Législatives : appels unanimes des conférences et collectifs de l’ESR à voter contre l’extrême droite
Par Isabelle Cormaty | Le | Stratégies
Avant le second tour des législatives anticipées le dimanche 7 juillet, les conférences d’établissements, syndicats et collectifs de l’ESR prennent position et demandent aux électeurs de faire barrage au Rassemblement national. Campus Matin fait le point sur les enjeux et les candidats aux législatives en lien avec le supérieur, élus ou encore en lice.
À quoi ressemblera l’Assemblée nationale le 8 juillet ? Après le premier tour des législatives anticipées le 30 juin, le Rassemblement national est arrivé en tête des suffrages avec 29,25 % des voix… sans pour autant s’assurer de pouvoir disposer de la majorité absolue. Derrière lui figure, le Nouveau Front populaire (NFP) à 27,99 %, puis l’alliance Ensemble soutenue par le parti présidentiel à 20,04 %.
Après quelques appels plus ou moins affirmés des conférences d’établissements à la mobilisation lors du premier tour, ces dernières montent au front avant le second tour ce dimanche. Face à l’incertitude, elles ciblent sans détour le Rassemblement national (RN) et appellent à faire barrage à l’extrême droite. Tour d’horizon des principales prises de position et des candidats aux législatives issus de l’ESR.
Établissements et syndicats appellent à faire barrage au RN
L’initiative est rare. Les quatre conférences d’établissements que sont France Universités, la Conférence des directeurs d’écoles françaises de management (CDEFM), la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (Cdefi), et celles des grandes écoles (CGE) « disent non au Rassemblement national pour les universités et les écoles », dans un communiqué commun publié le 1er juillet.
« Parce qu’elle se fonde sur des principes d’exclusion, de repli, mais aussi sur la peur et le rejet de l’autre, la politique portée par le Rassemblement national met en danger notre enseignement supérieur et la chance qu’il offre à toute la jeunesse, quels que soient son parcours, ses origines et son milieu social », écrivent les conférences.
Les organisations étudiantes font elles aussi front commun. La Fédération des associations générales étudiantes (Fage), l’Union Étudiante, l’Unef et le Bureau national des élèves ingénieurs se disent « unies face au danger que représente une arrivée au pouvoir du RN pour l’ESR comme pour nos droits à toutes et tous ».
Les syndicats unanimes
« Le SNPTES appelle à faire barrage à l’arrivée au pouvoir du rassemblement national et plus largement à tout parti d’extrême droite, et à soutenir le programme du Nouveau Front populaire ! » indique le syndicat.
Le SNCS-FSU rappelle lui « avec gravité son opposition aux idées d’extrême droite, dont les ressorts constituent autant de menaces pour les droits des travailleuses et travailleurs, les droits des femmes, les droits des minorités et des personnes LGBTQ+, les libertés démocratiques, syndicales et académiques. »
La recherche en alerte
Du côté des chercheurs aussi, l’inquiétude est aussi de mise, particulièrement pour les sciences sociales. « C’est notre survie qui est en jeu, celle des valeurs de dialogue, d’émancipation, d’outillage intellectuel et critique, et de la mission de service public que nous défendons », s’exclament l’association française de sociologie et l’Association des sociologues enseignants du supérieur.
L’Académie des sciences « souligne l’absence totale de crédibilité des déclarations programmatiques du Rassemblement national sur des sujets scientifiques et technologiques cruciaux pour l’avenir de la France. Elle appelle donc tous les citoyens à tenir compte de ces éléments lors de leur vote du 7 décembre », demande-t-elle le 3 juillet.
Le P-DG du CNRS, Antoine Petit et son homologue de l’Institut de recherche pour le développement (IRD), Valérie Verdier signent eux une tribune dans Le Monde, avec plusieurs scientifiques de renom : les prix Nobel Esther Duflo et Serge Haroche ou encore Cédric Villani, lauréat de la médaille Fields.
« Au-delà des débats qui opposent les forces républicaines sur le contenu des politiques menées actuellement, nous partageons la conviction que la démocratie doit être préservée contre les mouvements d’extrême droite et les gouvernements complotistes qui divisent les populations », déclarent-ils.
Qui sont les candidats en lien avec l’ESR élus ou qualifiés pour le second tour ?
Sur les 76 députés élus le 30 juin dès le premier tour, quatre d’entre eux sont issus de l’ESR ou ont des liens avec l’écosystème. Il s’agit tous de députés sortants, candidats pour ces législatives anticipées sous l’étiquette Nouveau Front populaire :
- Aurélie Trouvé, maîtresse de conférences en économie à AgroParisTech (élue en Seine-Saint-Denis) ;
- Sarah Legrain, ancienne vice-présidente de la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale (Paris) ;
- Sandrine Rousseau, maîtresse de conférences en économie à l’Université de Lille et ancienne vice-présidente de l’établissement (Paris) ;
- et Mickaël Bouloux, ancien rapporteur spécial du budget de la mission interministérielle recherche et enseignement supérieur (Ille-et-Vilaine).
55 candidats en lien avec l’ESR au second tour
Sur l’ensemble des candidats encore en lice au second tour, 55 sont issus de l’ESR ou ont un lien avec l’écosystème, d’après le recensement effectué par News Tank (abonnés).
Dans le détail : 27 se présentent avec Ensemble, 13 pour le Nouveau Front populaire, 11 avec Les Républicains, 2 pour le Rassemblement national et 2 pour le parti Libertés, indépendants, outre-mer, et territoires.
Parmi les candidats du second tour ayant un lien avec l’ESR, la grande majorité sont des députés sortants (48 sur 55), comme :
- Paul Midy (candidat Ensemble dans la circonscription de Saclay) qui avait été missionné par Matignon pour un rapport sur les entreprises innovantes ;
- le républicain Yannick Neuder (Isère), ancien vice-président ESR de la Région Auvergne-Rhône-Alpes ;
- Hendrik Davi (gauche, mais non investi par le NPF dans les Bouches-du-Rhône), directeur de recherche à l’Inrae et auteur d’une proposition de loi visant à supprimer Parcoursup ;
- ou encore les Insoumis et anciens élus étudiants, Louis Boyard (Val-de-Marne) et William Martinet (Yvelines).
Enfin, quatre candidats en lien avec l’ESR qualifiés au second tour se sont désistés pour faire barrage au RN. C’est le cas par exemple de l’ancien ancien président de la Comue Hesam, Jean-Luc Delpeuch (candidat du Nouveau Front populaire en Saône-et-Loire) et de Fabienne Colboc, ancienne VP de la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée (Ensemble, Indre-et-Loire).
Les notifications budgétaires des établissements avancées
Avant la constitution d’un nouveau gouvernement après les législatives, le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche transmettra le 5 juillet à ses établissements publics sous tutelle les notifications budgétaires 2024 concernant les subventions pour charge de service public. Des documents généralement envoyés mi-juillet.
Les résultats des appels à projet « Universités inclusives démonstratrices » et « Science avec et pour la société » pourraient être eux aussi annoncés avec quelques semaines d’avance, avant la démission du Gouvernement Attal.