Numérique

Le BIP pour booster de l’innovation pédagogique à Grenoble École de Management

Par Marc Guiraud | Le | Pédagogie

Le BIP (Booster de l’innovation pédagogique) de Grenoble École de Management a été mis en place par la direction pédagogique et la direction de l’innovation de l’école : « c’est un incubateur de projets, matérialisé par une plateforme numérique, ouverte à l’ensemble des salariés de l’école, professeurs et équipes supports », déclare Delphine Gatti-Urweiller, responsable des programmes innovation et co-cheffe du Booster.

Site internet Grenoble École de Management - © D.R.
Site internet Grenoble École de Management - © D.R.

« Il s’agit de transformer la manière d’innover et de développer l’idée du professeur-intrapreneur et du salarié-intrapreneur et de pousser les enseignants à se lancer en équipe, car beaucoup travaillent de leur côté et ont des projets qu’on ne soupçonne pas », ajoute Emmanuelle Villiot-Leclercq, responsable transformation pédagogique et digital et co-cheffe du projet.

Entre avril et mai 2019, un appel à projets a été lancé. Quatre projets sélectionnés ont été incubés en s’appuyant notamment sur les plateformes immersives de GEM Lab et sur l’expertise pédagogique de nos professeurs. 

Professeurs-intrapreneurs

Delphine Gatti-Urweiller - © GEM
Delphine Gatti-Urweiller - © GEM

Dans le monde académique, s’il existe déjà un « soutien à la transformation pédagogique ou institutionnelle », l’idée de professeur-intrapreneur, qui vient « du monde de l’entreprise, est nouvelle », indique Emmanuelle Villiot-Leclercq. Pour elle, « cette tendance n’en est qu’à ses débuts ». 

« Les fonds d’innovation pédagogiques existent depuis plusieurs années, notamment dans le cadre des Idex et autres financements soutenant les pratiques innovantes, mais cela ne transforme pas suffisamment la posture et le positionnement de l’enseignant et ses pratiques au sein de l’institution et auprès d’étudiants à long terme ». 

Le BIP, « une manière de faire le lien entre recherche académique et ce qu’il se passe sur le terrain »

Emmanuelle Villiot-Leclercq - © D.R.
Emmanuelle Villiot-Leclercq - © D.R.

« Le booster de l’innovation est une bonne manière pour l’école de faire le lien entre la recherche académique, et ce qu’il se passe sur le terrain », précise Delphine Gatti-Urweiller.

« À GEM, nous avons en effet une démarche de soutien de recherche à la pédagogie. Il n’y a pas d’équipe de recherche dédiée, mais des professeurs qui mettent en place des protocoles de recherche sur des expérimentations pédagogiques », selon Emmanuelle Villiot-Leclercq.

« L’idée dans le booster, mais pas que, c’est que les projets soient l’occasion de mettre en place des travaux de recherche qui permettent de mieux comprendre les processus d’apprentissage, de documenter les pratiques pédagogiques, soutenir des processus de transférabilité pour d’autres de nos publics ». 

L’objectif est également de favoriser « les publications dans le domaine de l’éducation et de la pédagogie, en lien avec leurs disciplines. D’une certaine manière, le booster se raccroche à la recherche également de cette façon, même si ce n’est pas son objectif majeur. »  

Parcours

Emmanuelle Villiot-Leclercq est enseignante-chercheuse en sciences de l’éducation, spécialisée dans l’apprentissage avec le numérique et l’innovation pédagogique.

Delphine Gatti-Urweiller vient du monde de l’entreprise où elle a travaillé dans les domaines du marketing et de la communication, du management de l’innovation et plus particulièrement sur la capitalisation des expérimentations et du design thinking. 

Quatre projets sélectionnés

21 projets ont été déposés sur la plateforme, conçue par un partenaire externe, IDStorm.

« Nous avons demandé à une trentaine de salariés, identifiés comme experts, d’aider le comité de sélection à identifier les meilleurs projets. Au terme de ce processus, sept ont été présélectionnés fin mai et quatre projets ont été retenus fin juin. Il leur a été attribué des équipes d’accompagnement », déclare Delphine Gatti-Urweiller. 

Le processus de sélection s’est déroulé en deux temps :

  • une présentation orale du projet
  • ainsi qu’une discussion avec le comité « sur les idées de fond soutenant leur proposition ».

Delphine Gatti-Urweiller indique que ce processus de sélection « a un peu bousculé les habitudes. Beaucoup ont l’habitude de constituer des dossiers, alors que le pitch et la présentation orale créent véritablement une atmosphère de travail différente ». 

« Le choix a été difficile, car il a aussi fallu réfléchir au nombre de projets que nous pouvions raisonnablement soutenir financièrement, mais aussi encadrer avec nos équipes d’accompagnants composés d’ingénieurs pédagogiques, conseillers pédagogiques, experts en expérimentation, etc. Finalement, les projets retenus sont alignés stratégiquement avec GEM », complète Emmanuelle Villiot-Leclercq.   

Des jours dédiés à l’expérimentation et à l’innovation pédagogiques

Selon Delphine Gatti-Urweiller, « dans les écoles et les universités, la recherche est valorisée et n’est pas discutée. En revanche, c’est plus compliqué d’avoir 30 ou 40 jours dédiés à l’expérimentation et à l’innovation pédagogique, reconnus par l’institution. La difficulté est de rester agile ».

À GEM, « en concertation avec le doyen et les responsables des départements, des heures spécifiques BIP sur les plans de charge et objectifs ont été mises en places pour les enseignants, pour qu’ils puissent travailler sur leurs projets respectifs », explique Emmanuelle Villiot-Leclercq. 

« Nous avons négocié avec les différents responsables de départements pour qu’ils aient entre 25 et 30 jours octroyés en tant que pilotes, ainsi que des jours pour les membres de l’équipe. Le BIP soutient essentiellement des projets d’équipe ; cette dimension collective et de co-construction est une composante importante ».