L’apprentissage, un marché à prendre pour les edtechs

964 020. Tel est le nombre d’apprentis recensés en février 2023 selon la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques, rattachée au ministère du travail. Des effectifs en progression de 12,9 % sur un an, en raison notamment des aides attribuées par le Gouvernement. 

L’heure est donc à l’adaptation pour les centres de formation des apprentis (CFA) et les établissements du supérieur qui doivent absorber cette croissance et les particularités administratives du statut des apprentis ou alternants. Certaines ont recours à des entreprises edtechs spécialisées sur le sujet. Campus Matin est allé à leur rencontre sur le salon Educatech Expo qui s’est tenu à la Porte de Versailles à Paris du 15 au 17 novembre.

Des livrets d’apprentissage dématérialisés 

Depuis la loi de 2018, qui a réformé le système de l’apprentissage en France, les CFA sont tenus d’organiser le suivi régulier de leurs apprentis avec les entreprises et les jeunes. Pour augmenter le taux de remplissage des dossiers et éviter les livrets papier perdus en cours d’année, certains CFA se sont mis aux livrets d’apprentissage électroniques, souvent personnalisables qui envoient des relances régulières aux tuteurs et aux étudiants.

Plusieurs solutions existent : Campus Skills, GoWizApp et, la plus connue, Studea. La première, qui compte une quarantaine de clients, se concentre sur les formations du supérieur privé. « Développée en 2016, la plateforme sous marque blanche peut être utilisée pour l’apprentissage ou le suivi des formations en interne », précise Laura Poulet, responsable communication et marketing de la société grenobloise Campus Skills.

100 000 apprentis avec le livret Studea

La solution Studea développée par l’entreprise Effet B compte quant à elle 100 000 apprentis sur son application. D’abord utilisée par le CFA Formasup de la région lyonnaise et grenobloise, elle s’est ouverte à l’ensemble des établissements en 2017. Un an avant la promulgation de la loi sur l’apprentissage et le boom des contrats qui en a découlé. 

« Nous sommes passés de sept clients en 2017 à 120 actuellement. Le livret électronique a ouvert une porte entre les CFA et les entreprises. En plus du livret, nous avons développé à la demande de nos clients des modules pour échanger les documents d’absence des apprentis, la validation des compétences… », retrace Loïc Favory, son directeur.

La société qui dispose depuis 2016 du statut de jeune entreprise innovante compte parmi ses salariés un docteur qui a réalisé sa thèse Cifre dans l’entreprise. Avec lui, elle compte développer un assistant virtuel avec l’IA qui puisse aider le tuteur pédagogique à concevoir et remplir le référentiel de compétences. 

Gérer l’administratif avec Ofa-link

Outre le suivi des apprentis, la loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel implique pour les CFA de nouvelles formalités administratives. Le progiciel de gestion intégré (ERP) Yparéo, très implanté dans les établissements publics, est leader du secteur pour la gestion administrative des apprentis.

Faute d’outils lui convenant sur le marché, le CFA hors les murs Formasup a également développé son propre logiciel intitulé Ofa-link. Désormais commercialisé auprès d’autres CFA ou établissements du supérieur comme EMLyon ou l’Université Grenoble Alpes, Ofa-link permet de gérer l’ensemble des démarches administratives avec l’apprenti, ainsi que le paiement de sa formation en lien avec les différents partenaires impliqués. 

La commercialisation du logiciel permet ainsi au CFA de diversifier ses recettes et d’amortir le coût de développement de sa solution. 

Accompagner l’intégration dans l’entreprise avec Upikajob

À mi-chemin entre la solution d’onboarding (intégration dans l’entreprise) et celle spécialisée sur l’apprentissage, la jeune société corse Upikajob propose un outil basé sur l’IA conversationnelle pour accompagner les RH et les managers dans l’intégration de leurs jeunes recrues, qu’ils soient stagiaires, alternants ou employés. 

« Les jeunes ont un entretien oral avec un avatar qu’ils choisissent. Ce dernier va faire le point sur leur situation pour savoir s’ils se sentent bien dans l’entreprise, s’ils sont encadrés… Cela permet aux CFA de connaître l’état d’esprit des jeunes, ceux qui rencontrent des difficultés pour enclencher ensuite des actions. Pour les entreprises, l’enjeu est d’augmenter leur taux de transformation pour garder leurs recrues », détaille Stéphane Saladin, directeur général et cofondateur d’Upikajob.

Lancée au deuxième trimestre 2023, la plateforme, proposée en mode Saas, a déjà accompagné 2 000 jeunes et espère être rentable en 2024. Gratuite pour les étudiants, elle est également disponible en anglais et en allemand et personnalisable en fonction des besoins de ses clients.

« Avec mon associée Laurie Monné, nous voulons préparer au mieux les jeunes à la grande marche entre l’école et le monde de l’entreprise. Dans nos expériences passées, nous avons tous eu des stagiaires, mais les avons-nous bien suivis ?, s’interroge-t-il. Les stages et l’alternance se multiplient, le digital et l’IA sont donc nécessaires pour s’adresser à une population aussi grande. »