Les portraits audio d’Emmanuel Caillaud : #6 Marianne Abramovici, jongler mais garder l’équilibre
Enseignante-chercheuse à l’Université Gustave Eiffel, Marianne Abramovici a connu l’évolution de son établissement, les responsabilités précoces dans les jeunes universités, l’épuisement chronique… mais aussi les plaisirs du lien pédagogique et la richesse de la recherche-action. Dans cet épisode des Rencontres de l’ESR d’Emmanuel Caillaud, elle partage un regard lucide mais passionné sur son métier.

Universitaire inclassable et curieux de tout, Emmanuel Caillaud est enseignant-chercheur, spécialiste des questions industrielles au Cnam, et auteur d’un Petit guide de survie de l’enseignant-chercheur (Spartacus, 2023). Ancien blogueur sur les thématiques d’enseignement supérieur, il s’essaie au rôle de journaliste pour Campus Matin et rencontre les forces vives de l’ESR.
Dans ce sixième épisode de podcast, il s’entretient avec Marianne Abramovici, maîtresse de conférences en sciences de la conception à l’Université Gustave Eiffel.
Une carrière dans la continuité… et les ruptures
« Je n’ai jamais concrètement changé d’établissement, même si lui a changé de nom et de périmètre », remarque Marianne Abramovici. Elle a fait toute sa carrière à l’Université de Marne-la-Vallée, devenue Université Gustave Eiffel, et y prend rapidement des responsabilités académiques.
Mais ce qui pourrait ressembler à une trajectoire linéaire cache une vie professionnelle faite de pivots : une thèse en gestion des risques industriels, une incursion dans les transports, la sécurité routière, l’évaluation de dispositifs innovants. « On vit plusieurs vies dans ce métier », résume-t-elle.
Si son rattachement disciplinaire a longtemps été flou — entre sciences économiques et de gestion —, Marianne Abramovici estime appartenir aujourd’hui aux sciences de la conception. Elle souhaite contribuer à structurer cette discipline encore émergente, notamment en adossant les formations en design à la recherche. Un sujet au cœur de l’habilitation à diriger des recherches qu’elle est en train de passer.
Trouver un équilibre, malgré la maladie, entre recherche et enseignement

Atteinte d’une maladie chronique qui l’épuise, Marianne Abramovici raconte comment cette réalité a profondément modifié son rapport au travail. « Je n’avais plus l’énergie de mener des projets non en lien avec mon activité. »
Elle décide donc de recentrer sa recherche sur les données issues de ses enseignements : « Ce n’est pas un double travail comme avant. Je documente ce que je fais de toute façon », explique-t-elle.
Un métier difficile, guidé par la passion
Être enseignant-chercheur, c’est un équilibre permanent à trouver : « On peut être sur la terre ferme, rayonnant… ou seul sur une corde raide, déséquilibré par les contraintes administratives ou budgétaires. » Elle évoque aussi la solitude dans les difficultés.
Et pour ceux qui souhaiteraient faire le même métier ? Elle conseille, en souriant, de « prendre rendez-vous avec leur banquier » avant de s’engager. Mais surtout de s’écouter : « Il faut avoir une passion. Sans passion, on n’y arrive pas. Moi, c’est l’enseignement qui me fait tenir. L’impression d’être utile devant les étudiants. »