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Quelles bonnes pratiques pour plus de complémentarité entre écoles de service public et universités ?

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Si leurs interactions se multiplient, les universités et les 34 écoles du Réseau des écoles de service public doivent développer connaissance mutuelle et partenariats pour répondre à des enjeux de professionnalisation et d’attractivité, dans un monde qui change. Quelles bonnes pratiques pour y parvenir ? Tel était l’objet d’un atelier, organisé le 6 février 2025 dans le cadre de Think Éducation & Recherche, en partenariat avec la GMF.

La collaboration entre université et administration a été concrétisée en 1984. - © Seb Lascoux
La collaboration entre université et administration a été concrétisée en 1984. - © Seb Lascoux

Universités et écoles de service public : deux mondes qui ne se connaissent pas assez et interagissent peu. « Un vrai paradoxe, car nos étudiants sont issus de l’université », pointe Yannick Girault, directeur de l’École des finances publiques et président du Réseau des écoles de service public.

Franck Durand est maître de conférences HDR en droit public à l’Urca. - © Seb Lascoux
Franck Durand est maître de conférences HDR en droit public à l’Urca. - © Seb Lascoux

Pour Franck Durand, maître de conférences HDR en droit public à l’Université de Reims Champagne-Ardenne : « Ont longtemps persisté un certain nombre de préjugés mutuels, mais qui n’ont pas de raison d’être car nous poursuivons la même fin : le service public. »

Des rapprochements ces dernières décennies

La collaboration entre université et administration a été concrétisée en 1984 par la création des Instituts de préparation à l’administration générale. Depuis, elle s’est considérablement approfondie et diversifiée, en particulier via la création des Prépas talents, dispositifs transversaux préparant aux concours de la fonction publique.

Des synergies à accélérer

« Les universités doivent accentuer leurs efforts pour nourrir les actions de connaissance mutuelle et de partenariat », relève Virginie Dupont, présidente du conseil des personnels et des moyens de France Universités et présidente de l’Université Bretagne-Sud (UBS).

Pourquoi cette nécessité ?

Yannick Girault est directeur de l’École des finances publiques. - © Seb Lascoux
Yannick Girault est directeur de l’École des finances publiques. - © Seb Lascoux

« Les étudiants d’aujourd’hui sont en attente d’une continuité », observe Yannick Girault. D’autant plus qu’ils sont mieux formés et plus exigeants.

Emmanuelle Gidoin, directrice de l’École nationale des douanes et vice-présidente du Réseau des écoles de service public, illustre : « La promotion en cours compte 70 % de bac + 5 et plus, alors que théoriquement nous recrutons à bac + 3. D’où la nécessité d’une formation à la fois professionnalisante et enrichie de savoirs plus larges, adaptés aux enjeux sociétaux. »

Une logique de débouchés pour les établissements

En jeu aussi, pour les filières, une logique d’attractivité. « Nous aurions tout intérêt à faire connaître les métiers de l’administration à nos étudiants, et inversement, présenter les métiers de l’université à ceux du Réseau des écoles de service public », estime Virginie Dupont.

Franck Durand remarque que l’ouverture des écoles de service public à l’alternance a été déterminante pour asseoir la fidélisation des jeunes. « Par ailleurs, être adossé aux universités favoriserait notre visibilité à l’international », note-t-il.

Développer une recherche commune ?

Emmanuelle Gidoin est directrice de l’École nationale des douanes. - © Seb Lascoux
Emmanuelle Gidoin est directrice de l’École nationale des douanes. - © Seb Lascoux

Un point qui fait débat. Certaines écoles, comme l’École nationale des douanes, intègrent désormais une dimension recherche. « La conviction de notre direction générale est que l’administration, cantonnée à l’opérationnel, a besoin de l’expertise des chercheurs pour accompagner le changement », explique Emmanuelle Gidoin.

Yannick Girault déclare pour sa part : « La plupart des écoles ne sont pas organisées pour cela, elles doivent se nourrir de la recherche portée par les universités. »

Quelles bonnes pratiques pour booster ces coopérations ?

En premier lieu, s’appuyer sur France Universités : « L’organisme pourrait être force de proposition pour nouer une convention avec le Réseau des écoles de service public et définir des actions croisées », suggère Virginie Dupont.

Effectuer un travail de proximité

« Les solutions naissent du terrain, car c’est là que se rencontrent les difficultés, sans attendre que les choses se décident par le haut », pointe Yannick Girault.

Développer les diplomations communes

Virginie Dupont est présidente de l’Université Bretagne-Sud. - © Seb Lascoux
Virginie Dupont est présidente de l’Université Bretagne-Sud. - © Seb Lascoux

Une nécessité bien comprise à l’École nationale des douanes. « Nous lançons, pour la rentrée 2026, une diplomation commune des inspecteurs élèves avec l’IAE de Lille, en master 2 management des achats et de la supply chain, développe Emmanuelle Gidoin. Ce qui leur permettra soit d’obtenir un deuxième M2, soit un M2 s’ils n’ont qu’un M1. »

À l’UBS, tous les élèves de Saint-Cyr valident une licence dès la première année, ainsi qu’un master au terme du parcours. « Ce qui leur permet de rebondir en cas d’échec sur la partie militaire », témoigne Virginie Dupont.

Recenser et coordonner les initiatives

« Une foultitude d’initiatives sont en cours, conclut Yannick Girault. Il nous incombe de les recenser, de les mettre en cohérence et les partager entre nous. » À la clé, pour les deux parties, une meilleure attractivité, cruciale pour attitrer les nouvelles générations.

Covéa : une restructuration et un rapprochement avec l’ESR

Les entreprises aussi évoluent pour booster leur attractivité. En témoigne le groupe Covéa, premier assureur français, qui est un modèle de fusion réussie entre ses trois marques : Maaf, MMA et GMF. Un mouvement entamé en 2003 et parachevé en 2016, avec la renégociation d’un statut unique pour les 21 000 collaborateurs. « L’enjeu était double : ne pas dénaturer l’ADN de chaque mutuelle, tout en cimentant le groupe », expose Marie-Pierre Rechsteiner, DRH de Covea.

Pari gagné. « Ce statut commun a rendu le mariage indéfectible, tout en favorisant la mobilité des collaborateurs et en leur donnant un double sentiment d’appartenance », souligne-t-elle. Le système actuel est plus efficient sur tous les plans. « Nous capitalisons sur l’effet taille du groupe pour étendre nos formations internes, nouer des partenariats avec des écoles et des universités (université du Mans, Dauphine, Paris-Saclay) et développer notre marque employeur », détaille-t-elle.