Vie des campus

Tour de France des assos : le R2VE à la recherche du référentiel perdu

Par Enora Abry | Le | Expérience étudiante

Avant l’été, Campus Matin va à la rencontre des associations et fédérations du sup'. La loi ORE, la création de la CVEC et la crise sanitaire ont rendu les enjeux de vie étudiante incontournables. Mais ces événements mettent aussi en lumière le manque de définition et de reconnaissance des métiers correspondants. Campus Matin fait un point avec le réseau des responsables vie étudiante, le R2VE.

R2VE se rapproche des vice-présidents vie étudiante via le réseau Vécu - © D.R.
R2VE se rapproche des vice-présidents vie étudiante via le réseau Vécu - © D.R.

Campus Matin part à la rencontre des associations métier de l’ESR. Cette semaine nous avons rendez-vous avec le R2VE, le réseau qui rassemble les responsables de vie étudiante d’une quarantaine d’établissements publics du supérieur. Quelles évolutions le réseau a-t-il observées au cours de ces dernières années, riches en nouveautés, entre la mise en place de la loi ORE (Orientation et réussite des étudiants) et la crise sanitaire ? Entretien avec Tiffany Audoux, présidente du R2VE depuis 2019 et responsable vie étudiante de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Quel est l’historique du R2VE ?

Tiffany Audoux : Le R2VE a été créé en 2014 par Julie Belleil, qui était alors directrice de la vie étudiante de l’Université de Nantes. Elle s’était rendu compte que rien ne réunissait les responsables de vie étudiante alors que ces services commençaient à prendre de l’ampleur au sein des universités. Au début, il s’agissait d’un simple espace de discussion entre quelques opérationnels.

Aujourd’hui nous avons un bureau de huit personnes composé de la présidente, d’un vice-président, un trésorier, un trésorier adjoint, une secrétaire et une secrétaire adjointe ainsi qu’un chargé de mission séminaire qui provient de l’université accueillant le séminaire. Cette année, il s’agissait de l’Université de Lille. Et au total, nous avons des adhérents dans 40 universités, un chiffre qui augmente chaque année.

Quel impact a eu la loi ORE sur les membres du réseau ?

Tiffany Audoux est responsable vie étudiante à l’Université Paris 1 - © D.R.
Tiffany Audoux est responsable vie étudiante à l’Université Paris 1 - © D.R.

Avant la loi ORE de 2018, la question de la vie étudiante était la cinquième roue du carrosse. Depuis, chaque établissement s’est doté d’un vice-président sur ces questions, qu’on le nomme vice-président vie étudiante ou vie de campus.

Les responsables vie étudiante se sont aussi multipliés, seulement… nous n’avons toujours pas de référentiel métier.

Nous n’existons nulle part, alors que c’est un métier qui exige de vraies connaissances et compétences qui devraient être listées. Cette question était d’ailleurs au cœur de l’attention pendant le séminaire que nous avons organisé en mai 2022.

La même année a également été marquée par la création de la Contribution à la vie étudiante et de campus (CVEC)…

C’est aussi une question qui est au centre de nos réflexions. La CVEC nous permet de mener à bien plusieurs projets, toutefois, il faut aussi pouvoir la gérer. C’est une certaine charge de travail. Certes, la CVEC nous permet de recruter, mais il s’agit toujours de contrats à durée déterminée.

Dès lors, nous sommes toujours obligés de former, ce qui prend du temps et donc ne règle pas le problème. En plus, ces CDD à répétitions n’offrent que de la précarité à nos collègues.

Quelles ont été les répercussions de la crise sanitaire sur les responsables vie étudiante ?

Nous sommes face à une surcharge de travail que nous avons du mal à endiguer par le recrutement

Pendant la crise, nous avons dû assumer des missions supplémentaires pour multiplier les aides afin de lutter contre la précarisation des étudiants.

Aujourd’hui, nous gardons cette charge alors que les autres tâches que nous avions dû abandonner pendant la Covid sont revenues, comme les aides aux associations étudiantes par exemple. Nous sommes face à une surcharge de travail que nous avons du mal à endiguer par le recrutement.

Et sur le réseau ?  

Nous avons dû annuler les séminaires, restreindre nos réunions. L’enjeu pour nous aujourd’hui est de le redynamiser.

Nous avons donc repris nos activités, en organisant notre séminaire cette année, mais aussi en reprenant les formations que nous adressons à nos adhérents. Ce sont des formations sur le management ou encore sur l’utilisation des réseaux sociaux faites en partenariat avec Comosup, l’association des responsables de communication des universités. Ces cycles de formation commenceront au mois de novembre.

La crise a aussi restreint les thèmes de discussion que nous avions au sein du réseau. Cela tournait souvent autour de l’aide contre la précarité étudiante. La fin de la crise nous permet aussi d’élargir le débat, de mettre en avant de nouvelles thématiques.  

D’autres grands projets pour R2VE ?

Nous avons deux projets majeurs. Le premier est celui de la reconnaissance de notre métier. Nous voulons lister les compétences qu’il requiert afin d’établir un référentiel métier et qu’ainsi il puisse faire partie des emplois types de l’enseignement supérieur répertoriés sur Referens. Avoir cette base claire permettrait de nous identifier dans un milieu où de nouveaux services et métiers apparaissent régulièrement. Cette clarté serait aussi un atout pour le recrutement.

Notre grand projet est de créer du lien avec d’autres associations

Nous avons déjà entamé ce travail avec l’aide de l’Agence de mutualisation des universités et des établissements (Amue) en questionnant les établissements membres sur leur politique en matière de ressources humaines dans le domaine de la vie étudiante.

Le deuxième grand projet est de créer du lien avec les autres associations, comme l’Association des directeurs généraux des services (ADGS) ou avec les Agents comptables d’universités et d’établissements (AACUE). Nous avons déjà entrepris un rapprochement avec le Réseau des vice-présidents vie étudiante, de campus et universitaire, Vécu, que nous avons d’ailleurs invité à notre séminaire en mai dernier.


Retrouvez les premières étapes de notre tour de France des associations métiers !

Top départ avec les vice-présidents vie étudiante et de campus : à Vécu, on espère que l’expérience de l’apprenant arrive finalement sur le devant de la scène.

Un petit tour au pays des vice-présidents du numérique avec VP-Num, qui s’inquiètent de la tension dans les directions des systèmes d’information.

Crochet par l’Association des responsables techniques immobilières de l’enseignement supérieur (Artiès), qui regrette que les bâtisseurs de l’ESR manquent de bras.

Et un arrêt, du côté de la Fédération interuniversitaire de l’enseignement à distance (Fied) qui promeut l’université pour tous, partout et à tout moment.