Dans les coulisses de l’incubateur edtech de l’University College of London
Par Isabelle Cormaty | Le | Edtechs
Le programme d’accélération edtech de l’University College of London - l’UCL edtech labs - est l’un des plus reconnus de l’écosystème. Depuis sa création en 2017, il a fait des petits dans plusieurs métropoles mondiales et accompagné plus de 400 entrepreneurs. Dernier partenariat en date, celui avec CY Cergy Paris Université qui lance en avril un accélérateur pour neuf projets edtechs francophones.
C’est dans un immeuble banal, à une vingtaine de minutes à pieds de la City de Londres, que se cache au sous-sol l’incubateur edtech de la prestigieuse University College of London (UCL), hébergé par le Centre d’innovation numérique de l’établissement.
Une partie de la délégation française participant au British education training and technology Show, dit Bett Show à Londres du 29 au 31 mars a eu l’occasion de visiter l’UCL edtech labs et de rencontrer son fondateur et directeur Houtan Froushan. Campus Matin était du voyage.
Un incubateur axé sur la recherche
Le programme d’accélération de l’UCL à but non lucratif fait la part belle au mentorat et au partage entre pairs de la communauté de l’UCL edtech labs. Les start-up ont la possibilité de présenter leurs projets devant d’anciens participants, des investisseurs, des décideurs politiques…
Le programme se déroule sur 12 semaines, les trois premiers jours étant entièrement en présentiel, le reste en visioconférence ou via des formations en ligne
« La véritable plus-value de l’accélérateur réside dans la collaboration et l’échange entre tous les participants au programme. Nous organisons ensuite une série d’ateliers pour clarifier la mission, les objectifs de l’entreprise et ses méthodes de recherche », détaille Houtan Froushan.
Mettre en avant des preuves d’impact
« Lors du lancement du programme d’accélération pour les technologies de l’éducation, nous nous sommes concentrés sur la recherche : qu’est-ce que la recherche en éducation ? Comment l’utiliser ? Quels sont les standards de référence ? Quelles recherches peuvent mener les fondateurs d’entreprises edtechs au démarrage de leur activité ? », énumère le directeur de l’UCL edtech labs.
Des chercheurs de l’Institut de l’éducation de l’UCL aident ainsi les participants du programme à mener des expérimentations avec une méthode de recherche axée sur les preuves d’impact.
« Le système éducatif au Royaume-Uni est très particulier, les écoles disposent d’une autonomie dans la conduite de projets éducatifs, donc les entreprises doivent documenter l’efficacité de leurs solutions. Le programme de l’UCL a pour objectif d’établir des preuves d’impact pour montrer l’efficacité des solutions et se distinguer auprès des établissements », expliquait la cofondatrice d’Evidence B et ancienne participante de l’incubateur, Catherine de Vulpillières le 9 mars dernier lors d’un colloque de l’Association nationale de la recherche et de la technologie (ANRT) sur la recherche partenariale en éducation.
Des déclinaisons à Toronto ou Dubaï
Depuis sa création en 2017, le programme d’accélération de l’University College of London a accompagné 30 cohortes, soit plus de 400 entrepreneurs et 270 start-up à travers le monde, comme la edtech française Evidence B.
Créée par Thierry et Catherine de Vulpillières en 2017, la start-up conçoit des modules pour faciliter l’apprentissage des notions fondamentales structurantes chez les élèves, grâce aux sciences cognitives et à l’intelligence artificielle.
L’établissement londonien s’appuie sur les experts et chercheurs de nombreux partenaires institutionnels ou économiques comme AWS (Amazon Web Services), OneValley, l’Institut de l’éducation et le département ingénierie de l’UCL. La prochaine promotion qui débutera en mai est par exemple soutenue par les universités de Santander. L’University College of London a également conçu des déclinaisons de son programme à Toronto et à Dubaï notamment.
Un programme transposé pour la première fois en France
C’est en 2019 que l’idée d’une transposition de l’incubateur en France voit le jour, à l’initiative notamment de Philippe Mero, vice-président développement international de l’Association française des industriels du numérique de l’éducation et de la formation (Afinef) et depuis 2020 vice-président développement et partenariats stratégiques d’Evidence B.
« Nous nous sommes rendu compte que c’était mieux de s’associer. Après de très longues discussions et réunions, une première cohorte du CY edtech lab va enfin voir le jour à Paris. Nous sommes très contents d’avoir établi un partenariat entre Paris et Londres », s’enthousiasme Houtan Froushan.
Porté par CY Transfer, la structure en charge de la valorisation de CY Cergy Paris Université, ce programme intitulé « CY EdTech Labs » comporte une série de masterclass pour dresser un panorama de la filière edtech française et un volet scientifique. Quatre laboratoires de CY spécialisés en sciences de l’éducation sont impliqués dans cet accélérateur. La partie business sur le modèle économique et le financement du projet est assurée par l’University College of London.
Participent au financement du programme : le conseil département du Val-d’Oise, le conseil régional d’Île-de-France, Bpifrance, la Banque des Territoires et CY Cergy Paris Université via sa dotation initiative d’excellence (Idex).
Les neuf participants de la première cohorte
Pour cette première cohorte qui commence le 6 avril, neuf projets ont été sélectionnés :
- T-Prof sur la formation des enseignants, notamment à la conduite de classe ;
- Modco sur l’utilisation des téléphones portables des élèves en cours dans un cadre défini ;
- la solution Beegup dédiée à la pratique orale des langues étrangères ;
- le projet Plenumi qui porte l’ambition d’améliorer l’apprentissage des élèves en leur proposant des exercices adaptés à leurs difficultés ;
- le projet KartOOn qui utilise des jeux de cartes pour travailler les compétences mathématiques et le vivre ensemble chez des élèves de cycle 2;
- la plateforme Sylex spécialisée dans l’éducation à la sexualité des adolescents ;
- la solution WoW ! News dédiée à l’éducation aux médias des enfants de 8 et 12 ans ;
- la plateforme interactive de microlearning Wooflash, éditée par la edtech belge Wooclap ;
- et l’application Mobil Education conçue pour les révisions des collégiens et lycéens camerounais.
CY Transfer organise une seconde campagne de sélection en mai pour un programme prévu du 15 septembre au 15 décembre.