Vie des campus

Les actualités de l’ESR qu’il ne fallait pas rater à l’automne 2022

Par Isabelle Cormaty | Le | Stratégies

Dans ce rendez-vous régulier, Campus Matin vous résume les principales actualités des dernières semaines. Au programme : décryptage des difficultés de la Comue Université Bourgogne Franche-Comté et de l’école de commerce EMLyon, focus sur une personnalité en vue et analyse de la dépense moyenne par étudiant.

Campus Matin vous propose une synthèse des principales actualités de l’ESR ces dernières semaines. - © Conférence des présidents d’université - Université de Bordeaux
Campus Matin vous propose une synthèse des principales actualités de l’ESR ces dernières semaines. - © Conférence des présidents d’université - Université de Bordeaux

Les principales actualités de l’automne en bref…

  • Le Sénat a adopté le 18 octobre une proposition de loi qui ajoute une quatrième année professionnalisante pour les internes en médecine générale. Cette année de formation supplémentaire s’effectuerait via des stages longs en cabinet, en priorité dans des déserts médicaux. La mesure hérisse les principales organisations représentantes des internes. Son avenir dépendra de sa discussion à l’Assemblée nationale, qui n’a pas encore eu lieu. 

  • L’Institut national de l’audiovisuel (INA), bientôt établissement-composante du futur grand établissement Université Panthéon Assas ? Les deux institutions ont signé un accord en ce sens le 7 novembre. L’intégration est prévue pour 2024.

  • Guillaume Gellé, candidat pour accéder à Manuel Tunon de Lara à la tête de France Universités. Le président de l’Université de Reims Champagne-Ardenne se présente avec deux colistiers : Virginie Dupont, actuelle vice-présidente de la conférence et présidente de l’Université Bretagne Sud, et Dean Lewis, président de l’Université de Bordeaux. L’élection du bureau aura lieu le 15 décembre.
  • Le réseau Campus responsables a décerné le 4 octobre les Trophées des campus responsables à plusieurs établissements du supérieur. L’Essec, UniLaSalle, Esme, Neoma, IMT Nord Europe et l’école d’ingénieurs de Purpan figurent parmi les lauréats.

Du nouveau (et des problèmes) du côté des établissements

Suspension des financements PIA de la Comue UBFC

Sept établissements composent la Comue Université Bourgogne Franche-Comté, créée en 2015. - © Maxppp
Sept établissements composent la Comue Université Bourgogne Franche-Comté, créée en 2015. - © Maxppp

L’État suspend les versements liés à l’ensemble Programmes d’investissement d’avenir (PIA) et France 2030 portés par la Comue Université Bourgogne Franche-Comté (UBFC). Une décision annoncée aux dirigeants de la Communauté d’universités et établissements (Comue) dans un courrier en date du 27 octobre de la ministre de l’ESR, Sylvie Retailleau et du secrétaire général pour l’investissement, Bruno Bonnell.

Après la perte de l’I-site en juin 2021, puis l’impossibilité juridique d’installer un double siège à la Comue, l’Université de Bourgogne a annoncé début septembre mettre un terme à sa participation à la Comue, à l’issue du contrat de site en décembre 2023, ce qui a déclenché une crise politique.

14 projets du PIA sont concernés par l’arrêt des financements. Les sept établissements de la Comue doivent maintenant proposer à l’État « un nouveau projet de coordination régionale, robuste, pérenne et à la hauteur de l’excellence du site ».

En réaction à ce coup dur, une réorganisation s’amorce. L’Université de Franche-Comté, l’Institut Agro Dijon, l’Université de technologie de Belfort-Montbéliard (UTBM), le campus Arts et Métiers de Cluny et Supmicrotech-ENSMM ont en effet annoncé vouloir constituer une Comue expérimentale. Ils espèrent ainsi récupérer une partie des financements perdus.

De son côté, l’Université de Bourgogne entend construire un établissement public expérimental avec Burgundy Business School.

La restructuration d’EMLyon sous le feu des critiques

L’école de commerce EMLyon a changé de statut en 2018. - © EMLyon
L’école de commerce EMLyon a changé de statut en 2018. - © EMLyon

Dans trois rapports sur la gestion de l’EMLyon Business School, la Chambre régionale des comptes Auvergne-Rhône-Alpes critique le changement de statut de l’établissement en 2018. À cette date, l’école de commerce est passée d’un rattachement à la Chambre de commerce et d’industrie de Lyon métropole à une société anonyme à directoire et conseil de surveillance, dénommée Early makers group.

La Chambre régionale des comptes dénonce notamment un manque de transparence dans le déroulement des opérations, un coût « extrêmement élevé de la réorganisation du groupe, qui s’élève à 8,5 millions d’euros » et  un partenariat avec la multinationale informatique IBM sur la digitalisation de l’école « ne respectant pas les règles élémentaires de la commande publique »

L’actuel et l’ancien président de la CCI, respectivement Philippe Valentin et Emmanuel Imberton, ont réagi en dénonçant « une présentation orientée et trompeuse » et un rapport final qui traduit « une appréciation limitée, voire partisane, de la réalité économique et juridique d’une telle opération majeure de restructuration ».

Audencia : un audit et une démission après des révélations

Un management jugé « toxique », « brutal » et « sexiste ». Tels sont les conclusions d’une enquête de Médiacités sur la gestion des personnels à Audencia publiée en septembre. Le média local d’investigation a recueilli une quarantaine de témoignages d’actuels et anciens salariés mettent en cause l’établissement.

Après les révélations, le directeur général adjoint de l’école de commence, Makram Chemangui a démissionné le 27 octobre « pour raisons personnelles » et redevient enseignant-chercheur à l’école. Le président du conseil d’administration de l’école, Laurent Métréal a par ailleurs lancé un audit externe pour « dresser un diagnostic précis [des] pratiques managériales tant de manière globale qu’au niveau plus précis des différentes directions », précise-t-il à News Tank.

La personnalité en vue : Jean-Marc Jancovici

Jean-Marc Jancovici préside The Shift Project depuis 2010. - © D.R.
Jean-Marc Jancovici préside The Shift Project depuis 2010. - © D.R.

« Modifier les cursus pour les mettre en cohérence avec le monde dans lequel nous évoluons : c’est l’objectif du projet ClimatSup du Shift Project, qui a été décliné pour les écoles d’ingénieurs et désormais pour les écoles de gestion », déclare Jean-Marc Jancovici, le président du Shift Project.

Dans un entretien à News Tank (abonnés), le professeur à Mines Paris-PSL, explique que « le but du projet est de permettre à une école de repenser son ingénierie pédagogique, pour mettre l’enseignement en cohérence avec les limites planétaires. » Le fondateur du cabinet Carbone4 note une approche différente selon les types d’établissements : 

« Le terreau est globalement plus fertile dans les écoles d’ingénieurs, car on y enseigne des problématiques physiques aux étudiants. Dans les écoles de management, on est essentiellement calé sur la convention humaine (l’économie) et donc un peu plus loin de la réalité sous-jacente. »

Ce 8 novembre, le think tank a publié le rapport final du projet ClimatSup, une étude en forme d’état des lieux sur l’intégration des enjeux écologiques dans les formations de l’enseignement supérieur.

Le chiffre à retenir : 11 625 € par étudiant

La dépense moyenne par étudiant devrait atteindre 11 625 € en 2021. - © AomAm
La dépense moyenne par étudiant devrait atteindre 11 625 € en 2021. - © AomAm

C’est le montant que devrait atteindre la dépense moyenne par étudiant en 2021 pour l’ensemble de l’enseignement supérieur, tous financeurs et toutes formations confondus, d’après le rapport sur les politiques nationales de recherche et de formations supérieures publié le 12 octobre en annexe du Projet de loi de finances 2023. 

Un chiffre en baisse de 0,7 % en euros constants par rapport à 2020, car les dépenses augmentent de manière plus modérée que les effectifs. 

Ce coût moyen par étudiant varie selon les filières de formation en raison de taux différents d’encadrement. Il s’établit ainsi à :

  • 10 270 € par an pour un étudiant d’université ;
  • 14 760 € pour un étudiant en section de technicien supérieur (STS) ;
  • 16 370 € pour un élève de classe préparatoire aux grandes écoles.

Le récap’ d’actu de Campus Matin

Cette synthèse des informations phares dans l’actualité de l’enseignement supérieur et de la recherche a été réalisée à partir de la veille et des entretiens de News Tank Éducation & Recherche, dont Campus Matin est le site ouvert. Pour suivre ces sujets en temps réel, demandez votre accès découverte.