacts, notamment pour le suivi des associations étudiantes.
Être VPE nécessite d’avoir un œil sur tout et demande de nombreuses connaissances sur l’écosystème complexe qu’est l’ESR. Il y a d’ailleurs un besoin de formation sur ce sujet.
Il est en outre nécessaire de communiquer autour de l’engagement étudiant pour que ceux qui nous entourent comprennent ce que l’on fait. Les faibles pourcentages de vote aux élections étudiantes le montrent : les étudiants ne connaissent pas forcément leurs élus.
C’est pourquoi nous étudions des pistes pour avoir plus de visibilité. Des initiatives intéressantes existantes comme à Le Mans Université qui organise une semaine « Un jour, une association ».
CVEC, mobilisations étudiantes, vie de campus… Quels sont vos chantiers actuels ?
L’an dernier, nous avons étudié les chiffres de l’utilisation de la contribution vie étudiante et de campus (CVEC), c’est un sujet que nous suivons de près. Une partie du travail a été fait et a permis d’instaurer des participations étudiantes systématiques au sein des commissions. Désormais, nous demandons à une présence de 50 % d’étudiants.
Être le relais entre la gouvernance et les grévistes.
Quant aux manifestations sur les campus, la question de la place du VPE se pose. En tant que figure neutre, il peut être le relais entre la gouvernance et les grévistes. Ça a été le cas à l’Université d’Angers où le vice-président étudiant était le seul membre de l’équipe présidentielle invité aux assemblées générales. Cela a permis de recréer le dialogue et l’échange.
Sur les sujets de vie de campus, nous faisons notamment partie du comité de travail de la Direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle (Dgesip) sur les schémas directeurs de la vie étudiante (SDVE). Nous apportons un point de vue étudiant au sein des différentes sections sur le logement, etc. Concernant les réformes, nous sommes généralement appelés à intervenir en fin de route, après que les associations représentatives se sont exprimées.
Par ailleurs, la précarité étudiante est une thématique constante même si elle n’est abordée que « par vagues » dans les médias.
Avec quelles associations et institutions échangez-vous régulièrement ?
Nous échangeons avec des réseaux tels que celui des présidents d’établissements, France Universités, celui des vice-présidents vie étudiante, de campus et universitaire (Vécu), l’Association des directeurs généraux des services (ADGS), mais aussi l’Association des villes universitaires de France (Avuf)…
Avec le ministère de l’ESR, nous souhaitons pouvoir continuer à travailler toujours aussi bien, à être consultés, à pouvoir faire remonter les questionnements, etc.
Quels sont vos prochains événements ?
Nous organisons des rencontres nationales chaque trimestre. Nous allons à cette occasion dans une université et découvrons ses spécificités. La prochaine édition aura lieu en juillet 2023.