Vie des campus

[Cap sur 2025] Direction la Sicile et le Maroc avec Alessia Lefébure (Institut Agro Rennes-Angers)

Par Marine Dessaux | Le | Relations extérieures

En ce début d’année 2025, Campus Matin part à la rencontre de personnalités de l’ESR aux parcours internationaux. Pour ce quatrième épisode de notre série d’interviews décalées, la rédaction a interrogé la directrice de l’Institut Agro Rennes-Angers, Alessia Lefébure, une Sicilienne que la carrière a notamment amenée en Chine et en France.

Alessia Lefébure a été profondément marquée par sa visite agronomique du Moyen Atlas au Maroc. - © D.R.
Alessia Lefébure a été profondément marquée par sa visite agronomique du Moyen Atlas au Maroc. - © D.R.

Faites-nous voyager : quel pays faudrait-il absolument visiter en 2025 ou lequel avez-vous prévu de visiter ?

Alessia Lefébure dirige l’Institut Agro Rennes-Angers depuis juillet 2021. - © D.R.
Alessia Lefébure dirige l’Institut Agro Rennes-Angers depuis juillet 2021. - © D.R.

Alessia Lefébure : L’Italie, et plus particulièrement la Sicile, est pour moi une destination incontournable. En tant que Sicilienne, mes voyages sur l’île sont souvent motivés par des raisons familiales. Désormais, la Sicile m’intéresse aussi en tant que laboratoire d’adaptation des systèmes agricoles au changement climatique.

C’est une région qui, au fil des siècles, a su bénéficier des apports scientifiques et des savoirs de nombreuses traditions — d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient et d’Europe du Nord. Un article récent dans National Geographic illustre bien comment l’Italie, et la Sicile en particulier, évolue face à ces enjeux climatiques : « La Sicile, laboratoire d’adaptation ».

Les frontières se ferment, les tensions géopolitiques persistent… Voyez-vous quelque part un motif d’espoir ?

Je vois un motif d’espoir dans le développement des universités délibérantes, où la gouvernance évolue pour inclure davantage les étudiants et d’autres parties prenantes dans les décisions stratégiques. Ces initiatives, comme celles portées par la Sorbonne Nouvelle et d’autres institutions, ouvrent de nouvelles perspectives pour une gestion plus participative et collaborative. Vous trouverez plus d’informations à ce sujet sur le site de la convention citoyenne étudiante.

Quel campus étranger vous a particulièrement impressionnée, et pourquoi ?

Le campus de l’Université Mohammed VI Polytechnique à Ben Guérir, au Maroc, visité cette année, m’a profondément marquée. Au-delà de ses infrastructures modernes, c’est l’ambition du projet qui est impressionnante, notamment l’ampleur des programmes de bourses pour former les futurs leaders panafricains. Ce campus incarne une vision audacieuse de la formation par la recherche et du développement en Afrique.

L’Université Mohammed VI Polytechnique se trouve à Ben Guérir, au Maroc. - © D.R.
L’Université Mohammed VI Polytechnique se trouve à Ben Guérir, au Maroc. - © D.R.

Quelle pratique faudrait-il importer en France de l’international ?

Je pense aux Green offices, qui se développent dans de nombreuses universités à travers l’Europe et au-delà. Ces espaces permettent aux étudiants et au personnel de travailler ensemble pour améliorer la durabilité des campus, tout en impliquant activement la communauté universitaire. C’est une initiative à fort impact que j’aimerais voir se généraliser en France.

De Sciences Po à l’Institut Agro, un parcours académique et international

Après avoir obtenu un doctorat en droit de la Libera Università internazionale degli studi sociali en 1993, Alessia Lefébure est diplômée de Sciences Po Paris en 1995. En 2016, elle complète son parcours académique avec un doctorat en sociologie à Sciences Po.

Côté carrière, elle commence en 1995 comme responsable de la communication pour l’Association d’économie financière de la Caisse des dépôts. En 1997, elle devient coordinatrice de programme européen Grotius à la Commission européenne, au sein de l’Association de recherches pénales européennes.

En 1997, Alessia Lefébure rejoint Sciences Po Paris, où elle est en charge de la formation continue avant de devenir directrice du service des carrières en 1999. Elle devient déléguée permanente pour la Chine en 2001. En poste à Pékin, elle enseigne en parallèle à Tsinghua University en tant qu’enseignante-chercheuse invitée. En 2006, elle est promue directrice du Centre Asie Pacifique Afrique Moyen-Orient et revient en France.

Direction les États-Unis en 2011 où elle rejoint Columbia University à New York comme directrice du Programme Alliance tout en étant professeure associée. Elle poursuit ensuite sa carrière en France en devenant directrice des études à l’École des hautes études en santé publique de 2017 à 2021. Depuis juillet 2021, elle dirige l’Institut Agro Rennes-Angers.