Vie des campus

Le carnet de Campus Matin : les cinq prises de postes à retenir de l'été 2024

Par Isabelle Cormaty | Le | Stratégies

Un recteur délégué Esri à la tête d’une des deux directions du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, la création d’un poste de chef de service de l’attractivité à la direction générale des ressources humaines et l’ancien DRH du corps des Mines à la direction de l’école d’ingénieurs Mines Paris PSL… Malgré un contexte politique particulier, plusieurs nominations importantes ont eu lieu cet été. Voici le décryptage de cinq d’entre elles qui ont marqué l’écosystème en juillet et août 2024.

Campus Matin détaille le parcours de cinq personnes ayant pris de nouvelles fonctions durant l'été. - © Canva
Campus Matin détaille le parcours de cinq personnes ayant pris de nouvelles fonctions durant l'été. - © Canva

Olivier Ginez, Mathilde Gollety, Laurent Crusson, Cécile Dubarry et Godefroy Beauvallet : ces personnalités ont conservé ou pris de nouvelles fonctions dans l’écosystème de l’enseignement supérieur et de la recherche durant l’été. Découvrez leur parcours et leurs nouvelles missions !

1. Olivier Ginez, Dgesip

Olivier Ginez succède à Anne-Sophie Barthez à la tête de la direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle (Dgesip), l’une des deux directions du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche (MESR). Une nomination actée en conseil des ministres le 16 juillet.

Celui qui était recteur délégué à la région académique d’Île-de-France depuis septembre 2023 est remplacé à cette fonction par Isabelle Prat, ancienne conseillère de la ministre de l’ESR, Sylvie Retailleau.

D’autres personnalités étaient pressenties pour ce poste convoité : le président de l’Université Gustave Eiffel, Gilles Roussel, le Dgesip par intérim Benjamin Leperchey, Isabelle Prat ou encore le recteur de Guyane, Philippe Dulbecco.

Un fonctionnaire habitué des cabinets

Olivier Ginez a été directeur de cabinet de Sylvie Retailleau au MESR de mai 2022 à septembre 2023. - © Académie de Paris
Olivier Ginez a été directeur de cabinet de Sylvie Retailleau au MESR de mai 2022 à septembre 2023. - © Académie de Paris

Ingénieur et titulaire d’un doctorat en micro et nanoélectronique de l’Université de Montpellier, il exerce comme maître de conférences à Aix-Marseille Université durant trois ans, avant de rejoindre l’administration publique. Il est notamment sous-préfet de 2013 à 2019.

À cette date, il devient directeur adjoint du cabinet de Gabriel Attal, alors secrétaire d’État auprès du ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse. Il rejoint ensuite le cabinet de Frédérique Vidal au ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, puis celui du Premier ministre Jean Castex à Matignon de juillet 2020 à septembre 2021. Lors de la nomination de Sylvie Retailleau au MESR en mai 2022, il devient son directeur de cabinet jusqu’en septembre 2023, où il est nommé recteur délégué Esri de la région académique Île-de-France.

Les dossiers sur la table

Habitué du travail en interministériel, Olivier Ginez devra composer avec un nouveau ministre de l’ESR dont il ne connaît ni le nom ni la couleur politique et un nouveau directeur général de la recherche et de l’innovation dont le recrutement est en cours, après le départ de Claire Giry pour la présidence de l’Agence nationale de la recherche.

La troisième vague des contrats d’objectifs, de moyens et de performance (Comp) qui doit être lancée à la rentrée fait partie des premiers dossiers sur le bureau du Dgesip. S’y ajoutent également le budget du ministère pour 2025 ou encore le chantier inabouti du « label qualité » pour les écoles du supérieur privé.

Du côté de la vie étudiante enfin, la seconde étape de la réforme des bourses est attendue pour 2025. Ce volet, dit systémique, est censé transformer le modèle, en lien avec la réforme de la « solidarité à la source » portée par le ministère des solidarités.

2. Mathilde Gollety reconduite présidente de la CEFDG

La présidente de la Commission d’évaluation des formations et diplômes de gestion (CEFDG) depuis janvier 2021, Mathilde Gollety, est reconduite pour un second mandat de quatre ans à la tête de l’institution par un arrêté publié au Bulletin officiel, le 25 juillet.

Une carrière universitaire

Mathilde Gollety préside la CEFDG depuis janvier 2021. - © Mathilde Gollety
Mathilde Gollety préside la CEFDG depuis janvier 2021. - © Mathilde Gollety

Diplômée d’un doctorat en sciences de gestion de Dauphine-PSL, elle est titulaire de l’agrégation dans cette discipline et d’une habilitation à diriger des recherches en marketing. Mathilde Gollety réalise toute sa carrière comme enseignante-chercheuse. D’abord comme maîtresse de conférences à l’Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne. Ensuite, comme professeure des universités à l’Université d’Évry puis Paris 2 Panthéon-Assas.

Elle intègre la CEFDG en mai 2020 au titre des représentants des enseignants-chercheurs dans le domaine du commerce et de la gestion.

Articuler l’évaluation de la CEFDG avec celle du Hcéres

Créée en 2003, la CEFDG occupe deux missions principales : l’évaluation des formations des écoles de management privées ou consulaires et l’octroi des visas de licence et master et de grades de master aux établissements d’enseignement supérieur de commerce et de gestion.

L’un des enjeux principaux de la commission réside dans son rapprochement avec le Haut conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres), chargé lui de contrôler les établissements.

« L’articulation du travail de la CEFDG avec le Hcéres se poursuit, avec la mise en place d’un dispositif expérimental destiné à alléger le travail pour les écoles dans une optique d’évaluation coordonnée », précisait Mathilde Gollety, lors du séminaire annuel de la commission en juin dernier à Nice. L’objectif affiché par la CEFDG : que les évaluations des programmes d’établissements alimentent l’évaluation Hcéres.

3. Laurent Crusson, chef du service de l’attractivité et de la politique des ressources humaines

Par un arrêté paru au Journal officiel le 1er août, Laurent Crusson est nommé pour trois ans chef du service de l’attractivité et de la politique des ressources humaines, au sein de la direction générale des ressources humaines (DGRH), l’administration centrale partagée entre l’éducation nationale et le ministère de l’ESR. Il est également adjoint au DGRH, Boris Melmoux-Eude.

Un administrateur général de l’État connaisseur de l’éducation

Laurent Crusson est diplômé de l’ÉNA. - © Linkedin
Laurent Crusson est diplômé de l’ÉNA. - © Linkedin

Ancien étudiant des universités de Nantes et Paris 1, Laurent Crusson est agrégé d’histoire et énarque. D’abord enseignant d’histoire-géographie dans l’académie de Nantes, il occupe ensuite différentes responsabilités au sein de la Direction générale de l’administration et de la fonction publique de 2011 à 2017, puis au ministère de l’agriculture jusqu’en 2018.

Il est ensuite inspecteur général de l’éducation, du sport et de la recherche à partir de mars 2021. En juin 2022, il devient conseiller social auprès de Pap Ndiaye (alors ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse), avant d’officier en tant que directeur adjoint de son cabinet, de janvier à juillet 2023.

Une réorganisation de la DGRH pour faire face au défi du recrutement

Issue d’une création de poste, la nomination de Laurent Crusson découle de la réorganisation des services de la DGRH, qui vise à « apporter des solutions aux nouveaux défis que rencontrent les ministères en matière de recrutement et de fidélisation de leurs agents ».

Ce nouveau service de l’attractivité et de la politique RH est composé d’une sous-direction de la stratégie et de la transformation des ressources humaines et d’une sous-direction de l’attractivité des métiers et du recrutement. Parmi les missions du service figurent notamment :

  • l’élaboration et la mise en œuvre de la stratégie de gestion des RH ;
  • l’attractivité des métiers et du recrutement, en définissant les orientations ministérielles pour l’accueil, l’intégration, et le recrutement des personnels, hors enseignants du supérieur ;
  • la gestion des concours, de leurs dépenses et le suivi administratif des recrutements, en lien avec les services académiques.

Un service stratégique donc, alors que la fonction publique connaît des difficultés de recrutement, aussi bien du côté des enseignants du premier et du second degré que du côté des personnels administratifs.

4. Cécile Dubarry directrice générale de l’IMT

Cécile Dubarry est nommée directrice générale de l’Institut Mines-Télécom (IMT), par décret présidentiel paru au Journal officiel, le 10 juillet. Elle prend la suite d’Odile Gauthier, en poste depuis 2019 et qui a fait valoir ses droits à la retraite à l’issue de son mandat.

Quatre autres personnes s’étaient portées candidates à la direction de l’école d’ingénieurs : Michel Combot, Olivier Luansi, la directrice de l’Ensta Paris, Élisabeth Crépon, et l’ancienne rectrice de Versailles Charline Avenel passée ensuite par le groupe privé Ionis Education.

Une ingénieure des mines spécialiste des télécommunications

Cécile Dubarry est ingénieure générale des mines, également diplômée de l’ENS - PSL et Télécom Paris. - © D.R.
Cécile Dubarry est ingénieure générale des mines, également diplômée de l’ENS - PSL et Télécom Paris. - © D.R.

Cécile Dubarry est ingénieure générale des mines, diplômée de l’ENS - PSL et de Télécom Paris. Elle débute sa carrière en 1994 à la direction générale des postes et télécommunications, puis rejoint l’Autorité de régulation des télécommunications en 1997.

Entre 2002 et 2017, elle exerce différentes responsabilités dans les services du ministère de la culture et de Bercy, avant d’être promue directrice générale de l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep) en février 2017.

Augmenter les effectifs d’étudiants

La nouvelle directrice générale de l’IMT devra poursuivre la feuille de route entamée par sa prédécesseure et contractualisée avec l’État dans le cadre du contrat d’objectifs et de performance de l’école pour la période 2023-2027.

Comme les autres établissements sous tutelle du ministère de l’économie et des finances, l’IMT doit notamment remplir un objectif : augmenter de plus de 20 % ses effectifs à l’horizon 2027, en lien avec le projet de loi relative à l’industrie verte promulguée en octobre 2023.

« Pour réindustrialiser le pays, nous avons besoin de 5 400 ingénieurs supplémentaires par an », chiffrait le ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, Bruno Le Maire, en mai 2023. Bercy souhaite notamment renforcer les formations autour des enjeux de la décarbonation, de l’énergie et de l’économie circulaire.

5. Godefroy Beauvallet, directeur général de Mines Paris PSL

Godefroy Beauvallet est nommé directeur général de Mines Paris PSL par décret présidentiel paru au Journal officiel, le 6 août. Il succède à la tête de l’école d’ingénieurs à Vincent Laflèche qui a occupé ces fonctions pendant huit ans, avant de faire valoir ses droits à la retraite en avril, avant la fin de son mandat. Depuis, l’intérim était assuré par Michel Schmitt.

Cédric Prunier, ancien directeur général des services de PSL, était également candidat. Depuis l’intégration des Mines à l’Université PSL en 2020, les statuts de l’école d’ingénieurs rendent possible la nomination d’un directeur non issu du corps des Mines. Après plusieurs mois de tergiversations au plus haut niveau de l'État, c’est finalement un ingénieur du sérail qui a été choisi, preuve de la puissance des Mines, pourtant menacées de disparition dans le cadre de la réforme des grands corps techniques de l’État.

Un ingénieur des mines habitué des ministères

Godefroy Beauvallet est ingénieur des mines et ancien DRH du corps des mines. - © D.R.
Godefroy Beauvallet est ingénieur des mines et ancien DRH du corps des mines. - © D.R.

Ingénieur diplômé de Polytechnique et de l’école des Mines et Télécom Paris, Godefroy Beauvallet rejoint le corps des Mines, et devient enseignant à Télécom Paris. En parallèle, il effectue des passages dans plusieurs ministères. De 2007 à 2011, il est adjoint de l’administrateur général et directeur de la stratégie et des affaires financières de l’Institut Télécom en même temps que président de Télécom Valorisation.

En mai 2016, il est nommé directeur de l’innovation de l’Institut Mines-Télécom, avant de devenir directeur de cabinet du secrétaire d’État à l’industrie, au numérique et à l’innovation et directeur adjoint de cabinet du ministre de l’économie, en décembre 2016. Depuis mai 2012, il était DRH du corps des Mines.

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Accroître la visibilité de la recherche à l’international

D’après sa fiche de poste, les principales missions du directeur général seront de :

  • mettre en œuvre le contrat d’objectifs et de performance 2023-2027 et de développer les formations en améliorant la diversité sociale et de genre ;
  • renforcer les synergies avec l’Université PSL ;
  • consolider le modèle économique de l’école en développant les activités de valorisation, notamment à travers les recherches partenariales avec les entreprises selon les thématiques liées aux évolutions industrielles et technologiques majeures à horizon de 2030-2040;
  • et d’accroître la visibilité et la notoriété nationales et internationales de la recherche menée dans les laboratoires de Mines Paris — PSL.