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Comment les UNT (Universités numériques thématiques) mobilisent leurs ressources

Par Marine Dessaux | Le | Pédagogie

Des ressources pédagogiques numériques accessibles à tous, c’est la promesse de l’Université Numérique (UN). Pendant la crise sanitaire du Covid-19 plus que jamais, les 30 000 ressources éducatives libres des 6 universités numériques thématiques membres de l’UN sont sollicitées. L’occasion idéale de prendre le réflexe du numérique, estime Ollivier Haemmerlé, président de l’Université Numérique.

Comment les UNT (Universités numériques thématiques) mobilisent leurs ressources
Comment les UNT (Universités numériques thématiques) mobilisent leurs ressources

six UNT (universités numériques thématiques)

L’université numérique, c’est d’abord une association 1901 qui fédère six universités numériques thématiques (UNT) et regroupe plus d’une centaine d’établissements de l’enseignement supérieur et de la recherche, des universités et IUT.

Les thématiques des six universités numériques :

Ollivier Haemmerlé, président de l’Université Numérique - © D.R.
Ollivier Haemmerlé, président de l’Université Numérique - © D.R.

Elles produisent des milliers de ressources pédagogiques numériques et accompagnent les établissements dans leur utilisation. « L’université numérique, c’est donc un bonus pour l’enseignement supérieur, en temps normal, et une ressource gratuite de premier plan, en temps de crise sanitaire » explique Ollivier Haemmerlé, également professeur des universités à Toulouse et directeur de l’Université Ouverte des Humanités, service interuniversitaire national, basé à Strasbourg. « Dès qu’on a appris la fermeture des établissements, le 16 mars, nous avons cherché à voir comment les universités pouvaient mettre en place des formations très rapidement  ».

Très vite, l’association, dont le rôle « n’est pas d’être en première ligne face aux étudiants », se met disposition des universités. « Nous avons installé un correspondant dans chacune des UNT, pour répondre aux demandes d’accompagnement. Il a fallu par ailleurs parfois rappeler l’existence de nos ressources aux établissements adhérents, pour qui l’UN est souvent un module à disposition des étudiants, parmi d’autres. Nous avons aussi contacté les établissements non-adhérents pour nous faire connaître. » Car l’université numérique s’adresse à tous « en France et même au-delà, dans les pays francophones », précise Ollivier Haemmerlé.

Conséquence, « nous faisons face à une surcharge d’activité : les établissements nous contactent pour être accompagnés dans l’utilisation des ressources, et nous devons répondre à des demandes spécifiques. »

Mais cette surcharge correspond aux missions habituelles : « on ne fait que ce qu’on a l’habitude de faire », assure le président de l’Université Numérique.

Répondre à l’urgence

Des initiatives ont été mises en place dans l’urgence. Pour UVED, l’université virtuelle du développement durable, des MOOCS ont été ouvert en avance : « un moyen d’occuper les étudiants, le temps que les programmes en distanciel se mettent sur pieds », explique le président de l’UN.

Par ailleurs, la filière DUT GACO (Gestion Administrative et Commerciale) en distanciel, initialement proposée en accès restreint par IUTenLigne, est désormais libre d’accès pour les étudiants qui suivent habituellement cette formation en présentiel.

Pour les élèves de DAEU (Diplôme d’accès à l’enseignement supérieur), une offre entièrement à distance a été mise en place par UNIT. « Il s’agit de permettre à un public qui rencontre des difficultés scolaires d’avoir une équivalence du bac pour ensuite entamer des études supérieures  », décrit Ollivier Haemmerlé.

Du côté des professeurs aussi, il existe un besoin de ressources spécifiques. Aunege, l’un des membres de l’Université Numérique, produit des ressources comme des tutoriels pour aider les collègues. Un webinaire sur la classe inversée a notamment été proposé en collaboration avec le réseau des IAE. « Ce séminaire en ligne, limité à 100 participants, était complet. On observe un retour positif sur nos initiatives. »

Adopter le réflexe du numérique

Les ressources des Université Numériques, et du numérique en général, existent et se multiplient depuis quelques années. Pourtant, les nouvelles formes de pédagogie numérique ont du mal à s’installer.

La crise sanitaire favorisera-t-elle l’émergence de nouveaux modes d’apprentissage ?

« J’en suis certain, assure Ollivier Haemmerlé. A chaque situation de crise il y a des réflexes qui s’acquièrent et qui ne disparaissent pas. J’ai pu en faire l’expérience lorsque j’étais vice-président en charge du numérique à l’université de Toulouse - Jean Jaurès : les dispositifs numériques et les habitudes qui se prennent par temps de crise, lors des grèves notamment, ne se perdent pas. »

Ce contexte inédit pourrait ainsi rendre plus fréquent l’utilisation de quiz en ligne, faciliter l’instauration d’une communication différente avec les étudiants et inciter au passage à la classe inversée. « Tout cela ne se substitue pas au travail du professeur », estime-t-il. « Ce sont des choses qui viennent renforcer notre pédagogie. » L’occasion, aussi, de déculpabiliser les professeurs qui utilisent les ressources des autres.

« Dans une situation comme celle-ci, on n’a pas le temps de monter un cours en ligne, il faut faire avec ce qui existe déjà. C’est un bon moyen de se rendre compte qu’utiliser les ressources d’autres collègues, ce n’est pas dévalorisant. »