Vie des campus

Dans les coulisses d’une émission qui donne la parole aux enseignants-chercheurs

Par Antoine Bovio | Le | Relations extérieures

L’émission « De l’autre côté du tableau », lancée en avril 2024 par l’Université de Rennes, s’est fixée pour objectif de valoriser le travail des enseignants-chercheurs et d’apporter une vision plus humaine de leur métier auprès de la communauté universitaire. Une initiative portée par deux membres du service universitaire de pédagogie et des Tice de l’établissement et qui compte actuellement quatre épisodes diffusés sur YouTube.

Cette émission a été lancée le 19 avril 2024 sur la chaîne YouTube de l’Université de Rennes. - © Université de Rennes
Cette émission a été lancée le 19 avril 2024 sur la chaîne YouTube de l’Université de Rennes. - © Université de Rennes

Ils sont deux à l’origine de l’émission « De l’autre côté du tableau » de l’Université de Rennes : un ingénieur pédagogique, Julien Lassimonne, et un infographiste, David Baya. Pendant une heure, ils échangent avec un binôme d’enseignants-chercheurs et les interrogent sur leur vision de la pédagogie et de la recherche. Que pensent-ils, par exemple, des méthodes d’apprentissage émergentes ?

Une émission réalisée avec les compétences internes

 Julien Lassimonne est ingénieur pédagogique au sein du Suptice de l’Université de Rennes. - © D.R.
Julien Lassimonne est ingénieur pédagogique au sein du Suptice de l’Université de Rennes. - © D.R.

Quand l’idée de réaliser une émission qui donnerait la parole à des enseignants-chercheurs émerge dans l’esprit de Julien Lassimonne, ce dernier ne dispose d’aucune expérience dans l’animation. Quant à David Baya, il est un peu plus habitué à la prise de parole, de par son passé de chargé de communication et des relations presse, sans pour autant avoir été animateur.

Cela ne les empêche pas de se lancer, convaincu de l’intérêt de créer un espace pour vivre une « expérience conviviale et de partage avec les enseignants ».

Quand ils soumettent l’idée à la présidence de l’établissement, ils ne savent pas non plus tout à fait à quoi ressemblerait le projet final.

« La direction a accepté notre idée tout de suite en nous faisant confiance. Le format n’était pas encore défini quelques heures avant le premier tournage et, malgré cela, les choses ont bien marché », raconte l’ingénieur pédagogique.

En collaboration avec le pôle média de la direction des services informatiques, chaque épisode est réalisé dans les conditions d’un direct sur un plateau aménagé pour l’occasion, équipé de quatre caméras.

Visibiliser le travail des enseignants

Le duo d’animateurs a pour ambition de valoriser le travail des enseignants-chercheurs et de mettre en évidence les problématiques quotidiennes auxquelles ils sont confrontés.

« Nous invitons des personnes avec qui nous travaillons pendant l’année universitaire à discuter de sujets tels que leurs programmes de recherche et leurs méthodes pédagogiques. Le tout en utilisant un langage accessible. Notre objectif est de démystifier la recherche et d’aborder des sujets variés, de la mécanique à l’introduction de la réalité virtuelle, dans nos premiers épisodes », explique Julien Lassimonne.

Le choix des intervenants dans les deux premiers épisodes reflète une volonté d’explorer la diversité des perspectives ou d’aborder des disciplines variées. L’épisode 1 rassemblait ainsi deux intervenantes liées par une discipline commune, mais issues de deux composantes distinctes : Céline Casteuble, maîtresse de conférences de la faculté de sciences économiques ainsi que Gaëlle Lenormand, maîtresse de conférences en sciences de gestion à l’école universitaire de management de l’Université de Rennes, l’IGR-IAE.

Dans l’épisode 2, les deux invités, Benjamin Guillaume, maître de conférences en géologie, et Nicolas Vigneron, enseignant-chercheur en mécanique, partagent leurs expériences.

Combattre des préjugés

Cette émission a aussi pour vocation de briser des clichés persistants sur l’écosystème de la recherche. « Nous sommes très loin de ce que l’enseignant-chercheur faisait il y a encore quelques dizaines d’années. Nous avons par exemple fait venir Benjamin Guillaume en géologie, qui est content de pouvoir dire que, dans sa profession, la vision du géologue barbu en sandales avec son petit piolet n’est plus d’actualité  », raconte David Baya.

Les personnels Biatss bientôt intégrés

Les organisateurs de l’émission souhaitent élargir le spectre des invités pour rendre plus visibles les divers services et composantes du campus.

« Il est prévu que nous donnions la parole à des personnels Biatss, aux métiers parfois moins connus, et pas uniquement à des enseignants-chercheurs », indique Julien Lassimonne.

Des interviews qui se veulent décousues

David Baya est infographiste au sein du Suptice de l’Université de Rennes. - © D.R.
David Baya est infographiste au sein du Suptice de l’Université de Rennes. - © D.R.

La principale marque de fabrique des entrevues de Julien Lassimonne et David Baya ? Piocher les sujets à aborder dans un pot au fur et à mesure de l’émission.

David Baya reconnaît une prise de risque en privilégiant ce format qui ne suit pas de fil rouge, mais explique préférer la stimulation entraînée par cette manière de faire : « Cela permet de casser l’aspect scolaire des questions dans un ordre prédéfini. Nous avons eu des réponses intéressantes jusqu’à présent. Et, même en procédant ainsi, les invités s’expriment sans dépasser les limites qu’ils se sont fixées sur un sujet », analyse l’infographiste.

Avant chaque épisode, un temps d’échange permet en effet de valider les sujets qui figureront dans le pot ou non.

Assumer une parole qui sort du cadre universitaire

Leur véritable défi, malgré eux, réside dans la nouveauté et l’incertitude des premiers jours de tournage pour les enseignants-chercheurs participants.

« Nos deux premiers binômes du premier jour de tournage pour les épisodes 1 et 2 étaient très motivés pour ouvrir le bal. Mais quand les engagés du second jour ont vu le format alors qu’ils ne le connaissaient pas, ils se sont mis à douter de leur légitimité, car c’est une posture où l’on donne son avis devant ses pairs et ce n’est pas évident », témoigne Julien Lassimonne.

Cet obstacle ne devrait pas affecter les futurs tournages d’une émission, espèrent les animateurs.

Trouver des créneaux sur un emploi du temps chargé

Autre difficulté, pour les tournages, il n’est pas toujours simple de s’aligner avec les emplois du temps souvent chargés des enseignants-chercheurs. C’est pourquoi le duo d’animateurs concentre l’enregistrement de deux émissions sur une même demi-journée.

« La prise de rendez-vous est une problématique. Le fait de travailler en amont avec eux toute l’année sur des projets les motive à prendre la parole et nous ressentons leur motivation à venir nous voir », observe David Baya.

Élargir le public cible au-delà de la communauté universitaire

Alors que le premier épisode totalise un peu plus de 400 vues sur YouTube, Julien Lassimonne et David Baya espèrent toucher un public plus large que les seuls enseignants-chercheurs.

« J’ai montré l’émission à mes frères et sœurs qui sont plus jeunes que moi et ils étaient très contents de voir à quel point les enseignants pouvaient s’investir dans leur travail. Ce qui nous donne envie de le diffuser aussi aux étudiants. Cela humaniserait les enseignants auprès d’eux, car nous ne rendons pas forcément compte du travail qu’ils fournissent », témoigne Julien Lassimonne.

Concepts clés et définitions : #Biatss ou bibliothécaires, ingénieurs, administratifs, techniciens, personnels sociaux et de santé