Rentrée : pas de retour à la normale dans les universités d’outre-mer
Par Isabelle Cormaty | Le | Stratégies
Pas de rentrée en présentiel pour la plupart des établissements ultramarins ! Conséquence de la situation sanitaire plus dégradée qu’en métropole, les confinements et couvre-feux en vigueur sur certains territoires ont conduit des universités à reporter la rentrée voire basculer leurs enseignements en hybride ou en distanciel. État des lieux.
En Guyane, tout était prêt pour accueillir les étudiants sur le campus, mercredi 1er septembre. S’alignant sur les écoles maternelles et primaires du département, le ministère de lʼenseignement supérieur, de la recherche et de lʼinnovation en a pourtant décidé autrement…
« Nous avons reçu dimanche 29 août une instruction du ministère nous demandant de repousser la rentrée au 13 septembre. Depuis lundi, nous nous organisons pour informer les étudiants », raconte Christophe Chasseguet, directeur général des services de l'Université de Guyane, surpris de ce revirement de situation. Il poursuit : « Nous n’avons pas compris pourquoi nous étions dans la même situation qu’aux Antilles et en Polynésie, car la situation épidémique n’est pas du tout la même en Guyane. »
« Nous savons que la rentrée est repoussée. En revanche, nous ne savons pas encore si la situation sanitaire nous permettra de faire la rentrée avec des demi-jauges, ou s’il faudra l’effectuer en 100 % distanciel », confie Christophe Chasseguet, dont les équipes préparent les deux hypothèses.
Loin d’une rentrée 100 % présentiel, souhaitée par Frédérique Vidal, les autres établissements du supérieur ultramarins doivent eux aussi s’adapter et basculer la reprise des cours en hybride ou en distanciel.
Une rentrée à distance aux Antilles et en Polynésie
Dans la mer des Caraïbes, les Antilles françaises sont confrontées à une situation épidémique tendue. Un confinement a été instauré en Martinique depuis le 30 juillet et en Guadeloupe depuis le 8 août, les deux îles où sont situés les pôles de l'Université des Antilles.
« Compte tenu de la situation sanitaire actuelle et afin d’assurer la sécurité de tous, la rentrée universitaire 2021-2022 de l’Université des Antilles se déroulera à distance pour l’ensemble de nos formations », a ainsi annoncé l’établissement le 23 août.
Même situation en Polynésie française sous le coup d’un couvre-feu et d’un confinement. L'Université de la Polynésie française , qui compte un peu plus de 3000 étudiants, dispense tous ses enseignements à distance.
L’établissement a toutefois accueilli en présentiel ses étudiants de première année les 23 et 24 août pour « leur transmettre l’ensemble des éléments pour réussir leur première rentrée universitaire ».
Une rentrée qui bascule en distanciel en Nouvelle-Calédonie
Lors de la publication de cet article le 2 septembre, la Nouvelle-Calédonie ne comptait aucun cas de Covid, d’après les données du gouvernement calédonien. L'Université de la Nouvelle-Calédonie, qui compte un peu moins de 3800 étudiants, avait donc effectué sa rentrée universitaire normalement.
Toutefois, après la découverte de trois cas positifs, un nouveau confinement a été instauré à partir du 7 septembre sur l’archipel situé en plein cœur de l’Océan Pacifique. La vaccination y est même obligatoire pour tous les adultes. L’université a donc fermé tous ses campus, et mis en place un plan de continuité des activités pédagogiques.
« Une rentrée de tous les défis » à l’Université de la Réunion
Dans l’Océan Indien, l'Université de la Réunion a effectué ses rentrées administrative le 16 août, puis pédagogique le 23. En hybride et avec des jauges à 50 % dans les salles de cours, dès lors que la distanciation physique ne peut pas être respectée.
« C’est une rentrée de tous les défis », comme la qualifie le président de l’établissement depuis 2016, Frédéric Miranville.
« Le message a été passé aux composantes d’accueillir en priorité les néo-entrants en présentiel, ceux de première année et des autres niveaux afin qu’ils s’accoutument à l’environnement universitaire. Une rotation va s’opérer pour garantir l’égalité de traitement entre les étudiants », détaille-t-il à Campus Matin.
Une augmentation des effectifs en lien avec la crise sanitaire
Aux restrictions sanitaires, s’ajoute pour l’Université de la Réunion l’augmentation des effectifs étudiants depuis plusieurs années en raison notamment d’une plus grande réticence des jeunes Réunionnais à poursuivre leurs études en métropole.
L’an dernier, l’établissement comptait un peu plus de 18 000 étudiants, soit 1500 étudiants de plus qu’en 2019-2020. Alors que les inscriptions ne sont pas encore closes cette année, l’université dénombre déjà 2000 inscrits supplémentaires par rapport à 2020-2021. Même si la situation sanitaire s’améliore dans les mois à venir, l’Université de la Réunion maintiendra donc son système d’enseignement hybride.
Nous n’avons pas les locaux pour accueillir 100 % des étudiants
« Nous n’avons pas les locaux pour accueillir 100 % des étudiants en présentiel, constate Frédéric Miranville. Nous conserverons l’hybridation des cours et la rotation des étudiants pour les filières à gros effectifs. »
Un maître mot, la vigilance
L’université réunionnaise a recruté des bridages covid à l’année. « Elles vont continuer le travail de pédagogie sur les mesures barrière et nous faire un retour sur l’application des gestes barrières sur le terrain », ajoute le président. Il assure que le dispositif sanitaire en place, éprouvé l’an dernier et renforcé cette année, a la confiance des personnels.
La présidence de l’université a aussi recommandé aux personnels qui ont passé leurs vacances hors du département d’effectuer un isolement de sept jours à leur domicile, avant de revenir sur le campus. Objectif : ne prendre aucun risque. « Si nous avions un cluster et que nous devions fermer un campus, cela anéantirait tous nos efforts. Le prix à payer est une vigilance de tous les instants », assure Frédéric Miranville.
Encourager la vaccination des étudiants et personnels
Des taux de vaccination plus faibles que la moyenne nationale
En moyenne, 73 % de la population française âgée de 12 ans et plus dispose d’un schéma vaccinal complet en date du 24 août, d’après les chiffres publiés par Santé Publique France lors de son point hebdomadaire.
En outre-mer, les taux de vaccination, très contrastés, restent inférieurs à la moyenne française, ce qui laisse planer le doute sur un retour durable des étudiants en présentiel dans les mois à venir. 50 % des Réunionnais âgés de 12 ans et plus sont complètement vaccinés, contre 23,6 % en Martinique, 23,1 % en Guadeloupe et 19,5 % en Guyane.
Mettre en place des campagnes en fonction des besoins
« Le taux de vaccination localement est inférieur à la moyenne nationale même s’il progresse depuis quelques semaines. Nous souhaitons avoir de la visibilité en menant une enquête », explique Frédéric Miranville.
À la Réunion comme en Guyane, les universités souhaitent d’abord sonder les personnels et étudiants afin d’évaluer plus finement les besoins en vaccination. « Nous avons préparé des sondages afin d’évaluer la proportion de vaccinés et le nombre de personnes souhaitant l’être », abonde Christophe Chasseguet.
Après une première opération de vaccination réussie les 24 et 25 juin derniers, l’université réunionnaise organisera ainsi des campagnes régulières, avec l’appui de son service de santé et en coordination avec les agences régionales de santé.