Vie des campus

Les établissements dans les starting-block pour relancer le sport

Par Pauline Tressols | Le | Expérience étudiante

Pour votre santé, pratiquez une activité physique régulière. Après deux ans de pratique sportive en pointillés, cet adage est de nouveau honoré dans le supérieur. Entre inauguration d’un nouvel espace sportif, création d’un complexe omnisports et activité physique obligatoire, l’Université Côte d’Azur, l’Université Paris-Saclay et le Pôle Léonard de Vinci encouragent leurs étudiants à le respecter.

Cohésion, santé, attractivité : ce que le sport apporte aux étudiants - © Pexels
Cohésion, santé, attractivité : ce que le sport apporte aux étudiants - © Pexels

Jeudi 16 septembre, l’Université Côte d’Azur a inauguré son nouveau complexe sportif sur le campus Saint-Jean-d’Angély à Nice dans les Alpes-Maritimes.

Après deux ans de travaux et un coût d’un million d’euros, ces 600 mètres carrés, dotés d’une salle de musculation entièrement équipée, d’une salle de fitness et de 25 postes de vélo, s’ajoutent aux 15 000 mètres carrés d’installations sportives existantes sur les autres campus de l’université.

« Je suis sûr que cet endroit va être victime de son succès », affirme Jeanick Brisswalter, président de l’Université Côte d’Azur au moment de l’inauguration. 

L’espace est à la fois destiné à l’activité sportive en loisir des étudiants et membres du personnel de l’université et à la préparation physique des sportifs de haut niveau, soit à plus de 10 000 pratiquants ; un nombre que Jeanick Brisswalter espère voir augmenter. Depuis 2018, l’Université Côte d’Azur s’est lancée dans une politique de réhabilitation de ses équipements sportifs, avec près de trois millions d’euros déjà engagés.

À droite, Jeanick Brisswalter inaugure la nouvelle salle de sport de l’Université Côte d’Azur.  - © Pauline Tressols
À droite, Jeanick Brisswalter inaugure la nouvelle salle de sport de l’Université Côte d’Azur. - © Pauline Tressols

D’importants investissements pour encourager la pratique du sport

Patrick Maupu est le directeur du Suaps de l’Université Paris-Saclay.  - © Université Paris-Saclay
Patrick Maupu est le directeur du Suaps de l’Université Paris-Saclay. - © Université Paris-Saclay

De son côté, l’Université Paris-Saclay construit le centre omnisports universitaire de Moulon.

« La livraison, initialement prévue pour fin septembre, est reportée au mois de novembre pour une ouverture effective en janvier 2022 », indique Patrick Maupu, directeur du Service universitaire des activités physiques et sportives de l’université (Suaps).

Pour 42,6 millions d’euros et en deux ans de chantier, 12 000 mètres carrés de bâtiments et 56 000 mètres carrés de terrains extérieurs voient le jour.

Des équipements dédiés à de nombreux sports

Le centre omnisports de Moulon sera notamment composé de : 

  • 4 terrains synthétiques et un complexe d’athlétisme en extérieur ;
  • 4 gymnases pour les sports collectifs intérieurs ;
  • 4 courts de tennis couverts ;
  • des tribunes pouvant contenir 600 places ;
  • deux salles de classe dédiées aux étudiants de la faculté des sciences du sport ;
  • une salle dédiée à la recherche.

À l’image de l’Université Côte d’Azur, l’Université Paris-Saclay entreprend une campagne de développement de ses infrastructures sportives.

Le futur parvis du centre omnisports de Moulon. - © Universite Paris-Saclay
Le futur parvis du centre omnisports de Moulon. - © Universite Paris-Saclay

« Nous allons démarrer un nouveau chantier en janvier 2022 sur le secteur de Corbeville pour une ouverture souhaitée en septembre 2023 et créer un centre aquatique pour 2025 », poursuit Patrick Maupu, également enseignant pour les étudiants en Sciences et techniques des activités sportives (Staps). 

86 activités physiques sportives et artistiques sont proposées pour le loisir et le haut niveau au sein de ces installations sportives mutualisées. Autrement dit, utilisées par l’université et par les autres écoles qui lui sont affiliées, telles que l’École nationale supérieure de Saclay, CentraleSupélec, AgroParisTech ou l’Ensta. 

« Avant le Covid, 5 630 pratiquants, dont 10 % de personnels, étaient inscrits au Suaps, décompte Patrick Maupu. Après ces 18 mois particuliers, la vie reprend, mais le niveau d’activités n’est pas tel qu’il était il y a deux ans. Cette perspective d’infrastructure sportive neuve est une chance : elle va participer l’engouement pour la reprise du sport. »

Un attrait amplifié par la gratuité de deux créneaux de pratique hebdomadaires par étudiant, quelle que soit la discipline sportive choisie.

Démocratiser le sport en France

« Permettre à chaque étudiant d’accéder à des installations et équipements sportifs dédiés aux établissements d’enseignement » : c’est ce que prévoit un amendement à la proposition de loi « Démocratiser le sport en France », adopté en commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale en mars 2021. Objectif : étendre la pratique sportive dans le supérieur.

Formation, recherche et qualité de la vie étudiante : les missions du supérieur

« Le sport permet aux étudiants de s’évader » affirme Céline Graët. - © Pôle Léonard de Vinci
« Le sport permet aux étudiants de s’évader » affirme Céline Graët. - © Pôle Léonard de Vinci

Épanouissement, équilibre, bien-être physique, bien-être mental… Les bienfaits du sport ne sont plus à prouver.

« L’Université Côte d’Azur est dite d’excellence depuis 2016 (elle a obtenu le label Idex), précise son président, Jeanick Brisswalter. Mais l’excellence, ce n’est pas seulement la recherche et la formation. C’est aussi la qualité de vie que l’on peut apporter sur les campus pour étudiants et personnels et qu’il ne faut pas négliger. »

Pour autant, le sport reste optionnel. 

« Au Groupement national des directeurs de Suaps, nous ne sommes pas en faveur de l’obligation du sport pour tous les étudiants, mais pour que les étudiants puissent avoir une UE sport durant deux semestres sur six en licence. C’est une question d’effectifs et de faisabilité », explique Patrick Maupu, son vice-président.

Une activité physique imposée

Au Pôle Léonard de Vinci, qui comprend une école d’ingénieurs (Esilv), une autre de commerce (EMLV) et une troisième dédiée au digital (IIM), le sport fait quant à lui partie intégrante de la formation des 3 500 étudiants des trois premières années.

Il est dispensé par des professeurs titulaires d’un diplôme d’éducation physique et géré par le département des sports, dont Céline Graët est responsable. Elle prône la pratique sportive pour tous :

« Beaucoup d’étudiants abandonnent le sport quand ils commencent les études par manque de temps. Ici, le jeudi après-midi est banalisé pour qu’ils puissent pratiquer. »

Le cheerleading figure parmi les disciplines proposées au pôle. - © Pôle Léonard de Vinci
Le cheerleading figure parmi les disciplines proposées au pôle. - © Pôle Léonard de Vinci

En début d’année, chaque élève choisit son activité et son mode de pratique parmi 36 disciplines en initiation et 19 en compétition.

Un dojo, deux salles de fitness ainsi qu’une salle de cardio et de musculation, accessibles aux étudiants des écoles et au personnel en dehors du créneau du jeudi, sont opérationnels au pôle.

En plus, des partenariats avec 20 infrastructures sportives extérieures proches du pôle sont mis en place pour accueillir les étudiants.

Acquérir des “soft-skills” par le sport

Si la pratique du sport est exigée, chacun a la possibilité de valider le module sportif sans prérequis physique ou tactique, car 50 % de la notation se base sur les compétences techniques et 50 % évaluent les compétences comportementales.

Pour Céline Graët, le sport au Pôle Léonard de Vinci est envisagé comme incubateur de savoir-être indispensable pour faire la différence sur le marché du travail :

« La rigueur, le respect ou l’entraide sont des valeurs transmises par le sport que les étudiants retrouvent dans le milieu scolaire et à l’avenir dans le milieu professionnel. »  

Une politique axée sur le « sport santé »

Dans les universités, la notion de « sport santé » est mise en avant. À Nice, le nouvel espace sportif s’adresse également à la réathlétisation et la gestion des états de santé dégradés, en prise directe avec le Service de santé universitaire (SSU), situé sur le même campus.

« Après cette période de confinements successifs, je crois que nous avons vraiment besoin de nous remettre en activité. Dans cette perspective, des opérations pourront être menées conjointement avec le SSU », évoque Jeanick Brisswalter, ancien chercheur à l’Institut national du sport de l’expertise et de la performance (Insep).

« Depuis cette année, les médecins du SSU Paris-Saclay prescrivent du sport sur ordonnance avec un protocole de prise en charge », souligne Patrick Maupu.

La condition physique des étudiants évaluée

Une initiative qui s’ajoute au passage de tests de conditions physiques par les primo-entrants dans cette l’université depuis quelques années.

« Les étudiants passent ces tests et entrent leurs résultats dans une application, d’où ressortent des statistiques. Il y a deux ans, 30 % d’entre eux ont obtenu une note inférieure à 08/20 quand 30 % étaient au-dessus de 15/20 », raconte le directeur du Suaps.

Projection de l’un des gymnases du COUM. - © Photos © S.Chalmeau
Projection de l’un des gymnases du COUM. - © Photos © S.Chalmeau

L’objectif de ces tests : alerter sur le niveau de condition physique des élèves, « qui s’améliore quand on la travaille », et les encourager à la pratique sportive.

En ce qui concerne le personnel et la lutte contre la sédentarité au travail, des entraînements spécifiques sont organisés dans les services, comme avec des swissball pour les douleurs au dos.

Des maux également éprouvés par de plus en plus d’étudiants, pour qui le Pôle Léonard de Vinci envisage des cours d’aquagym afin d’y remédier.

Favoriser les liens sociaux par l’activité physique

Au pôle Léonard de Vinci, la pratique sportive est transverse aux trois écoles et aux trois premières années. « Tous les étudiants exercent ensemble. Grâce au sport, ils s’ouvrent aux autres : c’est un vecteur de lien social fort », constate Céline Graët.

Avrion Devinci est une des associations sportives du pôle. - © Pôle Léonard de Vinci
Avrion Devinci est une des associations sportives du pôle. - © Pôle Léonard de Vinci

Les 22 associations sportives que compte le pôle permettent aussi de créer des liens : « Chacune propose des tournois et organise des événements internes, comme les Léolympiades, ou ouverts aux autres écoles. Les plus compétentes participent à des compétitions universitaires et représentent le pôle », complète la responsable du département des sports.

Un aspect que l’on retrouve du côté de Paris-Saclay : « Les équipes de nos ‘sports orphelins’, tel que le water-polo, sont constituées d’étudiants de campus différents », signale Patrick Maupu, qui rappelle la fusion des cinq associations sportives de l’université en une seule pour plus de cohésion, l’Association sportive de l’Université Paris-Saclay (Asups), affiliée à la Fédération française des sports universitaires (FFSU).

Le sport pour développer le sentiment d’appartenance à son établissement

Au centre omnisports universitaire de Moulon, d’importants logos de l’Université Paris-Saclay seront placés au centre des terrains et une gamme vestimentaire de maillots à l’image de l’université va être développée.

« Un mur à l’effigie des sportifs prestigieux passés par ici, comme Brice Guyart, double champion olympique d’escrime, sera inauguré », anticipe Patrick Maupu.

De son côté, Céline Graët considère que le sport contribue à la notoriété de Léonard de Vinci :

« Certains étudiants s’inscrivent dans nos écoles parce que le sport y est obligatoire. D’autres sont attirés par l’ambiance véhiculée par les associations sportives, qui s’entraînent dans nos salles lors des journées portes ouvertes. Le sport et nos associations sont une très belle vitrine du pôle. »

« Nous sommes l’Université Côte d’Azur » : un sentiment d’appartenance affiché - © Pauline Tressols
« Nous sommes l’Université Côte d’Azur » : un sentiment d’appartenance affiché - © Pauline Tressols

D’après Jeanick Brisswalter, le nouvel espace sportif est une façon de redynamiser le campus Saint-Jean-d’Angély où le sport manquait. « La salle participe à l’attractivité du lieu : pour nous, c’est stratégique. Maintenant, il n’y a plus qu’à en profiter et faire davantage bouger son corps que durant les derniers mois. »

Un label « Génération 2024 »

L’Université Paris-Saclay et le pôle Léonard de Vinci sont lauréats du label Génération 2024 depuis février 2019 et l’Université Côte d’Azur depuis avril 2021.

Créé en 2018 par les ministères de l’Éducation nationale, de la jeunesse et des sports (MENJS) et de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (Mesri) à l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, ce label vise à encourager la pratique physique et sportive des jeunes de l’enseignement primaire, secondaire et supérieur.

Pour obtenir le label, quatre critères sont à respecter :

• Développer des projets structurants entre les établissements supérieurs et les clubs sportifs du territoire ;
• Participer à la recherche et aux événements olympiques et paralympiques ;
• Accompagner ou accueillir des sportifs de haut niveau ;
• Ouvrir les équipements sportifs des établissements supérieurs aux clubs et entreprises locales pour favoriser la pratique sportive.