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« Que la filière edtech soit davantage valorisée à l’échelle nationale » : le vœu de… Nadia Jacoby

Par Isabelle Cormaty | Le | Edtechs

Durant tout le mois de janvier, Campus Matin recueille les vœux de personnalités de l’enseignement supérieur pour 2022, une année marquée notamment par l’élection présidentielle. Cette semaine, la parole est à Nadia Jacoby, fondatrice de l’entreprise Simone et les robots.

Campus Matin donne la parole aux personnalités de l’enseignement supérieur. - © D.R.
Campus Matin donne la parole aux personnalités de l’enseignement supérieur. - © D.R.

Une académique qui s’est tournée vers l’entrepreneuriat. Tel est le parcours atypique de Nadia Jacoby. Enseignante-chercheuse en économie industrielle à l'Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, elle a notamment été vice-présidente numérique et communication de l’établissement de 2012 à 2016 et vice-présidente de l’association des VP-Num

En 2018, Nadia Jacoby fonde Simone et les Robots, une agence de conseil en transformation digitale et expérientielle. Elle a livré à Campus Matin ses attentes en cette année 2022.

Quels vœux formulez-vous pour la edtech en 2022 ?

Nadia Jacoby : Je souhaiterais que la filière edtech soit davantage valorisée à l’échelle nationale. L’écosystème doit beaucoup à lui-même, il a assez peu de visibilité et de reconnaissance par rapport à d’autres filières technologiques aussi dynamiques. La valorisation de la edtech est insuffisante au regard de ses performances.

Par ailleurs, de plus en plus de partenariats voient le jour entre l’écosystème enseignement supérieur recherche et les entreprises edtechs. En 2022, j’aimerais qu’il y ait de plus nombreuses et de meilleures collaborations entre les établissements et les acteurs de la edtech, dans une dynamique d’écoute réciproque et de coconstruction. Je crois beaucoup à l’idée de coconstruction de solutions technologiques au service de l’éducation, entre ceux qui définissent les besoins et les usages et ceux qui développent les solutions.

Qu’attendez-vous de la présidentielle ? 

Nadia Jacoby a fondé l’agence Simone et les Robots en 2018. - © D.R.
Nadia Jacoby a fondé l’agence Simone et les Robots en 2018. - © D.R.

Il est nécessaire de mieux valoriser l’université et sa mission. La structuration de l’enseignement supérieur et de la recherche en France est très particulière, mais je trouve que l’université manque de mise en lumière.

Elle forme environ 1,7 million d’étudiants sur les 2,8 millions que compte le pays. L’université doit être une priorité, d’autant que la recherche publique en France se fait essentiellement dans les universités. Mieux valoriser les universités permet de mieux valoriser le pays dans son ensemble. 

Par ailleurs, les entreprises ont besoin de profils compétents formés au numérique, car nos métiers évoluent très vite. Cela me semble nécessaire de réfléchir à une meilleure allocation des moyens vers les filières STEM (science, technologie, ingénierie et mathématiques). Et je ne suis pas sûre que cela soit une question de moyens financiers. Dans certaines universités, les filières informatiques sont en tension et des diplômes sont menacés de fermeture, car les équipes pédagogiques sont en sous-effectifs !

Les tendances qui vont marquer l’année ?  

Du côté technologie, l'immersive learning devrait être la tendance forte de 2022. Certes, il ne s’agit pas d’une technologie récente, mais une tendance n’est pas forcément une nouveauté, cela peut être la massification d’une technologie. Beaucoup d’établissements du supérieur et d’enseignants parlent d'immersive learning depuis quelques mois. 

Après deux ans de pandémie, les usages changent également. Du côté des pratiques, il y a un enjeu autour de l'articulation entre présentiel et distanciel. En mars 2020, les universités ont dû s’adapter au changement conjoncturel. Aujourd’hui, elles ont beaucoup appris et savent maintenant faire du présentiel, du distanciel et de l’hybride. C’est une tendance qui devrait perdurer selon moi. Les acquis de la crise devraient permettre aux établissements de proposer plus de flexibilité dans certains parcours de formation adaptés aux différents publics. 

Avec qui aimeriez-vous créer du lien cette année ? 

François Taddei dirige le CRI. - © LM - NTE
François Taddei dirige le CRI. - © LM - NTE

J’aimerais créer plus de liens professionnels avec François Taddei, le directeur du Centre de recherches interdisciplinaires (CRI). J’apprécie ses travaux, la façon dont il aborde les sujets et je souhaiterais avoir une discussion approfondie avec lui.

Nous travaillons avec beaucoup d’universités chez Simone et les Robots. J’aimerais bien échanger davantage avec France Universités (NDRL : anciennement Conférence des présidents d’université) sur une réflexion plus globale.

Un projet que vous aimeriez voir aboutir cette année dans votre entreprise ?   

Simone et les Robots est une entreprise en pleine croissance de cinq salariés. J’aimerais finaliser à court terme le recrutement de deux personnes supplémentaires avec de bons profils.

Quelles sont vos bonnes résolutions professionnelles ? 

Je ne prends jamais de bonnes résolutions, car cela m’évite de ne pas les tenir !

Un projet personnel que vous aimeriez voir aboutir en 2022 ?

Comme beaucoup de personnes, j’ai envie de voyager ! Et j’ai aussi très envie de repartir en rallye cette année. J’ai déjà participé à deux Paris-Dakar et j’aimerais bien refaire une course.

Une lecture inspirante ou un podcast à conseiller pour bien commencer l’année ? 

J’écoute beaucoup de podcasts et j’ai découvert il y a peu deux séries très intéressantes réalisées par The Conversation : “In Extenso” pour approfondir un sujet et “Retour sur…” qui propose des analyses d’experts.

J’aime aussi beaucoup “Industry4Good”, une newsletter au format hybride qui inclut des podcasts. Elle est produite par Aurélien Gohier qui travaille chez Dassault Systèmes. Je trouve qu’il redonne à l’industrie française ses lettres de noblesse. Son dernier invité était Luc Julia, l’un des concepteurs de l’assistant vocal Siri qui a depuis rejoint le groupe Renault.