Vie des campus

Immersion dans la ferme expérimentale d’AgroParisTech de Grignon

Par Antoine Bovio | Le | Relations extérieures

Une « ferme expérimentale », mais de quoi parle-t-on ? Pour le deuxième épisode de notre podcast sur les lieux insolites de l’ESR, Campus Matin s’est rendu dans celle de Grignon, gérée par l’école d’ingénieurs AgroParisTech. Sophie Carton, cheffe de projet en recherche et développement, nous a ouvert les portes de cette ferme qui mêle culture, production, transformation et recherche.

La ferme de Grignon accueille chaque année 1 800 étudiants d’AgroParisTech. - © Antoine Bovio
La ferme de Grignon accueille chaque année 1 800 étudiants d’AgroParisTech. - © Antoine Bovio

400 hectares de culture, dont 200 de culture fourragère et 200 dits « de vente » (blé, orge, colza, betterave, maïs, grain…), deux activités de production animale (de lait, avec 190 vaches, et de viande, avec un élevage de 600 brebis), le tout supervisé par des chercheurs et observé par des étudiants… Bienvenue à la ferme expérimentale d’AgroParisTech, située sur la commune de Thiverval-Grignon dans les Yvelines !

Une ferme expérimentale au service de la pédagogie

Sophie Carton est cheffe de projet en recherche et développement pour AgroParisTech. - © D.R.
Sophie Carton est cheffe de projet en recherche et développement pour AgroParisTech. - © D.R.

Chaque année, ce sont près de 1800 étudiants d’AgroParisTech qui visitent cette infrastructure. Pour la plupart d’entre eux, c’est l’occasion d’avoir un premier contact avec une exploitation agricole.

« Les projets menés sur la ferme servent de matière aux enseignants dans le cadre de modules, de travaux dirigés ou de travaux pratiques. Les étudiants peuvent venir pour des journées thématiques sur la ferme et ont accès aux données récoltées dans le cadre de projets de recherche et développement pour des enseignements menés sur le site de Palaiseau », explique Sophie Carton, cheffe de projet en recherche et développement sur la ferme depuis 2008.

Le personnel de la ferme accueille le public sept jours sur sept. Ce dernier peut s’y rendre en visite libre ou guidée pour les groupes, notamment scolaires.

Un lien constant avec la recherche

La ferme expérimentale veut favoriser tant le développement de l’innovation agricole qu’un enrichissement de la formation et de la recherche, en instaurant des échanges et des collaborations entre les étudiants, les enseignants-chercheurs, les personnels techniques et les entreprises porteuses de projets.

Le Farm’Inn Lab, structure interne dédiée aux questions agricoles, accompagne aussi des start-up qui innovent au service de l’agriculture durable. Pour ce faire, il mobilise des compétences techniques et scientifiques au sein d’AgroParisTech et met à disposition des parcelles, des élevages et des outils.

La ferme est également régulièrement sollicitée par des entreprises de l’alimentation animale et expérimente pour elles.

Veiller au confort des bêtes

L’équipe de la ferme est soucieuse d’offrir de bonnes conditions de vie à ses bêtes. L’étable est équipée de brumisateurs, de ventilations et de logettes avec des matelas recouverts de poudre de paille afin de prévenir des infections des mamelles. Sous les pieds des vaches, un caillebotis — sorte de plateforme en lattes de bois — permet d’évacuer les urines et excréments.

Des collaborations avec des entreprises

Une cuisine a été construite en 2022 au sein de la ferme. - © Antoine Bovio
Une cuisine a été construite en 2022 au sein de la ferme. - © Antoine Bovio

Le personnel de la ferme doit ainsi s’adapter à des demandes variées de la part des entreprises, par exemple pour mesurer la productivité des vaches en fonction de différentes rations alimentaires qui leur sont distribuées. En jouant sur leurs volumes, on peut ainsi mesurer des variables comme la qualité du lait, la quantité de matière grasse ou encore le taux d’émission de méthane, un gaz à effet de serre.

Pour veiller à ce que l’alimentation des bêtes soit rigoureusement contrôlée, la ferme s’est dotée d’une cuisine en 2022. « Cela a été mis en place pour gagner en précision, alléger la charge mentale des employés et réduire aussi la marge d’erreur », souligne Sophie Carton.

Trajectoire, un projet de plateforme agronomique

Plusieurs collaborations avec des unités mixtes de recherche AgroParisTech-Inrae (Ecosys, Agronomie et SAD-APT…) ont lieu au travers de la plateforme agronomique, Trajectoire. Le projet, né en 2017 et financé dans le cadre du plan Ecophyto II, adresse les enjeux sociétaux de durabilité de l’agriculture à la fois économique, environnementale et sociale. Sept systèmes de culture optimisés sont conduits selon différentes méthodes agricoles. Leurs performances sont évaluées, à l’aide de mesures scientifiques et de calculs d’indicateurs.

Produire et transformer de manière écoresponsable

Grâce aux ressources générées par les essais effectués pour les entreprises de l’alimentation animale, la Ferme de Grignon a la possibilité de financer depuis 2006 son programme « Grignon Énergie Positive », qui vise à ce que la ferme soit moins consommatrice en énergie et moins polluante.

En 18 ans, l’exploitation a déjà réduit de 40 % sa consommation d’énergie pour la laiterie et a enregistré une réduction de 16 % d’émissions de méthane de la part de son élevage de vaches laitières.

Poursuivre la dynamique avec un nouvel outil

Parmi les outils qui ont permis ces résultats, un méthaniseur vient d’être mis en service en avril 2024. Un dispositif à l’apport triple puisque ce dernier dispose de vertus énergétiques, écologiques et fertilisantes.

Un méthaniseur a été mis en service en avril 2024. - © Antoine Bovio
Un méthaniseur a été mis en service en avril 2024. - © Antoine Bovio

« Ce méthaniseur a pour objectif de produire une énergie de quatre millions de kilowattheures par an en étant autoalimenté à 90 % par des matières telles que les déjections des vaches. La digestion des matières entrantes produit du biogaz, qui est récupéré et purifié en biométhane. Celui-ci est injecté dans le réseau de gaz de ville. En bout de chaîne, il va être brûlé et transformé en CO2 », explique la cheffe de projet en recherche et développement de la ferme.