Numérique

VP-Num : « La tension dans les DSI nous inquiète »

Par Isabelle Cormaty | Le | Équipements et systèmes d'informations

La crise sanitaire a bouleversé les pratiques et fait la part belle au numérique dans les universités, tant dans l’organisation du travail que dans les enseignements. Mais quelles sont les évolutions durables avec le retour en présentiel ? Tour d’horizon des transformations avec la présidente de l’association des VP-Num, Isabelle Olivier.

L’association des VP-Num a réalisée une étude sur la stratégie numérique des universités. - © Kobu Agency
L’association des VP-Num a réalisée une étude sur la stratégie numérique des universités. - © Kobu Agency

Sous le coup des projecteurs durant la pandémie, le numérique a pris une place importante. Mais qu’en est-il depuis le retour en présentiel des étudiants ? L'association des VP-Num qui regroupe la cinquantaine de vice-présidents numériques des universités françaises a réalisé à la fin de l’année 2021 une étude sur la stratégie numérique dans les universités en lien avec la crise sanitaire. Les résultats de cette enquête réalisée avec l’agence Simone et les Robots ont été dévoilés en avril dernier.

Présidente de l’association des VP-Num depuis novembre 2020, Isabelle Olivier, également vice-présidente en charge du numérique de l'Université Grenoble Alpes, revient pour Campus Matin sur l’évolution de la place du numérique dans les universités. 

Quels usages numériques issus de la crise sanitaire perdurent aujourd’hui dans les universités ? 

Isabelle Olivier : La crise Covid a eu un impact durable dans l’utilisation du numérique au travail. Certes, les personnels n’ont pas découvert le télétravail à ce moment-là, mais la crise l’a amplifié. Le télétravail est complètement intégré dans les organisations. Notre étude montre notamment que l’outil de visioconférence de Renater est celui le plus utilisé dans les universités françaises.

Concernant l’enseignement, la pandémie a permis de démystifier les outils de visioconférence notamment. Mais le Covid n’a pas transformé la pédagogie. 

Notre vision de la fracture numérique a changé avec la crise sanitaire. Des initiatives pour prêter aux étudiants des ordinateurs ou des clés 4G se sont mises en place. Ces partenariats avec des entreprises de l’économie sociale et solidaire qui reconditionnent du matériel perdurent.

Les vice-présidents numériques sont-ils davantage valorisés dans les établissements ?

Isabelle Olivier préside l’association des VP Num. - © UGA
Isabelle Olivier préside l’association des VP Num. - © UGA

Au début de la crise sanitaire, nous n’avons pas eu l’impression d’être valorisés, mais plutôt d’être submergés. Les demandes venaient de toutes parts, à tous les niveaux. Ce fut une période de très compliquée pour les DSI et les VP Num. Néanmoins, notre étude montre que les universités ont été capables de faire face.

Puis se sont succédé des périodes d’incertitude et l’arrivée de l’enseignement comodal. Nous savions faire de l’hybridation, mais pas du comodal. Nous avons été moins réactifs durant cette période. Il était impossible pour les enseignants de faire à la fois cours aux étudiants en présentiel et à ceux en distanciel. Il s’agissait d’une situation insoluble.

Depuis la rentrée 2021, nous ne sommes plus sursollicités pour des problèmes techniques. Nous savons faire face à différentes situations maintenant. Les salles sont équipées pour la comodalité, nous ne reviendrons pas en arrière sur ce point. Les plateformes pédagogiques sont peut-être surdimensionnées, mais peu importe !

L’association des VP-Num a été créée en 2016. Comment a évolué la vie de votre réseau national ces deux dernières années ? 

Nous avons fonctionné pendant 28 mois sans nous voir.

Le bureau actuel de l’association a été élu en novembre 2020. Nous avons fonctionné pendant 28 mois sans nous voir. Nous avons mis en place un forum où nous pouvons partager nos réflexions et interagir sur différents sujets. Cela a fluidifié et intensifié nos échanges. Nous avons aussi organisé très régulièrement des conférences-débats thématiques de deux heures pour échanger. 

Nous nous sommes retrouvés en janvier dernier pour un bootcamp à l’Inalco. Un moment important pour la convivialité et faire connaissance avec les nouveaux vice-présidents nouvellement élus.

Quels sujets préoccupent les vice-présidents numériques ?

La mise en place d’un système d’information décisionnel fait partie des sujets émergents. C’est un réel besoin pour piloter la donnée. Mais comment faire pour interconnecter les données ? Nous n’avons pas encore la réponse. Les personnels métiers doivent définir ce qu’ils veulent mettre en commun et partager en amont.

Nous essayons aussi d’en faire plus autour du numérique responsable, notamment dans les décisions d’achat. Certaines universités ont repoussé la durée de vie de leurs ordinateurs de trois à cinq, voire sept ans par exemple.

La tension dans les Directions des systèmes d’information (DSI) nous inquiète également. Nous souffrons d’une pénurie de personnels formés au numérique dans les établissements. La question de la souveraineté numérique nous préoccupe aussi. Peut-être une solution européenne sera-t-elle mise au point !