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Tour de France des assos : « Un véritable poids politique » pour l’ADBU

Par Enora Abry | Le | Personnels et statuts

Avant l’été, Campus Matin va à la rencontre des associations « métier » de l’enseignement supérieur. Après la crise sanitaire, avec ses bibliothèques universitaires fermées, puis sous jauges avant d’être pleinement rouvertes, comment se porte l’Association des directeurs et personnels de direction de bibliothèques universitaires (ADBU) ? Campus Matin prend des nouvelles auprès de son président, Marc Martinez.

L’ADBU est une association qui unit plus de 850 membres partout en France - © D.R.
L’ADBU est une association qui unit plus de 850 membres partout en France - © D.R.

Campus Matin part à la rencontre des associations métier de l’ESR. Cette semaine, rendez-vous avec l’ADBU, l’association qui regroupe les directeurs et personnels de direction des bibliothèques universitaires et de la documentation. Quel bilan pour ces lieux qui ont dû cesser toute activité en présentiel pendant plusieurs mois durant la pandémie ? Entretien avec Marc Martinez, président de l’ADBU depuis 2019 et directeur des ressources et de l’information scientifique à Sciences Po Paris.

Quel bilan pour l’association après la pandémie ?             

Marc Martinez est président de l’ADBU depuis 2019. Il dirige la bibliothèque de Sciences Po Paris. - © D.R.
Marc Martinez est président de l’ADBU depuis 2019. Il dirige la bibliothèque de Sciences Po Paris. - © D.R.

Marc Martinez : Nous avons tenu une assemblée générale au mois de mars dernier. Nous avons pu faire le point. De toute évidence, notre association a tenu bon durant la crise Covid. Notre modèle économique a montré sa résistance, car nos comptes sont stables et positifs. La santé morale de l’association est également bonne, car son nombre d’adhérents ne cesse de croître. En une dizaine d’années, nous sommes passés de 350 à 850 membres.

Nous avons à présent un véritable poids politique et nous pouvons influer en bien sur les politiques des systèmes d’information du ministère. Pendant la Covid, par exemple, nous avons été consultés par le ministère pour discuter des jauges et des mesures sanitaires.

Quelles évolutions pour le métier de bibliothécaire universitaire ces dernières années ?

Nous parlons souvent de l’évolution de nos métiers face au développement du numérique. En réalité, nous sommes sur ce front depuis une trentaine d’années. Nous avons toujours été dans la formation à la maîtrise de ce type d’outils pour les usagers. Cependant, le numérique étant de plus en plus pervasif, ce rôle-là est plus présent.

Le véritable changement dans notre métier est le renforcement de la fonction de pilotage

En revanche, le véritable changement dans nos métiers est le renforcement de la fonction de pilotage.

Le bibliothécaire est un couteau suisse qui fait des formations, guide les usagers, parle du budget, des ressources humaines, etc. Il est en interconnexion constante avec d’autres pôles des établissements.

D’ailleurs, les formations du personnel se mettent au diapason de ces nouveaux enjeux. À l’Enssib (École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques), les futurs cadres apprennent le travail en collaboration ou encore les questions de sciences ouvertes qui nécessitent un dialogue avec les chercheurs. Pour les magasiniers, des formations continues leur permettent d’acquérir ces compétences.

Les problématiques qui émergent ?

Le nombre de places en bibliothèque ne suit pas la démographie étudiante

La problématique que l’ADBU veut mettre en avant est celle des moyens, car le nombre de places en BU ne suit pas la démographie étudiante. Allonger les horaires d’ouvertures ne suffit pas. Il faut plus de mètres carrés, mais aussi plus de personnels pour les gérer. Malheureusement, le fait de financer sur projet ne suffira pas à endiguer le problème, nous insistons sur le fait que les BU doivent bénéficier de ressources pérennes.

Quels projets à venir ?

Nous en avons plusieurs. Nous formons des délégations sur la science ouverte dans les universités, car en matière de diffusion de l’information, les BU sont un levier essentiel.

Nous sommes aussi engagés dans des réflexions avec le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche et le ministère de la culture sur l’évolution de nos métiers. Par ailleurs, nous avons une commission qui y réfléchit constamment et qui a un programme pour 2022-2024 composé de trois axes : 

  • Mener une étude sur l’évolution des métiers et des compétences dans les BU ; 
  • Faire évoluer notre référentiel métier pour y faire entrer les nouvelles compétences ; 
  • Fédérer notre communauté de professionnels autour de sujets tels que l’UX design ou les échanges inter-BU. 

Ces réflexions nécessitent plusieurs réunions par an, et cela se fait en connexion avec différents acteurs du domaine comme l’Enssib.

Ensuite, l’année prochaine, nous présenterons un « Plan BU 2030 » qui donnera des pistes de solutions à toutes les problématiques que nous avons évoquées.


Retrouvez les autres étapes de notre tour de France des associations métiers !

• Top départ avec les vice-présidents vie étudiante et de campus : à Vécu, on espère que l’expérience de l’apprenant arrive finalement sur le devant de la scène.

• Un petit tour au pays des vice-présidents du numérique avec VP-Num, qui s’inquiètent de la tension dans les directions des systèmes d’information.

• Crochet par l’Association des responsables techniques immobilières de l’enseignement supérieur (Artiès), qui regrette que les bâtisseurs de l’ESR manquent de bras.

• Un arrêt, du côté de la Fédération interuniversitaire de l’enseignement à distance (Fied) qui promeut l’université pour tous, partout et à tout moment.

• Une visite au Réseau des responsables vie étudiante (R2VE), qui raconte sa quête pour faire reconnaître au mieux le métier qu’il représente.