Avec son Ixcampus, Saint-Germain-en-Laye voit l’innovation en XXL
Par Enora Abry | Le | Stratégies
Un lieu hybride regroupant enseignement supérieur, recherche et monde de l’entreprise pour améliorer le partage de connaissances. « IxCampus » a ouvert ses portes à Saint-Germain-en-Laye dans les Yvelines. La ville, la société IxBlue et CY Cergy Paris Université ont travaillé main dans la main pour faire émerger le projet. Campus Matin l’a visité.
« IxCampus incarne la ligne de CY Cergy Paris Université en s’engageant pour les nouvelles générations. Dès lors, nous installer ici était une évidence », affirme François Germinet, président de CY Cergy Paris Université (CY) pendant l’inauguration officielle le 21 mars 2022. Il faut dire que l’endroit est idyllique entre ses espaces verts, son restaurant d’entreprises flambant neuf avec une grande terrasse et son château entièrement restauré.
20 000m2 dédiés à l’échange
Enseignement, entreprise et start-up en développement cohabitent sur ce nouveau campus, qui est l’aboutissement d’un projet porté par plusieurs acteurs. En premier, l’entreprise IxBlue, spécialisée dans la technologie navale, qui a investi à hauteur de 400 000 euros et dont le siège social a posé ses valises sur le campus.
Puis, la ville de Saint- Germain-en-Laye qui a lancé un fonds d’amorçage de 495 000 euros, accompagné de la région Île-de-France à la même hauteur. Et enfin CY, qui a investi dans l’offre de formation à hauteur d'un million d’euros.
Est alors né de cette collaboration un campus de 16 000m2 de locaux, surface qui sera doublée d’ici 2025 avec la construction d’un nouveau bâtiment, indique Julien Lalanne, directeur général d’IxCampus.
Un espace pour l’enseignement…
Depuis son ouverture à la rentrée 2021, le IxCampus accueille 160 élèves issus de deux formations déployées par CY Tech la grande école de sciences, d’ingénierie, d’économie et de gestion de CY Cergy Paris Université :
- La CY école de design, qui est la première école de design au sein d’une université française.
- Le bachelor international datascience by design.
Ces deux formations bénéficient de grands locaux avec divers espaces équipés et modulables afin de s’adapter aux besoins des étudiants.
« Ce qui nous intéresse, c’est de former des designers qui ont les pieds sur terre, qui savent travailler sur du concret », explique Dominique Sciamma, le directeur de CY école de design. À cette fin, les étudiants participent à des projets prospectifs de design en collaboration avec des collectivités ou des entreprises.
Des formations tournées vers l’entreprise donc, et ça tombe bien puisque le chemin pour en rencontrer une n’est pas bien long !
…et un espace pour l’entreprise et la recherche…
Dans le bâtiment mitoyen, nous entrons dans le monde de l’entreprise. Pour l’instant, 15 petites et moyennes entreprises (PME) et entreprises de taille intermédiaire (ETI) se sont déjà installées. Au total, ce sont près de 400 ingénieurs, techniciens, mais aussi chercheurs qui ont déjà investi les locaux d’IxCampus.
Ces entreprises sont sélectionnées pour leur prise en compte des enjeux d’impact sociétal ou écologique. Elles sont séduites par ce modèle hybride pour plusieurs raisons : le campus et sa situation, la présence d’IxBlue qui peut être un partenaire, et la proximité avec les étudiants. Joël Rubino, co-fondateur de Cartesiam une filiale de STMicroelectronics spécialisée dans l’intelligence artificielle, raconte :
« Nous devions nous installer à Montrouge, puis nous avons découvert ce lieu. Nous avons rapidement changé d’avis. Ce cadre magnifique nous permettra d’attirer des talents et de les fidéliser. Et puis, avoir des étudiants juste à côté de nous, c’est également une manière de rencontrer de bons profils qui peuvent être de futurs employés dans un secteur où il est difficile de recruter. »
… pour créer de l’échange
L’objectif est bel et bien celui-là : faire en sorte que tous les profils communiquent. Les interactions peuvent se faire dans les lieux communs d’IxCampus comme le restaurant d’entreprise également ouvert aux étudiants ainsi que l’espace sportif de 1 200m2.
« Nous voulons rendre possibles ces échanges. D’ailleurs si les étudiants peuvent manger au même endroit que les salariés avec un tarif différencié, c’est parce que les entreprises, en s’installant ici, acceptent de payer la différence », explique Julien Lalanne.
Des échanges qui peuvent s’avérer bénéfiques sur le long terme, facilitant le contact pour les stages étudiants dans les entreprises et les interventions des entreprises dans les composantes de CY présentes sur place afin de favoriser le partage des connaissances.
Les futurs développements visent à maintenir cette harmonie. « Notre objectif est de garder un équilibre 50/50 entre entreprise et école. En 2025, on aimerait pouvoir accueillir 870 étudiants et 900 salariés », se projette Julien Lalanne.
Un futur incubateur « Impact »
D’ici 2023 sera créé l’incubateur « Impact » qui accueillera une trentaine de start-up. Elles seront sélectionnées par trois comités, dont un scientifique, une entité de parrainage et un dernier composé des mentors bénévoles locaux. Le but : fournir un accompagnement pour que ces jeunes pousses développent des technologies à impact positif.
Saint-Germain-en-Laye, un emplacement attractif
Le décor, la promesse d’échange entre académiques et entreprises… des atouts qui renvoient à l’image des campus d’innovation américains ou, plus proche de nous, en Suisse à l’EPFL. Mais nous sommes bien en France, qui plus est hors de Paris.
« La centralité de Paris est un peu dépassée. Les étudiants s’installent dans d’autres villes. Alors aujourd’hui, l’enjeu pour Saint-Germain-en-Laye est de se préparer à les accueillir, argumente Arnaud Péricard, maire de la ville. Nous avons fait de l’éducation notre priorité numéro un. »
Une ville portée sur l’éducation
Saint-Germain-en-Laye compte près de 22 500 élèves pour 50 000 habitants. « C’est le ratio le plus élevé de France, affirme le maire. Notre objectif, c’est de passer à 25 000 élèves dont 5 000 étudiants d’ici cinq ans. »
En plus de bénéficier de l’accueil et de l’aide de la ville, s’installer à Saint-Germain-en-Laye permet à IxCampus de s’intégrer dans un vivier déjà installé. CY Design a comme voisins Sciences Po Saint-Germain-en-Laye, l’école Sup de vente, l’Institut national supérieur du professorat et de l’éducation (Inspé) de l’académie de Versailles et bientôt l’Institut national supérieur formation et recherche - handicap et enseignements adaptés. De l’autre côté de la rue également : le lycée international de Saint-Germain-en-Laye qui se projette au-delà de nos frontières.
« Cette dimension internationale est très importante pour nous, relève Julien Lalanne. Voilà pourquoi, nous allons organiser des summer et des winter schools sur le thème de la transition écologique que nous appellerons “impact schools“, et qui, nous l’espérons, feront venir des élèves de l’étranger. »
Des objectifs pour l’avenir
Une part plus importante pour la recherche
Si IxCampus compte bien doubler la surface de ses locaux d’ici 2025 en construisant deux nouveaux bâtiments, le projet ne s’arrête pas là.
« En créant cet endroit, nous faisons certes une promesse au territoire, à l’enseignement, aux entreprises, mais également à la recherche, expose Julien Lalanne, nous aimerions accueillir des laboratoires très prochainement pour créer un échange avec les chercheurs déjà présents dans les start-up et les PME. »
Trouver un équilibre financier
L’équilibre financier d’IxCampus dépend de tout un écosystème. Dès lors, il faut trouver des ressources, notamment pour financer les enseignements.
Car CY école de design est une école « à moindre coût », indique François Germinet. En effet, « les trois premières années coûtent 3 500 € chacune et les deux dernières années se font en apprentissage, la formation complète s’élève donc à 10 500€. Ce qui est trois fois moins cher que les écoles privées. »
Des revenus qui pourraient se trouver dans le loyer de l'incubateur à start-up ou encore dans l’activité du fablab, un lieu équipé pour l’innovation également présent sur campus et cofinancé par CY et la région Île-de-France. D’autres sources de finances sont néanmoins encore à imaginer.
Améliorer les conditions de logement
Pour l’heure, se rendre à IxCampus n’est pas aisé sans voiture, du fait de sa distance avec la ligne de RER. Des bus s’y arrêtent et une ligne de tram s’apprête à ouvrir pendant l’été. Mais Julien Lalanne veut rendre plus facile encore l’accueil des étudiants au sein de la ville de Saint-Germain-en-Laye :
« Nous voulons recevoir des élèves qui viennent de loin, d’autres villes de France où de l’étranger, il nous faut un endroit pour les héberger. Le logement incarne une problématique et une demande du territoire. Nous avons pour projet de faire construire une résidence étudiante de 2 000 places d’ici quelques années. »
Les chercheurs et les doctorants de passage ne seront pas en reste. Au premier étage du château Saint-Léger, au centre du campus, des chambres leurs seront réservées.
Le château, un lieu de choix pour des événements