FUN : refonte du modèle économique pour mieux répondre aux attentes des établissements
Par Isabelle Cormaty | Le | Équipements et systèmes d'informations
Pour mieux répondre aux besoins des écoles et universités, France université numérique souhaite proposer en 2025 une nouvelle offre comprenant un ensemble de services plus larges que la diffusion de Mooc. Voici les contours et les objectifs de ce nouveau modèle.
Quel avenir pour France Université Numérique (FUN) qui opère la plateforme FUN Mooc et mutualise différents services pour les établissements de l’ESR ? Arrivé à la tête de la structure en octobre 2023, son directeur, Ollivier Haemmerlé s’est fixé une priorité : « rendre service aux écoles et universités, du mieux possible ».
En lien avec les conférences d’établissements, le groupement d’intérêt public a mené une enquête auprès des établissements au printemps 2024 pour mieux connaître leurs besoins. Les réponses ont servi de point de départ à la construction d’une nouvelle offre de services et à la refonte du modèle économique de FUN actuellement basé sur trois niveaux d’adhésion (de 5 000 à 50 000 euros) en fonction du nombre de Mooc diffusés sur la plateforme par an.
« Un établissement qui dépose un Mooc sur la plateforme et qui a déjà atteint son “quota” annuel de diffusions peut donc être amené à payer une diffusion supplémentaire pour le proposer à ses propres étudiants », relève le directeur de FUN.
Les établissements adhérents pourront soit conserver leur offre actuelle, soit basculer sur la formule premium. « Le montant de la cotisation sera calculé en fonction du nombre d’étudiants de l’établissement. Ce projet doit encore être validé par nos instances en décembre », explique-t-il.
Cette transformation doit permettre à FUN d’assurer son équilibre budgétaire. « FUN compte aujourd’hui une cinquantaine d’établissements membres, dont la moitié sont des universités, ce qui représente un potentiel de croissance important. Si toutes les universités et les écoles publiques adhéraient, cela favoriserait la mutualisation d’outils et de ressources, tout en entraînant une réduction des coûts et donc une baisse des cotisations pour tous les adhérents », assure-t-il.
« Proposer des services all inclusive »
« L’idée de l’offre premium est de proposer des services all inclusive, sans limitation sur la diffusion des cours. Les établissements pourront utiliser librement les cours qu’ils produisent, ainsi que ceux d’autres établissements », résume Ollivier Haemmerlé.
Actuellement fondé sur une plateforme Open edX pour les contenus gratuits, FUN Mooc s’est ouvert à Moodle en 2023 pour la formation professionnelle et prévoit l’extension de cette possibilité pour les formations gratuites au premier semestre 2025.
Parmi les services inclus dans l’offre premium figurera notamment :
- la délivrance de badges ou de certificats,
- la possibilité de surveiller les étudiants pendant un examen,
- l’outil Ralph pour le stockage des traces d’apprentissage,
- et Warren pour la génération des tableaux de bord pédagogiques.
Promouvoir les formations professionnelles
« Concernant la formation professionnelle, nous apporterons un soin particulier à la promotion des formations proposées par nos membres premium. La part que FUN prélève sur les ventes de formations professionnelles afin d’assurer le fonctionnement de nos plateformes sera moindre pour les membres premium », présente le directeur de FUN.
Le GIP s’occupera alors de la contractualisation entre un apprenant et un établissement.
Une plateforme nationale pour la formation professionnelle ?
Dans le cadre du projet Digital FCU, lauréat de l’appel à manifestation d’intérêt Compétences et métiers d’avenir, la plateforme FUN a vocation à devenir la plateforme nationale de diffusion de toutes les formations professionnelles de l’enseignement supérieur.
« Même si certains établissements étaient réservés sur la viabilité de ce projet au moment de son lancement, ils sont désormais convaincus de l’intérêt de rendre visibles les formations professionnelles de l’ESR sur une plateforme nationale qui devrait avoir un rôle d’amplification. D’autre part, la plateforme FUN est particulièrement fréquentée par un public de “quadras” et “quinquas” CSP+, qui sont une cible de choix pour la commercialisation de formations professionnelles », indique Ollivier Haemmerlé.
Des ressources à disposition des établissements adhérents
En plus des outils, le GIP souhaite proposer aux adhérents premium des formations aux compétences transversales, notamment sur le numérique, avec des contenus préparant à la certification Pix à partir de la rentrée 2025.
« Une dizaine d’établissements produisent à l’initiative de FUN des formations dans ce domaine. Avec ces ressources, les établissements bénéficieront de ressources pédagogiques de qualité, et même si l’accompagnement des étudiants restera sous la responsabilité des établissements, des économies de masse salariale seront possibles grâce à un moindre appel à la vacation », précise Ollivier Haemmerlé.
En 2026, une initiative similaire devrait être proposée sur le renforcement des compétences en expression écrite en français, avec la certification écri+.
« Cette démarche pourrait s’étendre à d’autres domaines, comme les formations en langues ou la transition écologique. Ces formations aux compétences transversales seront utilisables en formation initiale ainsi qu’en formation professionnelle », annonce le directeur de FUN.
Une brigade d’ingénieurs pédagogiques mobilisable
Les adhérents premium pourront aussi bénéficier de moyens humains. À commencer par une équipe de production audiovisuelle disponible durant trois jours gratuitement, puis à tarif réduit au-delà de cette durée. Cela sera complété par une brigade d’ingénieurs pédagogiques pour l’accompagnement à l’hybridation des formations.
« L’offre Premium inclura quatre jours d’intervention d’un binôme d’ingénieurs pédagogiques, mobilisable sur demande, pour un renforcement ponctuel sur un projet spécifique nécessitant des compétences que l’établissement ne possède pas par exemple », illustre Ollivier Haemmerlé.
Les ingénieurs pédagogiques de FUN seront impliqués. « J’espère conclure un partenariat avec les universités numériques thématiques de l’Université numérique pour renforcer ce dispositif, avec pourquoi pas des binômes ingénieurs l’Université numérique et France université numérique », ajoute-t-il.
L’outil de visioconférence BBB opéré pour le ministère
Depuis mars 2023, le ministère de l’enseignement supérieur propose quatre outils numériques open source gratuitement aux établissements publics, dont la plateforme de visioconférence BigBlueButton (BBB), opérés par FUN.
« Nous proposons des services supplémentaires via Marsha, notre solution qui encapsule BBB. Marsha permet notamment d’enregistrer les cours, de les stocker et de proposer de la vidéo à la demande. Nous travaillons également sur une fonctionnalité de transcription automatique de vidéos qui permettra prochainement le sous-titrage automatique en français puis en langues étrangères de l’ensemble de notre catalogue. Là encore, les établissements adhérents de l’offre premium pourront réaliser des économies budgétaires, sur leurs abonnements aux services de visioconférences et de VOD », souligne Ollivier Haemmerlé.