Métiers
&
carrières

« Il n’existe pas de profil type pour devenir référent handicap »

Par Isabelle Cormaty | Le | Personnels et statuts

La plupart des établissements du supérieur disposent d’un référent handicap afin d’accompagner les étudiants concernés. Ces professionnels, dont le référentiel métier n’est pas encore publié, peuvent bénéficier d’une formation gratuite. Entretien avec son organisatrice.

1,69 % de la population étudiante est en situation de handicap à la rentrée 2019. - © Université de Bordeaux - CPU
1,69 % de la population étudiante est en situation de handicap à la rentrée 2019. - © Université de Bordeaux - CPU

Responsable de l’accompagnement des étudiants en situation de handicap à l'EHESS, Marie Coutant est secrétaire adjointe de l'Association des professionnels d’accompagnement du handicap dans l’enseignement supérieur (Apaches).

En juin dernier, elle a organisé avec cette association une formation consacrée au métier de référent handicap, soutenue par le ministère de l’Enseignement supérieur de la recherche et de l’innovation, et organisée en partenariat avec l’Université Paris 8. Pour Campus Matin, elle revient la professionnalisation de ce métier parfois méconnu.

Quel est le profil des référents handicap et comment a-t-il évolué ?

Marie Coutant : Il y a dix ou quinze ans, les services handicap se composaient principalement de personnes concernées de près ou de loin par le handicap, dans leur famille par exemple. Elles se formaient alors sur le tas. Ce profil est moins fréquent maintenant.  

Il n’existe pas de profil type pour devenir référent handicap.

Depuis quelques années, nous avons vu arriver des personnes issues du milieu associatif ou des professionnels du handicap qui se reconvertissent. Il y a aussi des enseignants-chercheurs qui connaissent très bien les parcours scolaires et souhaitent diversifier leur activité. Il n’existe pas de profil type pour devenir référent handicap.

Est-ce difficile de recruter un référent handicap ? Pourquoi avoir créé cette formation ?

La profession ne manque pas de vocations, mais il est très difficile pour un établissement de recruter et former un référent handicap de A à Z. Les référents handicaps de l’association Apaches ont l’habitude d’échanger des bonnes pratiques. Mais avec l’augmentation des effectifs étudiants en situation de handicap, est venu le besoin de se professionnaliser. 

Il existe donc une formation divisée en deux sessions étalées sur deux années. Cette formation s’est construite progressivement depuis 2015 et s’est musclée ces dernières années, car nous souhaitons la certifier. Il est important que les référents handicap soient compétents et opérationnels dès leur prise de poste, afin d’assurer une égalité de traitement entre les étudiants. 

1,69 % de la population étudiante est en situation de handicap

37 502 étudiants en situation de handicap ont été recensés dans les établissements d’enseignement supérieur publics à la rentrée 2019, soit 1,69 % de la population étudiante. Leurs effectifs ont été multipliés par 5 depuis 2005, d’après les données du ministère. Depuis 2019, toutes les écoles référencées sur Parcoursup disposent d’un référent handicap en charge de ces questions. 

Quel est le contenu de la formation ?

Cette formation permet d’acquérir un certain nombre de compétences réglementaires qui sont étalées sur les deux sessions. Les personnes y apprennent également à interpréter la réglementation, adopter le bon positionnement par rapport aux étudiants, mener des entretiens pour évaluer le besoin des étudiants et mettre en place de aménagements. 

Enfin sont également dispensées des compétences pratiques : qu’est-ce qu’une personne en situation de handicap, comment s’entourer des bons interlocuteurs dans l’établissement…

L’activité des référents handicap a-t-elle changé avec l’épidémie ?

il a fallu répondre à de nouveaux besoins

Les liens avec certains étudiants se sont resserrés. Toutefois, certains référents ont rencontré des difficultés relationnelles, car ils avaient l’habitude de voir souvent leurs étudiants. La crise sanitaire a demandé une forte mobilisation des personnels.

Les référents handicap ne travaillent pas en fonction des déficiences des étudiants, mais en fonction de leurs besoins. Avec l’épidémie, il a fallu répondre à de nouveaux besoins, mais avec les outils qu’ils emploient au quotidien. Par ailleurs, certains enseignants ont mis en ligne leurs cours ou leurs prises de notes, ce qui aide de nombreux étudiants en situation de handicap. Si on peut tirer un élément positif de l’épidémie, c’est ça !