Sport et bien-être : réunis par leur université, ces étudiants ran-donnent tout sur le GR 75 !
Par Antoine Bovio | Le | Expérience étudiante
Pour faire du sport un outil de bien-être, le Suaps de l’Université Sorbonne Nouvelle, a intégré la marche dans son catalogue d’activités sportives. Après des entraînements animés par l’enseignante Colette Nadin, une randonnée de quatre jours sur le GR 75 a été organisée en juin. Campus Matin a enfilé ses chaussures pour emprunter un itinéraire qui passe devant plusieurs installations olympiques.
Selon une enquête de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Ances) de 2022, 95 % de la population française adulte est exposée à un risque de détérioration de la santé à cause d’une trop grande sédentarité. A cela s’ajoute une anxiété grandissante des jeunes depuis la pandémie qui augmente le risque de maladies chroniques.
Face à ces constats, depuis 18 ans, Colette Nadin, enseignante du service universitaire des activités physiques et sportives (Suaps) au sein de l’Université Sorbonne Nouvelle, a décidé de promouvoir le sport bien-être.
« Avec mes étudiants, nous travaillons sur le bien-être à tous les niveaux : physique, mental, émotionnel, relationnel… Le tout en pratiquant des activités comme le tai-chi, le qi gong, la gestion du stress, la danse du souffle », évoque-t-elle.
Intégrer les vertus la marche au programme du Suaps
En 2024, l’enseignante a décidé d’intégrer la marche dans les activités physiques que propose le Suaps : « On ne marche pas assez alors que cela permet d’être en lien avec les autres, de parler avec eux. Être dans la nature développe par ailleurs une sensibilité à la cause environnementale. »
Elle se fixe alors un objectif : réaliser un sentier de grande randonnée (GR) avec un groupe d’étudiants et de personnels de l’université. Le GR 75, un parcours parisien de 55 kilomètres, retient son attention.
L’itinéraire du GR 75
Le GR 75, aussi appelé GR 2024, est le premier sentier de grande randonnée 100 % parisien. Il a été créé en 2017, dans le cadre du plan d’accompagnement de la candidature de Paris aux Jeux olympiques et paralympiques de 2024. Il sillonne des installations ayant accueilli des épreuves des Jeux olympiques parisiens de 1900 et 1924, comme des installations utilisées pour ceux de 2024.
Sur un tracé articulé en 13 tronçons de quatre kilomètres, il suit le pourtour de Paris du boulevard des Maréchaux au périphérique et traverse une portion de la petite ceinture.
Un groupe de taille restreinte
Colette Nadin constitue un groupe restreint de huit étudiants et refuse donc des candidatures. Un choix qu’elle justifie pour deux raisons : « Je ne me sentais pas de partir avec un groupe de 20 personnes. Dans les rues parisiennes, c’est une grosse gestion. Il y avait l’idée de créer un vrai groupe : il me tient à cœur que ce soit le même nombre qui démarre que celui qui termine, sans laisser personne en carafe dans cette aventure. »
Pour bien préparer ces quatre jours ensemble du 3 au 6 juin, l’enseignante du Suaps a tenu à rencontrer à diverses reprises les participants, tant pour jauger leur motivation que leur endurance.
« Il fallait qu’ils se rendent compte de ce que c’est que de marcher plusieurs heures d’affilée entre 10 et 12 kilomètres. Je les ai aussi initiés à ce que c’est que le GR et comment fonctionnent les balisages, les cartes, la lecture de cartes, etc. Afin qu’ils soient en autonomie le jour J. »
Offrir un autre regard sur la capitale
C’est une des particularités de ce GR 100 % parisien : sa multitude d’espaces verts. On en dénombre plus de 70 sans quitter la capitale sur le parcours.
Une opportunité pour les randonneurs séduits par le challenge de découvrir un Paris plus vert, moins pollué et bétonné. C’est ce que retient Adrien Peuple, doctorant en deuxième année au département littérature de Sorbonne Nouvelle qui vit à Alfortville et se rend souvent sur Paris.
« Je ne pensais pas qu’il y avait autant d’espaces verts. J’ai été émerveillé par le passage de Bourgoin, en plein cœur du quartier urbain de la place d’Italie où il y a des bâtiments recouverts de verdure et ce contraste qui offre une parenthèse magique. Ou encore ces quelques kilomètres récemment rouverts sur la petite ceinture de la Porte de Vincennes jusqu’au parc Javel - André Citroën où l’on peut se promener sur des voies entourées de verdure », témoigne-t-il à l’issue de cette randonnée.
La mobilisation de plusieurs étudiants étrangers dans le groupe de cette première aventure donne aussi envie à Colette Nadin de créer un dispositif d’accueil pour ces profils au sein de l’université.
« Je trouve intéressant de leur donner une autre vision de Paris : en valorisant la culture et l’environnement et en sortant des grandes avenues et du bruit. »
Pourquoi pas en travaillant en collaboration avec le diplôme d’université (DU) Passerelle de Sorbonne Nouvelle dédié aux exilés, imagine l’enseignante.
Difficile de mobiliser au-delà des étudiants
Les enseignants-chercheurs et les personnels étaient aussi les bienvenus. Bien que plusieurs d’entre eux aient répondu présents aux entraînements, le calendrier universitaire n’a pas joué en leur faveur pour la randonnée finale. La faute à une période de passages et de corrections d’examens.
Ils ont tout de même été représentés par une délégation de personnels de la bibliothèque universitaire, qui a rejoint le groupe pour le dernier jour de marche.
Renforcer la cohésion sociale
La marche semble avoir favorisé les liens entre les participants durant ces quatre jours, comme escompté.
« Nous avons tous échangé, étudiants comme personnels. C’était impressionnant, car nous venions de formations et de cultures différentes, et ce qui nous réunissait, c’était vraiment ce sport. Marcher autant permet de faire connaissance, d’échanger et de découvrir des affinités. Nous associons le visage de ces personnes à un moment de joie », raconte Botaïna Daidai, étudiante en troisième année de licence en langues arabes et études internationales.
Adrien Peuple a quant à lui vaincu sa timidité dans l’effort : « Je suis réservé donc c’était aussi un challenge psychologique. Dès le premier jour, j’ai sympathisé avec une grande partie du groupe et le second jour, j’avais appris à connaître tout le monde. Le fait qu’on soit un petit groupe était agréable et cela a libéré la parole. »
Devenir plus débrouillard
Par binômes, qui changeaient chaque jour, les apprentis randonneurs ont aussi peaufiné leur initiation à l’orientation sans le moindre outil électronique. « L’un avait la carte du sentier là où l’autre disposait d’un petit manuel indiquant simplement les rues à prendre », indique Adrien.
Une valorisation et des projets à venir
Le Suaps souhaite reconnaître l’investissement des étudiants pratiquant la marche. Dès la prochaine rentrée universitaire, des cours comptant comme des unités d’enseignement seront proposés et valorisés dans le relevé de notes des étudiants.
« Cela se fera sous forme de journées réparties sur cinq samedis au premier semestre, avec pour objectif de découvrir les forêts, les bois, et d’aborder des thématiques environnementales, culturelles et sportives », explique Colette Nadin.
Les participants de cette nouvelle unité d’enseignement devraient se rendre à Auvers-sur-Oise pour sillonner les neuf kilomètres du chemin des impressionnistes.
Les marcheurs de Sorbonne Nouvelle ne comptent pas s’arrêter à un seul GR. Sept autres voies traversent la capitale, qui ne manqueront certainement pas d’être empruntées à l’avenir. C’est le cas du GR 655, dont le chemin, passant par la Seine-Saint-Denis, est une des quatre grandes voies historiques menant à Saint-Jacques de Compostelle.