Tour de France des assos : « Un besoin de mettre en place des équipes pérennes », à la CPED
Par Marine Dessaux | Le | Rse - développement durable
Campus Matin prend le pouls des associations « métier » de l’enseignement supérieur et de la recherche. La conférence permanente des chargés de mission égalité, diversité ne cesse de se développer depuis sa création en 2011. Philippe Liotard, son président, fait le point.
Cette semaine, dans le « tour de France » des associations métier de Campus Matin, rendez-vous avec la Conférence permanente des chargés de mission égalité, diversité ou mission assimilée (CPED). Entretien avec Philippe Liotard, président de l’association et chargé de mission égalité-diversité à l'Université Claude Bernard Lyon 1.
Quels sont les chantiers en cours pour la CPED et ses membres ?
Philippe Liotard : En 2021-2022, la CPED s’est renforcée : elle a reçu des financements du ministère qui ont permis de développer nos actions et de recruter deux personnes. Une cheffe de projet est désormais en charge des activités de formations sur les violences sexistes et sexuelles (VSS).
En décembre, nous avons sorti un kit de prévention de la discrimination avec l'Association Française des Managers de la Diversité, les retours sont très positifs. Les gens attendaient un tel outil, à la fois théorique et concret.
Notre activité de rencontre a repris, nous nous sommes réunis en décembre à Créteil. Nous sommes également toujours associés à l’organisation des journées nationales des missions égalité de l’enseignement supérieur et de la recherche, ce qui est un signe de reconnaissance.
Plus proche de nous, une bonne partie des établissements ont soumis des dossiers pour l’appel à projets « Soutien aux établissements d’enseignement supérieur et de recherche dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles », lancé le 15 octobre 2021 par le ministère de l’enseignement supérieur.
Dans notre précédente interview, Sandrine Rousseau, ancienne présidente de la CPED, disait : « Les chargés de mission égalité sont souvent très seuls. » Est-ce toujours le cas ?
Oui et non, il faut se méfier de la nomination des chargés de mission égalité et diversité qui n’est pas toujours synonyme de moyens. En outre, ces personnes, souvent des enseignants-chercheurs, peuvent être un peu isolées quand elles arrivent et elles ne savent pas toujours par où commencer.
Sans personnel d’appui, il faut négocier avec les autres services
Sans personnel d’appui, il faut négocier avec les autres services pour monter un projet à l’échelle d’un établissement. Des financements comme la contribution vie étudiante et de campus (CVEC) ou les appels à projets sont importants pour recruter une équipe pérenne.
Dans tous les cas, la CPED est là, en tant que structure nationale, pour répondre aux questions de ces personnes nommées et qui se retrouvent avec une montagne de choses à faire. Lorsque nous nous rassemblons, on se rend compte de tout ce qui peut être fait. Cela peut d’ailleurs donner l’impression de ne pas en faire assez et devenir angoissant pour des chargés de mission qui sont toujours engagés sur ces questions.
Quel impact de la Loi de programmation de la recherche (LPR) sur l’égalité et la diversité ?
Nous observons de près le repyramidage, il va y avoir beaucoup de promotions et il faut voir si ça contribue à la parité chez les maîtres de conférences. Mais en réalité on est assez inquiets. Cela risque d’accentuer les inégalités.
Quels sont vos liens avec le ministère de l’enseignement et de la recherche ?
Nous avons un groupe de travail sur les VSS avec le cabinet. Par ailleurs, il y a toute une équipe déployée sur les questions d’égalité et de diversité qui était déjà en place avant le mandat de Frédérique Vidal [ancienne ministre de l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation, NDLR] et avec qui nous travaillons régulièrement.
Quels sont vos projets à venir ?
Nous envisageons de créer et mettre à disposition des outils en ligne. Pendant la Covid, la sensibilisation via internet a permis de toucher beaucoup de monde. Sur la question des VSS, il y a des étudiants qui n’osent pas en parler en face à face et pour qui le distanciel est un atout.
Coupler ces sensibilisations à des ressources
Néanmoins, ces sujets peuvent générer des réactions douloureuses et à distance, on ne sait pas ce qui se passe. C’est pourquoi il faut coupler ces sensibilisations à des ressources : des associations ou professionnels de santé qui pourront offrir un accompagnement. C’est une démarche qui vaut également pour le face-à-face.
Nous pensons également à développer une formation pour les chargés de mission. Le ministère a déjà fait un bon premier pas en proposant des formations aux personnels des dispositifs et aux membres des commissions disciplinaires cette année, dans le cadre de son plan de lutte national contre les VSS. Cependant, le métier de chargé de mission est spécifique et nécessiterait une formation complémentaire en plus de celle du ministère. C’est quelque chose que nous avons en tête depuis un certain temps et que nous devrions pouvoir développer avec France Université.
Retrouvez les autres étapes de notre tour de France des associations métiers !
Retrouvez les autres étapes de notre tour de France des associations métiers !
Top départ avec les vice-présidents vie étudiante et de campus : à Vécu. Suivi d’un petit tour au pays des vice-présidents du numérique avec VP-Num.
Crochet par l’Association des responsables techniques immobilières de l’enseignement supérieur (Artiès) et un arrêt, du côté de la Fédération interuniversitaire de l’enseignement à distance (Fied).
Enfin une visite au Réseau des responsables vie étudiante (R2VE) et à l'Association des directeurs et personnels de direction de bibliothèques universitaires (ADBU).