Vie des campus

Semaine étudiante de 4 jours : « Plus de flexibilité, mais la vie s’organise autour de l’école »

Par Marine Dessaux | Le | Expérience étudiante

Depuis la rentrée, les étudiants en première année de master du campus lillois de l’Edhec Business School bénéficient d’une semaine de quatre jours. Les emplois du temps de l’école de commerce ont en effet été conçus de façon à libérer deux demi-journées chaque semaine. Un dispositif pilote amené à s’étendre à tous les étudiants, qui permet une meilleure organisation pour avoir un job, un engagement associatif ou encore entreprendre.

« La vie continue à s’organiser autour de l’école », souligne Hager Jemel. - © Herve Thouroude
« La vie continue à s’organiser autour de l’école », souligne Hager Jemel. - © Herve Thouroude

Les étudiants l’ont plusieurs fois réclamée et ils ont fini par l’obtenir : la semaine de quatre jours a été mise en place en septembre 2023 à l’Edhec Business School pour les étudiants en master. Pour répondre à ce souhait « légitime », selon Hager Jemel qui a porté ce projet, il a fallu convaincre en interne et embarquer les enseignants.

Directrice pré-master, directrice de la chaire diversité et inclusion et professeure de management de l’Edhec Business School de Lille, elle raconte la mise en place d’un tel dispositif.

D’où provient l’idée d’une semaine de quatre jours ?

Hager Jemel : Il s’agit d’une demande des étudiants. En tant que directrice pré-master, j’échange régulièrement avec les élèves délégués, je suis attentive à leurs retours, mais demande aussi quelles sont leurs propositions d’amélioration.

Deux générations d’étudiants nous ont dit l’une après l’autre en 2021 puis en 2022 : « Nous ne voulons pas de journées gruyères pour pouvoir mieux organiser notre temps ». Nous avions déjà mis en place en 2019 des emplois du temps les plus ramassés possibles. Mais nous pouvions aller plus loin et leurs demandes étaient légitimes.

À quoi peut être dédié ce temps libre ?

Ce temps permet une meilleure organisation pour les étudiants ayant un engagement associatif ou ayant besoin de soins médicaux.

Une ouverture vers une plus grande diversité sociale.

Il favorise une ouverture de l’Edhec vers une plus grande diversité sociale grâce à des temps identifiés pour occuper par exemple un job étudiant.

C’est enfin une occasion pour entreprendre. Nous avons un incubateur à la Station F à Paris ainsi que sur nos campus de Lille et de Nice. Mais cela ne suffit pas de donner envie avec ce type de dispositif : il faut laisser du temps libre.

Comment avez-vous embarqué les enseignants et les services ?

Hager Jemel est directrice pré-master de l’Edhec Business School. - © Hervé Thouroude
Hager Jemel est directrice pré-master de l’Edhec Business School. - © Hervé Thouroude

Tout d’abord, il faut avoir une ambition, la porter, puis étudier comme elle peut être réalisable. Ce n’est pas si facile pour les écoles, car l’organisation est souvent complexe. Il faut composer avec des intervenants extérieurs, différentes cohortes, des groupes d’options et de langues…

À l’automne 2022, nous avons formé une équipe de projet en collaboration avec le service planification et scolarité. Nous avons réalisé une étude de faisabilité : il était important que tout le monde soit informé, surtout les enseignants. Ce sont eux les premiers impactés, car ils peuvent pâtir de moins de souplesse dans les emplois du temps.

Le premier ingrédient vers la réussite du projet était de convaincre les acteurs de l’école du sens et de l’utilité de la semaine de quatre jours. Les enseignants, que nous avons réuni très en amont ont parfaitement adhéré au projet.

Nous avons anticipé la phase opérationnelle et avons commencé à construire les emplois du temps dès le mois de mars. Cette approche a permis aux enseignants permanents comme non-permanents de se projeter. L’approche était différente : au lieu de demander « Quand pouvez-vous faire cours ? », nous proposions plusieurs créneaux.

Pour cette rentrée 2023, nous avons instauré la semaine de quatre jours, en libérant deux demi-journées — une matinée et une après-midi —, pour les premières années de notre programme de master. Il s’agit d’un pilote d’un an qui devrait être élargi à terme à tous les étudiants.

Quels critères pour décider de poursuivre ou non la semaine étudiante de quatre jours  ?

Pour évaluer ce dispositif et décider de le pérenniser ou non, les critères sont :

• La satisfaction des étudiants, qui seront interrogés par questionnaire après un semestre de présence ;

• L’engagement et l’assiduité des étudiants ;

• Le retour des autres parties prenantes : en demandant un feedback sur ce nouveau fonctionnement aux enseignants et autres parties prenantes du projet.

Concrètement, comment met-on en place un tel emploi du temps ?

Il n’y a pas besoin de beaucoup d’outils : le système d’information que nous utilisons traditionnellement suffit. Nous nous sommes penchés sur l’organisation de l’année précédente et avons cherché à voir comment nous aurions pu faire les choses autrement.

C’est comme emboîter des Lego : il faut du temps et de l’organisation pour prendre en compte les nombreux impératifs qui jalonnent une scolarité. Examens, vacances, présence des enseignants, disponibilité des salles… Le principal facteur de contraintes est le temps humain.

Quel est le message derrière cette initiative ?

Préserver l’équilibre vie personnelle et professionnelle.

Nous voulons montrer aux étudiants qu’il est possible de préserver l’équilibre vie personnelle et professionnelle. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons créé une direction consacrée à l’expérience étudiante, visant à leur offrir un environnement favorable à l’engagement sportif et associatif, au bien-être, à la diversité et à l’inclusion.

Pour autant, il ne s’agit pas de donner un troisième jour de week-end. C’est en partie pour cela que nous accordons deux demi-journées et jamais un vendredi après-midi par exemple.

Nous ne diminuons pas non plus le nombre d’heures de cours, au contraire nous pouvons augmenter notre exigence de présence : il n’est plus possible pour un étudiant de dire qu’il a dû prendre un rendez-vous sur les heures de cours.

En offrant deux demi-journées libres, nous n’éloignons pas trop les étudiants du campus et leur permettons d’avoir une certaine régularité. Il y a de la flexibilité, mais la vie continue à s’organiser autour de l’école.