Bourses, restauration, santé… ce qui change pour les étudiants à la rentrée 2023
Par Marine Dessaux | Le | Expérience étudiante
Pour l’année 2023-2024, plusieurs mesures annoncées pour les étudiants se concrétisent. Parmi elles, la première étape de la réforme des bourses qui permet une revalorisation des montants et un élargissement du nombre de bénéficiaires. D’autres aides concernent également le logement, la restauration, mais aussi le renforcement des dispositifs de santé. Synthèse.
Le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche (MESR) a publié son guide de la rentrée étudiante 2023 , le 14 août. Au total, ce sont plus de 500 millions d’euros par an qui sont dédiés à l’amélioration du système de bourses sur critères sociaux, à l’accès à la restauration et au logement.
Ces premiers ajustements s’inscrivent dans le cadre de la réforme structurelle des bourses, l’une des priorités affichées par la ministre Sylvie Retailleau lors de sa prise de poste, dont le calendrier est attendu pour cette rentrée.
Des bourses revalorisées et à l’accès élargi
Avec la modification des paramètres des critères pour devenir boursier, 35000 étudiants dont les parents touchent un salaire moyen (1801 € net mensuels chacun) pourront désormais bénéficier du premier échelon de bourse (0 bis). Ils toucheront 1450 € sur dix mois et bénéficieront des autres avantages destinés aux boursiers (exonération des frais d’inscription universitaires et de la CVEC, repas à 1 €…).
Tous les étudiants boursiers sont également revalorisés avec une augmentation de 370 € par an. « C’est la plus forte revalorisation depuis 10 ans (création de l’échelon 0bis en 2013) », indique le MESR. En outre, 20 % des boursiers basculeront à un échelon supérieur grâce à une meilleure prise en compte de la situation familiale. Ce qui équivaut à une revalorisation allant de 660 € à 1200 € en plus par an.
Par ailleurs, les étudiants en situation de handicap et aidants devraient accéder plus facilement à une bourse (grâce à quatre points de charge supplémentaires lors du calcul à éligibilité aux bourses).
Enfin, les effets de seuil sont neutralisés en cette rentrée. « Aucun étudiant ne pourra voir sa bourse diminuer d’un montant supérieur à l’augmentation de revenu de ses parents », assure le ministère.
Mesures spéciales pour l’outre-mer
Après les concertations territoriales sur la vie étudiante et au Conseil national de la refondation Jeunesse, la Première ministre, Élisabeth Borne a indiqué, le 21 juin dernier, que les étudiants ultra-marins disposeraient d’un complément de bourse de 30 € par mois. Cette aide s’ajoute à la revalorisation de 37 € par mois annoncée en mars. Ainsi, les étudiants boursiers en outre-mer verront leur bourse revalorisée de 67 € par mois en cette rentrée.
Le soutien financier pour les étudiants en mobilité dans les départements d’outre-mer est renforcé via un accès facilité aux bourses. Trois points de charge seront attribués pour une mobilité entre 3500 et 13000 kilomètres et quatre points seront destinés aux mobilités à partir de 13000 kilomètres (au lieu de deux auparavant pour les étudiants réalisant des études à plus de 250 kilomètres de leur foyer).
Limiter le coût de la restauration et du logement
Dans le cadre du Conseil national de la refondation (CNR) Jeunesse, toutes les composantes de la vie étudiante (logement, restauration, santé) font l’objet d’actions :
- Le gel de la tarification des repas de la restauration universitaire (1 € pour les boursiers et étudiants en situation de précarité financière et à 3,30 € pour les autres) ;
- Le gel des loyers dans les résidences universitaires Crous.
L’État a également plafonné à 3,5 % la hausse des charges répercutables aux locataires dans les résidences Crous.
Des droits d’inscriptions en baisse et une CVEC en hausse
Le coût d’une inscription en université a fortement diminué depuis 2017 en raison :
- d’une baisse des frais d’inscription tous niveaux confondus (170 € pour la licence, 243 € pour le master et 380 € pour le doctorat) ;
- et de la suppression de la cotisation à la sécurité sociale prévue par le Plan étudiant de 2017.
Cette cotisation a été remplacée par la contribution à la vie étudiante et de campus (CVEC), d’un montant inférieur. En cette rentrée, la CVEC, indexée sur l’inflation, passe de 95 € à 100 €.
« Un étudiant non boursier payait 401 € pour une entrée en licence en 2017 (184 € de droits d’inscription, et 202 € de Sécurité sociale). Il paye 270 € en 2023 (170 € de droits d’inscription, et 100 € de CVEC) », illustre le guide de la rentrée.
Des dispositifs de santé qui évoluent
Une enveloppe de 8,2 millions d’euros est dédiée au renforcement des services de santé étudiante (SSE) dans le budget pour 2023. En effet, les services de santé universitaires se transforment en SSE, une réforme annoncée par la ministre Sylvie Retailleau, le 13 octobre 2022. Ils accueillent désormais tous les étudiants (et non plus seulement ceux des universités) et élargissent leurs missions.
Parmi elles, la santé mentale. Un sujet rendu visible lors de la crise sanitaire et qui a suscité, en 2021, la création du dispositif Santé psy étudiants (accompagnement psychologique gratuit de huit séances) et un renforcement des postes de psychologues dans les services de santé (80 recrutements en 2021, reconduits pour la rentrée 2023-2024).
Le Pass’Sport renouvelé
50 € pour financer sa pratique sportive : c’est ce que propose le Pass’Sport, renouvelé pour 2023-2024. Il est accessible aux étudiants boursiers ainsi qu’aux bénéficiaires d’une aide annuelle du Crous ou d’une bourse régionale pour les formations sanitaires et sociales.
Nouveauté cette année, le Pass’Sport, qui était utilisable pour s’inscrire dans un club ou une association sportive, sera désormais accepté pour l’adhésion à une structure des loisirs sportifs marchands. Cela comprend notamment les salles de fitness, d’escalade, ou encore patinoires, qui proposeraient un abonnement d’un minimum de trois mois ou d’au moins 12 séances.
Des mesures encore insuffisantes, selon les syndicats étudiants
Ces évolutions interviennent dans un contexte de précarité étudiante, souligné par l’Union nationale des étudiants de France (Unef) et la Fédération des associations générales étudiante (Fage). Dans leurs baromètres, publiés respectivement les 14 et 16 août, ils prévoient un coût moyen de la rentrée en augmentation de +6,5 % pour le premier et +4,7 % pour le second .
« Malheureusement, les annonces gouvernementales pour la rentrée restent en deçà de l’augmentation du coût de la vie, et sont loin de répondre pleinement aux besoins vitaux des étudiants », estime la Fage.