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Le carnet de Campus Matin : les 5 prises de postes marquantes de mai 2022

Par Enora Abry, Théo Haberbusch | Le | Personnels et statuts

Présidente par intérim de l’Université Paris-Saclay, président d’Udice, directrice générale de Campus France, directeur de Télécom Saint-Etienne ou encore directeur de l’Université de technologie de Troyes : ce sont les prises de fonctions qui ont marqué le sup’ pendant le mois de mai 2022. Quel est le parcours de ces personnalités ? Quels sont leurs projets ? Campus Matin vous les présente dans votre rendez-vous mensuel.

Les élections et nominations qui ont marqué le mois sont à retrouver dans votre rendez-vous mensuel - © D.R.
Les élections et nominations qui ont marqué le mois sont à retrouver dans votre rendez-vous mensuel - © D.R.

Estelle Iacona, Michel Deneken, Donatienne Hissard, Christophe Gravier, Christophe Collet : découvrez ces cinq personnalités qui ont pris de nouvelles responsabilités en mai 2022.

1. Estelle Iacona, présidente par intérim de l’Université Paris-Saclay

Estelle Iacona est docteure en transfert thermique  - © D.R.
Estelle Iacona est docteure en transfert thermique - © D.R.

Le 20 mai dernier, Sylvie Retailleau, alors présidente de l’Université Paris-Saclay, a été nommée ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche. C’est donc la première vice-présidente de l’établissement, Estelle Iacona, qui reprend ses fonctions par intérim jusqu’à l’élection d’un président ou d’une présidente par le conseil d’administration « dans les semaines à venir », assure l’université sur son site internet.

En ce qui concerne les autres membres des différents conseils, leurs mandats se poursuivront jusqu’à leur terme, à savoir début 2024.

Une carrière estampillée CentraleSupélec

Diplômée de Polytech Nantes et titulaire d’un doctorat en transfert thermique obtenu à CentraleSupélec, elle entre en tant que chercheuse à Johns Hopkins University à Baltimore. En 2007, Estelle Iacona revient en France à CentraleSupélec, institution pour laquelle elle travaillera pendant 12 ans en tant que professeure, puis vice-présidente aux affaires académiques et à la recherche, directrice générale déléguée formation et recherche, et enfin conseillère en charge du projet Université Paris-Saclay.

Au moment de la création de cette université au début de l’année 2020, Estelle Iacona intègre le bureau en tant que membre élu et devient première vice-présidente en mars.

Dans les pas de Sylvie Retailleau

Estelle Iacona assure la continuité avec le mandat de Sylvie Retailleau qui a porté et incarné le projet de l’Université Paris-Saclay, aboutissement de 20 ans d’investissements de l’État et de péripéties universitaires.

L’établissement public expérimental (EPE) créé en 2020 pour fédérer universités et grandes écoles constitue « une évolution de l’enseignement supérieur et de la recherche vers un système contemporain qui dépasse les clivages anciens pour favoriser les synergies en répondant aux standards internationaux », résumait Sylvie Retailleau lors de son premier discours face au conseil d’administration après son élection en tant que présidente de l’Université Paris-Saclay.

En étant issue de l’un des principaux établissements-composantes, CentraleSupélec, Estelle Iacona prend les rênes avec une dimension symbolique : la transition, même provisoire, peut se faire en douceur, quel que soit l’établissement d’origine.

2. Michel Deneken, président d’Udice

Le 18 mai, Udice, l’association réunissant les universités de recherche intensive labellisées Idex (initiative d’excellence) a annoncé que Michel Deneken, déjà président de l’Université de Strasbourg (Unistra) avait été élu à la présidence. Il succède à Christine Clerici, présidente de l’Université Paris-Cité, qui elle, devient vice-présidente de l’association.

Sa prise de fonctions se fait donc dans un moment mouvementé pour Udice, étant donné le départ précipité d’une de leur membre, Sylvie Retailleau, partie au ministère de l’enseignement supérieur et la recherche.

Un long parcours à l’Unistra

Docteur en théologie catholique et prêtre, Michel Deneken devient maître de conférences à l’Unistra en 1989. Il y évolue tout au long de sa carrière, passant de professeur des universités en théologie catholique, à premier vice-président en charge des finances et enfin président de l’université en 2016. Il en est donc aujourd’hui à son deuxième mandat.

L’enjeu du nouveau quinquennat

Michel Deneken est docteur en théologie catholique - © Université de Strasbourg/Catherine Schröder
Michel Deneken est docteur en théologie catholique - © Université de Strasbourg/Catherine Schröder

Président d’université expérimenté et non parisien : deux critères qui ont joué en faveur de Michel Deneken au moment de trouver un successeur à la parisienne Christine Clerici. Au sein d’Udice, plusieurs présidents de grandes universités effectuent leur premier mandat, notamment à Lille et Bordeaux.

Or, s’il se place dans la continuité du travail engagé, la prise de fonctions de Michel Deneken intervient à l’aube du nouveau quinquennat d’Emmanuel Macron. Et sa principale interlocutrice, la ministre de l’ESR, n’est autre que… son ancienne collègue Sylvie Retailleau ! Elle aussi membre d’Udice, elle a contribué à élaborer les revendications des universités de recherche intensives pour la présidentielle (« Six chantiers pour l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation du 21e siècle »).

Politiquement, deux sujets clefs vont mobiliser celui qui est donc maintenant doublement président : le financement de l’enseignement supérieur et la définition d’une nouvelle relation avec les organismes de recherche.

3. Donatienne Hissard, directrice générale de Campus France

Le 11 mai, par décret du président de la République Emmanuel Macron, Donatienne Hissard a été nommée directrice générale de Campus France. Elle succède à Béatrice Khaiat, qui avait déjà effectué deux mandats.

Une carrière de diplomate

Titulaire d’une maîtrise de lettres modernes et diplômée de Sciences Po Paris, Donatienne Hissard entre au ministère de l’Europe et des affaires étrangères en 2004, où elle effectue toute sa carrière en exerçant tour à tour sept postes. Entre autres, conseillère de coopération et d’action culturelle adjointe à Pékin, adjointe de la non-prolifération nucléaire et représentante permanente adjointe à Rome.

Imprimer sa marque

Donatienne Hissard est diplômée de Sciences Po Paris  - © D.R.
Donatienne Hissard est diplômée de Sciences Po Paris - © D.R.

Avec cette nomination, Campus France voit sa gouvernance profondément renouvelée en 2022. D’un côté, Christine Neau Leduc, présidente de l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, devenue présidente du conseil d’administration en mars 2022. De l’autre, Donatienne Hissard, une diplomate choisie par le ministère des affaires étrangères.

Ce duo fait souffler un air nouveau pour cette agence qui fête ses dix ans. En 2011, deux institutions (Egide, EducFrance) ont fusionné pour donner naissance à Campus France. EducFrance était dirigée par Béatrice Khaiat de 2000 à 2006, devenue directrice déléguée au moment de la création de l’agence avant de devenir directrice générale adjointe puis DG.

Donatienne Hissard doit s’affirmer et imprimer sa marque en interne, alors que la construction du nouvel objet Campus France n’a pas été un long fleuve tranquille. Les fusions le sont rarement, mais plusieurs articles de presse ont soulevé des problèmes managériaux et évoqué des cas de harcèlement, comme Médiapart (abonnés) en 2020 et Le Monde en 2021 (abonnés).

Sur le plan stratégique, Donatienne Hissard devra relever des enjeux majeurs également. À commencer par l’objectif de faire de la France une terre d’accueil pour 500 000 étudiants d’ici 2027, comme cela était annoncé dans le plan Bienvenue en France.

Ou encore, « faciliter l’accès au logement des étudiants étrangers, par la poursuite du plan 60 000 logements et l’accompagnement par les établissements des étudiants dans leurs démarches d’accès au logement. Animer le réseau mondial de France Alumni, de plus de 330 000 membres et renforcer l’articulation avec l’agence Erasmus et notamment en Europe », expliquait l’ancienne directrice générale à News Tank (abonnés) à l’occasion du 10e anniversaire de l’agence.

  • Suivre Donatienne Hissard sur LinkedIn.

4. Christophe Gravier, directeur de Télécom Saint-Etienne

Le conseil de gouvernance de l’école d’ingénieurs Télécom Saint-Etienne a annoncé l’élection de Christophe Gravier au poste de directeur le 5 mai dernier. Il succède à Jacques Fayolle, parti diriger l’école des Mines Saint-Étienne début mai.

Une évolution au sein de Télécom Saint-Etienne

Christophe Gravier est docteur en informatique - © D.R.
Christophe Gravier est docteur en informatique - © D.R.

Titulaire d’un diplôme d’ingénieurs et d’un doctorat en informatique, tous deux obtenus à l’Université Jean Monnet-Saint Étienne, Christophe Gravier entame sa carrière à Télécom Saint-Etienne en 2004 en tant qu’ingénieur d’études.

Il deviendra par la suite chargé de conférences, maître de conférences, puis directeur du développement et de l’innovation en 2017, toujours au sein du même établissement.

Un projet en six points

Avant son élection, Christophe Gravier avait fait paraitre son programme, en six points :

  • Participer au rayonnement de l’Université Jean Monnet : « Télécom Saint-Etienne est l’école d’ingénieurs de l’université : elle se doit d’être le moteur pour le rayonnement de l’offre formation-recherche en ingénierie et cela inclut son affichage comme « School of Engineering » pour rendre cette offre formation-recherche lisible » ;
  • Renouveler les formations de l’école : former plus d’élèves au sein de la prépa intégrée, proposer plus de flux à partir de bac+2 entre les établissements composantes, etc. ;
  • Intégrer le développement durable et la responsabilité sociétale des entreprises ;
  • Améliorer les mobilités internationales  : création d’un parcours entièrement en anglais, de possibilités de mobilités de groupes ;
  • Développer une relation entreprise avec plus d’alternance dans les parcours de fin cycle, plus d’animations événementielles en lien avec les entreprises ;
  • Poursuivre l’amélioration de la qualité de vie  : rénovation des salles se classe, une meilleure reconnaissance de l’engagement étudiant, repenser l’offre de restauration.

Tous ces axes d’actions sont rassemblés sous un but unique que Christophe Gravier met en avant dans un post LinkedIn : « Je veillerai donc à ce que l’école conserve son rôle d’ascenseur social comme elle l’a eu avec moi. »

5. Christophe Collet, directeur de l’Université de technologie de Troyes

Le 17 mai dernier, l’Université de technologie de Troyes (UTT) a annoncé que son conseil d’administration avait élu Christophe Collet à la tête de l’établissement. Sous réserve d’une validation par la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, il devrait alors succéder fin août à Pierre Koch qui exerce cette fonction depuis 2014.

De l’enseignement à la direction

Titulaire d’un doctorat sur le traitement du signal et des images obtenu à Télécom Bretagne, Christophe Collet entre à l’École Navale en tant que maître de conférences en 1993. En 2001, il devient professeur des universités à Télécom physique Strasbourg. En 2015, il est élu directeur de cet établissement. Enfin, en 2017, il préside Ampère, un réseau d’écoles d’ingénieurs ayant pour but de développer leurs relations internationales.

Après avoir passé une longue période de sa vie dans une école interne à une université, en l’occurrence l’Unistra, Christophe Collet va à présent accéder à un poste dans un établissement autonome.

Être le directeur de la transformation de l’UTT ?

Christophe Collet est docteur en traitement du signal et des images - © D.R.
Christophe Collet est docteur en traitement du signal et des images - © D.R.

Sous le mandat de Pierre Koch, l’UTT était devenue pilote d’Eut+, un projet « qui ressemblerait à une sorte d’EPE européen, dans lequel pourraient cohabiter plusieurs entités avec leur propre personnalité morale et juridique, au sein d’un être juridique unique », a indiqué l’ancien directeur dans un entretien donné à News Tank (abonné).

Cette alliance permettrait d’étendre l’UTT, coincé dans l’ambiguïté du statut d’université technologique : trop grande pour être une école et trop petite pour une université. Ce projet permet alors de faire de cet établissement, « une passerelle vers l’Europe » comme il est indiqué sur le site de présentation du projet.

Mais Eut+ n’est pas le seul chantier en cours, comme l’a précisé Pierre Koch à News Tank. Il citait également :

  • La stabilisation des équipes de recherche, passées de une à cinq ;
  • La deuxième phase de développement économique de l’antenne de l’UTT Nogent en Haute-Marne.

Suivre Christophe Collet sur LinkedIn.

* Devenir un campus d’Université européenne : personnes, espaces, processus.