Remaniement : Frédérique Vidal poursuit les travaux pratiques au sein du gouvernement
Par Théo Haberbusch | Le | Stratégies
La surprise, c’est qu’il n’y a pas de surprise ! Frédérique Vidal côtoiera Roselyne Bachelot et Éric Dupont Moretti dans le premier gouvernement de Jean Castex, dont elle reste ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation. Son portefeuille et son périmètre sont donc préservés, ce qui n’allait pourtant pas forcément de soi.
C’est un appel à projets dont le taux de succès est faible, mais Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, en est lauréate pour la troisième fois. Elle a en effet été confirmée dans ses fonctions le 6 juillet par le nouveau Premier ministre, Jean Castex, après avoir participé aux deux gouvernements d’Édouard Philippe.
Son portefeuille n’a pas fait l’objet de beaucoup de spéculations dans la presse, même si début juin le Canard Enchaîné évoquait le souhait de l’ancienne présidente de l’Université de Nice de quitter son ministère. Les noms de Thierry Coulhon, actuel conseiller d’Emmanuel Macron chargé de l’éducation, du supérieur, de la recherche et de l’innovation, ou de Frédéric Mion, directeur de Sciences Po ont bien circulé… et les réseaux sociaux y sont aussi allés de leurs pronostics !
Mais, dans l’entourage de l’intéressée, on a fait savoir, tout en restant très discret dans l’attente des décisions présidentielles, que l’heure n’était pas au départ. Si lassitude il y a eu, le sentiment est passé, et la ministre a d’ailleurs réorganisé son équipe pendant le confinement, se dotant en particulier d’un nouveau directeur de cabinet.
La crainte de la disparition du ministère
Le sujet qui a préoccupé les universitaires avant le remaniement était le maintien d’un ministère de « plein exercice ». Car la crainte était réelle et partagée de voir l’enseignement supérieur rattaché à un grand ministère de l’éducation, tandis que la recherche et l’innovation rejoindraient le ministère de l’économie et des finances.
La situation la plus fréquente a été celle d’un « grand ministère » dont le socle était l’éducation nationale
Il faut dire que dans l’histoire de la Ve République, la place de l’enseignement supérieur et de la recherche au sein du gouvernement a connu des sorts très variables. La situation la plus fréquente a été celle d’un « grand ministère » dont le socle était l’éducation nationale, même si, depuis 2007, l’émergence d’un portefeuille dédié et autonome est plus nette.
Le sujet avait, déjà, fait l’objet d’une lutte d’influence auprès d’Emmanuel Macron lors de son élection en 2017. Le président de la République avait alors été convaincu de regrouper supérieur, recherche et - nouveauté - innovation, par l’économiste Jean Pisani-Ferry, coordinateur de son programme.
Finalement, le nouveau Premier ministre, Jean Castex, ayant fait savoir qu’il ne voulait par de grand chamboulement et qu’il choisirait des ministres rapidement opérationnels pour répondre à la crise économique, la continuité rue Descartes (le siège du Mesri) semblait de mise !
Un projet de loi sur la recherche en préparation
Une mobilisation contre le projet de LPPR
Une continuité qui va permettre à Frédérique Vidal de porter jusqu’au bout le projet de loi sur la recherche que le conseil des ministres devait initialement examiner le 8 juillet.
Dans un monde universitaire traditionnellement éclaté, ce texte constitue une ligne de fracture et a déjà suscité une mobilisation réelle contre lui au printemps, avant le confinement.
Les critiques restent vives, notamment sur les aspects liés aux carrières et ce, malgré la promesse de moyens supplémentaires. Le calendrier, très serré, est aussi pointé du doigt, la ministre ayant dévoilé son texte juste après le confinement et à l’orée des vacances universitaires.
Tout en restant peu connue du grand public et sans faire de vagues médiatiques, Frédérique Vidal a déjà porté, entre autres dossiers, la réforme de l’accès au premier cycle universitaire (et la création de Parcoursup), la publication d’une ordonnance permettant de rapprocher écoles et universités sans les fusionner, et la gestion du versant recherche de la crise sanitaire. Elle reprend donc les travaux à sa paillasse. Pour les deux prochaines années ?