Le recrutement : pas seulement une affaire de RH !
Par Catherine Piraud-Rouet | Le | Concours/recrutement
Cet article est référencé dans notre dossier : Recrutement : quelle stratégie RH pour améliorer le parcours candidat ?
Si les ressources humaines tiennent, au premier chef, les manettes du recrutement, l’implication des autres services est essentielle pour forger les choix d’embauche les plus pertinents et assurer le meilleur suivi des nouvelles recrues. Quelles sont les clés de cette collaboration ?
Qui dit priorité, dit forcément dynamique globale ! Dans l’ESR comme ailleurs, le recrutement, élevé au rang de stratégie d’établissement, ne peut plus être le fait d’une seule DRH, retranchée dans sa tour d’ivoire et ne communiquant qu’avec la direction générale.
Le processus inclut désormais nécessairement l’ensemble des parties prenantes, tant services supports annexes (informatique, comptabilité, scolarité…) que les directeurs et cadres des départements concernés.
À la clé, de nombreux atouts : identification des meilleurs profils, accélération du processus, renforcement de la cohésion et de l’engagement des collaborateurs et développement d’une culture RH plus collaborative et inclusive.
Faire participer les managers au processus de recrutement
Une nécessité désormais bien comprise partout. « Si les managers opérationnels sont toujours intervenus dans le process de recrutement, aujourd’hui ils sont dans la boucle de manière systémique, du tri des candidatures à l’accompagnement post-embauche », témoigne Adeline Favier, DRH de l’Université PSL.
Même démarche à l’Université de Strasbourg. « Nous demandons à tous les services de participer, d’évaluer et de coconstruire, à tous les niveaux du processus », relève Valérie Gibert, sa directrice générale des services (DGS) et présidente de l’Association des DGS (ADGS). Un credo également partagé à l’École nationale des travaux publics de l’État (ENTPE).
« La réussite d’un recrutement d’enseignants-chercheurs, par exemple, a nécessité une action équilibrée, anticipée et collaborative entre les laboratoires, la direction de la recherche et celle de la formation initiale », appuie Vincent Lafond, responsable du service RH.
Sa collègue Marie-Pierre Coquard, référente recrutement à l’ENTPE précise : « Tous sont mobilisés, de l’aide à la rédaction de la fiche de poste à la diffusion de l’offre, en passant par toutes les phases du recrutement, avec l’appui du service RH. »
Certains établissements ont poussé à l’extrême cette autonomisation. « Notre process de recrutement est intégralement géré par le volet “métiers”, la DRH n’intervenant que sur l’annonce et en dernier ressort », rapporte Lotfi Karoui, doyen de la Faculté et de la recherche à l’ISC Paris.
Après un entretien de préqualification avec le doyen associé, le candidat passe une audition avec le directeur du département et des enseignants-chercheurs de sa spécialité.
« En dernière phase, je reçois les candidats retenus avec le directeur général et le cas échéant la direction concernée », poursuit Lotfi Karoui.
L’onboarding, l’affaire de tous
« Au moment du recrutement, on fait une promesse employeur : aussi, démontrer la qualité des premiers temps dans l’établissement s’impose pour conserver les talents. Un pari qui ne peut être gagné que s’il y a engagement, outre de la RH, des managers et des équipes », expose Marie-Béatrice Celabe, DGS adjointe de l’Université de Bordeaux et présidente de l’association Sup’DRH.
Des préconisations mises en application à PSL, où le processus d’onboarding, c’est-à-dire d’intégration, a été revu de fond en comble en 2023 pour y intégrer tous les services supports, en lien avec l’équipe RH.
Beaucoup d’établissements de l’ESR ont instauré des dispositifs de soutien de type mentorat ou tuteurs de proximité, impliquant une vaste palette de collaborateurs gravitant autour du nouvel arrivant. C’est le cas, notamment, à l’Université de Bordeaux. « Autant de dispositifs qui se déroulent dans le cadre d’un réel engagement contractuel des équipes RH avec les services d’affectation », note Marie-Béatrice Celabe.
Tous mobilisés pour la promotion de la marque employeur
Faire des salariés en place des ambassadeurs de leur établissement : la brique ultime pour une implication optimale de tous. L’Université de Strasbourg a ainsi initié en avril 2024 une journée de promotion de ses métiers qui a mobilisé l’ensemble de ses forces vives.
« Nous avons mené un travail collaboratif sur la fiche de recrutement, avec deux séminaires : un avec les chefs de services centraux, un autre avec ceux-ci plus des composantes et de laboratoires. Puis, nous les avons mobilisés sur une évaluation de la journée », précise Valérie Gibert. Bilan : un impact non seulement pour le recrutement, mais aussi sur la dynamique interne tout entière.
« Les personnels ont appris à se connaitre entre eux, à échanger sur leurs postes et leurs conditions de travail : une opération plébiscitée ! », sourit-elle.