Numérique

Former les étudiants au marché caché de l’emploi grâce à la réalité virtuelle

Par Isabelle Cormaty | Le ( mis à jour le ) | Edtechs

Apprendre à construire son réseau constitue une compétence à acquérir pour les étudiants, d’après Jean-Baptiste Morin, le fondateur de la start-up rennaise Behave. La edtech, qui finalise une levée de fonds pour juin, conçoit des briques pédagogiques pour favoriser l’employabilité en utilisant notamment la réalité virtuelle.

Jean-Baptiste Morin a fondé Behave en octobre 2020 après avoir exercé dans l’enseignement supérieur. - © D.R.
Jean-Baptiste Morin a fondé Behave en octobre 2020 après avoir exercé dans l’enseignement supérieur. - © D.R.

« En dehors de quelques événements ponctuels, les étudiants ne sont pas formés au marché caché de l’emploi où circulent les offres avant leur publication », pointe Jean-Baptiste Morin. Fort de ce constat, l’ancien responsable du département carrière d’une école de commerce a créé en octobre 2020 la start-up Behave qui propose des briques pédagogiques, notamment la solution Before dédiée à l’employabilité des étudiants.

Le réseautage, une compétence à acquérir

Cet ingénieur de formation a commencé sa carrière comme consultant spécialisé dans le financement de l’innovation. Il intègre le monde de l’enseignement supérieur lors de ces deux années d’expatriation en Indonésie où il exerce comme enseignant à l’Université catholique De La Salle Manado. Il rejoint ensuite Singapour, où il est responsable du département carrière pour le campus local de l’Essec.

L’idée de Behave émerge à son retour en France, lorsqu’il travaille à Rennes Business School comme responsable du département carrière. « La direction m’a demandé de réformer en profondeur les parcours d’orientation, de connaissance de soi et sur les soft skills. J’avais affaire à des étudiants de 18 à 27 ans environ, aux profils variés, français comme étrangers », se souvient celui qui se définit comme un « carriérologue ».

Il fallait trouver le juste équilibre entre la massification des cohortes d’étudiants et l’individualisation des apprentissages. « J’ai créé ce que j’aurais adoré pouvoir expérimenter lorsque j’étais à Rennes business school », constate Jean-Baptiste Morin.

Un outil en VR couplé à un atelier en présentiel

« Le monde est passé d’une économie du 20e siècle basée sur les connaissances et les savoir-faire à une économie du 21e siècle basée sur les savoir-être et la connaissance de soi. L’intelligence artificielle et le numérique accélèrent ce phénomène. Les entreprises s’intéressent de plus en plus aux qualités des candidats. Je pose le réseautage comme une compétence, ce qui le démystifie auprès des étudiants », expose l’entrepreneur.

Jean-Baptiste Morin a notamment travaillé à l’Essec à Singapour puis à Rennes Business School. - © D.R.
Jean-Baptiste Morin a notamment travaillé à l’Essec à Singapour puis à Rennes Business School. - © D.R.

« Mon objectif est de mixer le meilleur de la technologie au niveau de l’individualisation et le meilleur de la transmission entre de jeunes adultes. La solution Before se compose de deux étapes asynchrones et une en synchrone », détaille Jean-Baptiste Morin.

Après un module d’e-learning sur le marché caché de l’emploi, les étudiants réalisent une activité de 30 minutes en réalité virtuelle dans laquelle ils jouent leur propre rôle. Leur défi : contacter un professionnel puis prendre un café avec lui pour apprendre à réseauter. Divers scénarios sont alors possibles en fonction de l’approche et des réponses des étudiants.

« Quelques écoles mettent à disposition des casques de VR à leurs étudiants pour cette étape, mais la majorité des utilisateurs de la plateforme y accèdent sur ordinateur, tablette ou sur smartphone dans un souci d’accessibilité au plus grand nombre », ajoute le fondateur de Behave.

Trois heures d’ateliers en présentiel complètent le tout. « Ce temps d’échange permet aux étudiants de rentrer dans la dentelle du réseautage et de prendre de la hauteur par rapport à l’exercice en VR », complète-t-il.

Une levée de fonds pour accélérer la croissance commerciale

Une douzaine d’établissements du supérieur principalement situés dans l’ouest de la France utilisent la solution Before à ce jour, notamment l’école d’ingénieurs Ecam Rennes, l’École des hautes études en santé publique (EHESP), l’Inseec ou encore l’Université et l’IAE d’Angers. « Plus de 2000 étudiants ont été formés durant l’année universitaire 2023-2024 », avance Jean-Baptiste Morin.

En plus de son offre pour le supérieur, sa société propose également d’autres briques pédagogiques centrées par exemple sur le processus de candidature ou l’intégration dans une entreprise. Elle a par ailleurs intégré au printemps 2024 le Village by CA Ille-et-Vilaine, un accélérateur de start-up soutenu par le Crédit Agricole.

Recruter pour structurer l’entreprise

Pour accélérer la phase d’amorçage, l’entrepreneur finalise pour juin une levée de fonds auquel participent des business angels avec une forte coloration sur l’enseignement supérieur et les ressources humaines.

Avec ces financements, il compte s’entourer des bonnes compétences pour développer l’entreprise. Une structuration de l’équipe commerciale qui lui dégageront du temps pour le développement R&D de nouvelles briques pédagogiques en parallèle de sa thèse en carriérologie, débutée en septembre 2023 à l'Université Catholique de l’Ouest.

« Mon doctorat est à la frontière des sciences de l’éducation, des sciences de gestion et de la sociologie. Il tourne autour du socle pédagogique qui permettra à des volumes importants d’étudiants d’acquérir de la maturité professionnelle », présente-t-il.

Une levée de fonds de 300 000 € clôturée en août 2024

L’entreprise a annoncé, fin août, avoir finalisé une levée de fonds de 300 000 euros financée par cinq investisseurs. Parmi eux, la société edtech Alumnforce, spécialisée dans les réseaux communautaires ; Yves de la Villeguérin, le P-DG du groupe Revue Fiduciaire, connu pour sa stratégie d’investissement dans les start-up axées sur la formation et l’orientation ; et un médecin chercheur en neurosciences.

« AlumnForce voit en BeHave une opportunité d’amplifier l’impact des réseaux professionnels en assurant un meilleur alignement entre les talents et les opportunités. Ce partenariat est une extension naturelle de notre mission visant à connecter les individus avec les opportunités qui leur correspondent le mieux », indique Frédéric Blanc, le directeur général d’AlumnForce.