Comment renforcer le rôle des alumni dans les universités et les écoles ?
Par Gilbert Azoulay | Le | Relations extérieures
Écoles supérieures et universités doivent se mobiliser pour organiser mieux la vie étudiante, l’engagement des jeunes et travailler sur les services offerts après les études. Elles doivent faire un effort pour récupérer les alumni et les impliquer dans la vie de l’établissement, voire la gouvernance.
Telles sont les conclusions de l’ouvrage « Expérience Alumni, regards Franco-Américains » publié sous la direction de Bernard Belloc et Gilles Bousquet.
Bernard Belloc répond aux questions de Campus Matin
Pourquoi les alumni sont-ils beaucoup moins engagés en France qu’aux Etats-Unis ?
Nous sommes partis du constat qu’aux États-Unis les relations alumni fonctionnent bien alors qu’en France ce n’est pas le cas, même si certaines grandes écoles font exception.
En France, les anciens ne donnent pas et ne se mobilisent pas pour leur université. Ils ne font pas preuve d’esprit de corps car ils n’ont pas, selon nous, de bons souvenirs de leurs parcours. Donc, pourquoi donner à une institution qui ne leur rappelle pas forcément de bons moments ?
Si les universités étaient plus attentives à l’accueil et l’expérience étudiante, les alumni seraient sans doute plus mobilisés et regarderaient leur université avec beaucoup plus de bienveillance.
Que retirez-vous des témoignages compilés dans cet ouvrage ?
Nous présentons des témoignages français et américains : ils démontrent, en gros, que travailler auprès des jeunes et renforcer la relation avec les anciens, permet de nouer des relations durables.
Aux États-Unis, les anciens étudiants ont la volonté de rendre à l’institution ce qu’elle leur a apporté. Il y a bien sûr des grosses donations emblématiques, mais le principal flux vient de milliers de petits donateurs à quelques centaines de dollars. La tradition est bien ancrée et portée par des services dédiés qui inculquent un esprit de corps dès l’entrée à l’université. Étudiant et ex-étudiant ne font qu’un.
En France, une fois sorti de l’université, on oublie son parcours, on oublie l’institution. C’est cela qu’il faut combattre. Il faut cultiver le sentiment d’appartenance.
Rien n’est irrémédiable selon vous ?
Penser qu’il s’agit simplement d’une différence culturelle entre la France et les États-Unis est faux. Aux établissements d’enseignement supérieur de se mobiliser pour organiser mieux la vie étudiante, l’engagement des jeunes et travailler sur les services offerts après les études.
Il n’y a pas un modèle d’organisation type : chaque université doit faire un effort pour récupérer ses alumni et les impliquer dans la vie de l’établissement, voire la gouvernance, comme cela se pratique aux États-Unis. Cela permet d’améliorer l’insertion, les relations avec les entreprises et bien sûr le financement qui pourra en découler. L’image de l’université en sortira nettement plus positive également. On comprend bien que réfléchir sur ce thème nous questionne sur le fonctionnement même de nos institutions et de son organisation. Et c’est une bonne chose.
Expérience Alumni, regards Franco-Américains. Le rôle des diplômés dans la valorisation de leurs universités, de leurs écoles. Sous la direction de Gilles Bousquet et Bernard Belloc. Préface : Yvon Berland. Presses Universitaire de Provence-Aix Marseille Université. Prix : 35 €.
Bernard Belloc est conseiller à Skema, président honoraire de l’université Toulouse Capitole, et ancien conseiller à la Présidence de la République pour l’enseignement supérieur et la recherche.