« Ce n’était pas du tout mon plan » : rencontre avec Romain Bartolo, expatrié en Corée du Sud
Par Isabelle Cormaty | Le | Management
Campus Matin continue de vous faire découvrir ces Français, acteurs de l’enseignement supérieur expatriés à l’étranger et vous embarque pour la Corée du Sud à la rencontre de Romain Bartolo. Depuis cinq ans, ce natif des Bouches-du-Rhône passionné par l’Asie du Sud travaille pour l’équipe des relations internationales de SolBridge International School of Business. Portrait.
Seriez-vous prêt à quitter votre poste pour aller travailler en Corée du Sud alors que vous n’êtes jamais allé dans ce pays et que vous n’en parlez pas la langue ? C’est le choix audacieux effectué par le Français, Romain Bartolo, aujourd’hui senior regional manager pour l’Europe et l’Amérique du Nord de SolBridge International School of Business.
« Au printemps 2015, j’ai eu l’opportunité de partir en Corée via mon réseau. Je n’y étais jamais allé. J’ai passé un premier entretien en ligne en mai. Puis je suis parti pendant une semaine visiter le pays et j’ai passé trois jours sur le campus de SolBridge », commence le jeune homme de 33 ans.
Il accepte le poste et s’installe dans la ville de Daejon, à 150 km au sud de Séoul. Une expatriation inattendue, mais qui ne doit rien au hasard pour ce passionné de l’Asie…
Dès l’adolescence, une envie de faire carrière à l’international
Une passion pour l’international née durant ses études
« Quand j’avais 18 ans, je voulais travailler au ministère des affaires étrangères. Je voulais évoluer à l’international », se rappelle Romain Bartolo. Après une licence de science politique et de relations internationales à l’Université Jean Moulin Lyon 3, il part en Australie pour un échange universitaire lors de sa première année de master.
« Plutôt que de rentrer en France à la fin de l’année, je suis resté là-bas, poursuit-il. C’est en Australie que j’ai eu le déclic de l’Asie du Sud. Je me suis fait un grand cercle d’amis asiatiques et je me suis intéressé à cette zone. »
Curieux de découvrir ce continent, Romain Bartolo prépare un second master et réalise son mémoire de recherche à Singapour, puis passe cinq mois en Indonésie.
La Corée plutôt que l’Indonésie
Ce n’était pas du tout mon plan au début
Retour dans l’Hexagone à l’été 2013. Romain Bartolo travaille deux ans à Centrale Lyon comme chargé de projet auprès du directeur, quand un ami lui propose via son réseau un poste en Corée.
« Ce n’était pas du tout mon plan au début », se souvient ce professionnel du supérieur qui rêvait de s’installer en Indonésie, mais s’est finalement bien adapté à la Corée.
« Je pensais rester un an ou deux en Corée du Sud puis retourner en Indonésie, car j’ai beaucoup d’amis là-bas, j’adore ce pays et je parle la langue. Mais je suis resté ici. On dit souvent qu’on met un an ou deux avant d’adopter la Corée et après on n’a plus envie de repartir », s’amuse-t-il.
Logé sur le campus, Romain Bartolo apprécie la qualité de vie sur place. SolBridge International School of Business se situe à Daejeon. La métropole de 1,5 million d’habitants abrite, entre autres, un centre culturel de l’Alliance française et une partie de l’ancienne bibliothèque française de Séoul transférée dans Daejeon.
En charge des partenariats avec l’Europe et l’Amérique du Nord
Comme senior regional manager de l’Europe et l’Amérique du Nord, Romain Bartolo recrute des étudiants étrangers qui souhaitent venir passer un semestre ou plus en Corée.
Son établissement, qui compte des 75 % des étudiants étrangers de 65 nationalités différentes, propose notamment des cursus anglophones et des cursus coréens. « Ce qui me motive, c’est de voir la satisfaction des étudiants européens quand ils viennent ici », souligne-t-il.
Des partenariats consolidés depuis la crise sanitaire
Depuis le début de la crise sanitaire, le quotidien de cet expatrié français s’est transformé. Les quatre à six déplacements par an à l’étranger ont fait place à des réunions en visioconférence avec ses homologues du monde entier.
« Rien ne remplace la rencontre physique », insiste Romain Bartolo. Son établissement a toutefois réussi à maintenir des partenariats et à les consolider malgré le contexte incertain.
« Quand je suis arrivé en 2015, je disposais d’une vingtaine de partenaires européens. L’objectif était de nouer des partenariats avec des établissements, aujourd’hui j’ai 80 partenaires. Nous avons obtenu en 2016 l’accréditation AACSB qui nous donne de la visibilité », se félicite-t-il.
« Quand la Covid est arrivée, nous étions plutôt dans une phase de consolidation des relations », ajoute-t-il. L’épidémie lui a permis de nouer des liens plus étroits avec les personnes en charge des partenariats des autres établissements, d’autant que la Corée du Sud bénéficie d’une bonne image à l’étranger pour sa gestion de la crise sanitaire.
Les clés de sa réussite : les capacités d’adaptation et en langues
Romain Bartolo fait partie de l’équipe des relations internationales de SolBridge International School of Business. D’abord en charge des liens avec l’Europe, son portefeuille s’est élargi il y a trois ans et prend désormais en compte les partenariats avec l’Amérique du Nord (Canada et États-Unis).
Quelles sont alors les clés de la réussite du Français ? « La capacité à parler plusieurs langues aide beaucoup, surtout au début », affirme celui qui parle couramment l’anglais, l’indonésien et le français, teintés d’accent du Sud ! À cela s’ajoutent le coréen, qu’il a appris, et l’espagnol qu’il comprend.
Romain Bartolo cite également la capacité d’adaptation parmi les éléments favorisant une expatriation réussie. S’adapter à ses interlocuteurs, à un autre milieu culturel et une culture managériale différente.
« Dans la culture latine, on aime beaucoup discuter. En Corée, la culture est plus hiérarchique, il vaut mieux parfois être plus silencieux. Il y a d’autres moyens de faire passer des messages », note-t-il.
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