La sobriété et la souveraineté, fil rouge des JRES 2024 organisées à Rennes
Par Isabelle Cormaty | Le | Équipements et systèmes d'informations
“Souveraineté et sobriété, reprenons les Rennes”. Tel est le thème de la 15e édition des journées réseaux de l’enseignement et de la recherche (JRES) organisées du 10 au 13 décembre dans le chef lieu de la Bretagne. Un événement fédérateur pour la communauté de l’ESR et pensé avec une attention particulière aux enjeux de transition écologique.
Réunir plus de 1 800 personnes et 70 exposants de l’écosystème éducation et recherche autour des sujets numériques, c’est le défi des journées réseaux de l’enseignement et de la recherche (JRES) qui se déroulent au couvent des Jacobins de Rennes du 10 au 13 décembre.
À l’initiative de Renater, avec les universités de Rennes et Rennes 2 et la région académique Bretagne, les JRES ont pour cette 15e édition battu des records de fréquentation. « L’événement réunit historiquement les équipes infra (réseaux et systèmes), c’est-à-dire la couche invisible des SI, mais qui est indispensable pour les faire tourner et qui est au cœur des enjeux de sécurité », explique Cédric Bréluzeau, DSI de l’Université de Rennes.
La sécurité, un thème majeur des établissements
« Les JRES sont un événement incontournable qui permet le partage d’expérience et de connaissances, la veille technologique et de faire un point d’étape sur les différentes thématiques du congrès », rappelle Franck Commanay, responsable partenariat et valorisation de Renater à News Tank (abonnés).
« La sécurité des SI est devenue un thème majeur, en complément du thème historique du réseau. L’intérêt pour la gouvernance numérique, les enjeux sociétaux et les nouveaux usages croît aussi en comparaison avec l’édition 2022 à Marseille », poursuit-il.
Cédric Bréluzeau, également membre du comité de pilotage de l’événement, complète : « La sobriété numérique et l’IA font partie des préoccupations qui montent fortement dans les établissements. L’ESR n’échappe pas à la vague IA, les participants des JRES réfléchissent au sujet en identifiant les opportunités, mais aussi les enjeux de souveraineté et de sobriété soulevés. »
Les thèmes des JRES font écho à des réflexions nationales et à des enjeux locaux. « L’ESR s’empare de l’IA et certains établissements construisent des outils basés sur des modèles open source et souverains. L’Université de Rennes s’est engagée dans une convention Université en transition », ajoute-t-il.
Dispositif adapté de la convention des entreprises pour le climat, ce projet est un parcours de formation-action qui embarque toute la communauté de l’établissement pour imaginer, en 2030, l’Université de Rennes au service des enjeux de transitions.
Les thèmes de l’événement appliqués à son organisation
« Nous avons essayé de décliner les thèmes des JRES dans l’organisation de l’événement », souligne Franck Commanay. Des travaux ont ainsi été menés pour raccorder le couvent des Jacobins aux réseaux de l’Université de Rennes et l’affiche de l’événement a été réalisée selon la méthode facile à lire et à comprendre (Falc) pour qu’elle soit accessible aux personnes en situation de handicap.
Concernant l’aspect souveraineté, les organisateurs se sont appuyés sur la suite d’outils proposée par Renater (Partage pour la messagerie collaborative, Rendez-vous pour la visioconférence, Evento pour planifier les événements…). « Nous utilisons des logiciels libres et les outils proposés par la communauté, quitte à faire bouger les usages de certains partenaires », commente Arnaud Saint-Georges, DSI de l’Université Rennes 2 et membre du comité de pilotage des JRES.
Pour cette 15e édition, le comité d’organisation s’est doté parmi ses groupes de travail thématiques d’un groupe sur le numérique responsable.
« Il a été créé pour irriguer tous les autres GT et a proposé différentes initiatives : la limitation du matériel informatique, la mise en place d’une plateforme de covoiturage pour les participants, une charte signée par les exposants pour limiter le nombre de goodies… », cite Cédric Bréluzeau.
L’empreinte carbone de l’événement calculée
Outre l’attention portée au numérique responsable, les organisateurs des JRES travaillent avec Labos1point5 pour calculer l’empreinte carbone de l’événement. Fondé en 2019, ce collectif devenu un groupement de recherche, rassemble des personnels d’organismes de recherche autour de la promotion d’un modèle de recherche ayant un impact plus faible sur l’environnement.
« Labos1point5 permet de calculer l’empreinte carbone des laboratoires, par exemple, mais il n’existait rien sur l’empreinte des événements. Nous les avons aidés à créer cette brique qui servira ensuite pour tous les événements de la communauté ESR », annonce Franck Commanay.
Les participants ont ainsi été invités à indiquer dans le formulaire d’inscription le moyen de transport utilisé pour se rendre à l’événement. Seront aussi pris en compte d’autres éléments, comme l’offre alimentaire proposée et les consommations de fluide.
« Une partie de l’activité académique consiste à l’organisation de colloques pour présenter des travaux de recherche. Lors du calcul de l’empreinte carbone des labos, nous prenons en compte les déplacements des chercheurs à ces séminaires. Ce nouveau module sur les événements vient compléter nos autres outils », raconte Matthieu Simonin, ingénieur de recherche au centre Inria de Rennes et membre du collectif Labos1point5.
Dédiée aux colloques et non aux événements avec des exposants, cette brique est actuellement accessible aux bêta-testeurs et sera ouverte à tous début 2025.
Un portail HAL avec toutes les archives de l’événement
Pour cette 15e édition, Renater et le comité d’organisation ont porté le « projet patrimoine » avec le Centre pour la communication scientifique directe (CCSD) pour créer un portail HAL avec toutes les archives des JRES depuis 1995. Y seront référencées toutes les contributions à l’événement.
« Cela nous permet d’assurer la pérennité du contenu scientifique, indique Franck Commanay. Quand les JRES ont été créées, internet était inconnu du grand public et commençait à s’implanter dans les établissements du supérieur. Ces archives retracent toute l’histoire des transformations numériques de l’ESR. »