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Ces edtechs parient sur l’économie de la mise en relation

Par Nicolas Chalon | Le | Edtechs

Cet article est référencé dans notre dossier : Edtechs, le contrat de confiance (enfin ?)

Ces edtechs nous rapprochent ! Elles ont fait le choix de la technologie pour faciliter rencontres, échanges et recrutements. Sourcing de vacataires, ponts entre étudiants, première approche vers un stage ou un emploi… Les edtechs spécialisées dans la mise en relation trouvent dans l’enseignement supérieur un terreau fertile.

Campus Matin analyse une tendance edtech : la mise en relation grâce à des outils conçus pour l’ESR. - © Freepik/pch.vector
Campus Matin analyse une tendance edtech : la mise en relation grâce à des outils conçus pour l’ESR. - © Freepik/pch.vector

Mettre en relation peut prendre différentes formes, selon l’objectif poursuivi. Quand une entreprise comme Sweeetch surfe sur l’explosion de l’alternance pour effectuer le lien entre candidats, entreprises et formations, d’autres visent à animer des communautés (alumni, chercheurs), créer la rencontre entre les étudiants et futurs étudiants ou encore trouver des enseignants. 

« Nous n’avons pas réinventé la roue. Juste conçu une offre adaptée à l’enseignement, car les outils de recrutement traditionnels ne prenaient pas du tout en compte ses besoins », explique Théo Duhem, cofondateur de Ténors. Créée en 2020, la start-up met en relation directe les écoles et des intervenants de tous domaines d’expertise.

Lever freins et barrières au recrutement

L’idée est apparue de la manière la plus simple possible à cet ingénieur de formation. « Un jour, j’ai eu envie de donner des cours en école. Je n’aurais jamais imaginé que ce serait si compliqué. » Alors en poste à Décathlon comme chef de projet IA, Théo Duhem se tourne naturellement vers son ancienne école d’ingénieurs.

« Première barrière : qui contacter ? Je ne trouve pas la réponse sur le site. Finalement, j’envoie un message au responsable pédagogique sur Linkedln pour proposer mes services », se souvient-il. Nous sommes en septembre ; le message recevra une réponse en… juin. Qui lui propose de donner quelques cours sur le progiciel de gestion intégré, SAP. « Problème, je ne l’ai quasiment jamais utilisé », sourit Théo Duhem. 

Proposer un outil spécifiquement dédié à l’ESR

Ingénieur de formation, Théo Duhem a créé la plateforme Ténors en 2020 avec son associé Lambert de Poix. - © D.R.
Ingénieur de formation, Théo Duhem a créé la plateforme Ténors en 2020 avec son associé Lambert de Poix. - © D.R.

Comme souvent dans la tech, les projets fusent quand les obstacles semblent trop évidents et qu’aucun outil ne répond à un besoin bien identifié. L’écosystème de l’enseignement, par les différents publics qu’il combine — étudiants, enseignants, chercheurs, employeurs —, a des contraintes bien à lui.

« Recruter un expert d’un sujet pour une heure de conférence ou une dizaine d’heures dans le cas d’un module, c’est compliqué. Ce sont des gens occupés, qui ne seront pas forcément disponibles le bon jour, ou changeront de poste d’une année sur l’autre. La recherche de vacataires est donc permanente, pour les établissements. En parallèle, les programmes pédagogiques bougent vite, eux aussi », observe Théo Duhem.

Ténors propose ainsi aux intervenants de s’inscrire, livrer quelques détails sur leurs compétences et leur expérience, puis c’est à l’établissement de prendre le relais. Car personne d’autre ne peut juger de la qualité et de la légitimité du candidat.

« Si vous cherchez un expert en chat, qui suis-je pour vérifier que cet intervenant est vraiment excellent en chat ? Ou en droit des affaires, ou en physique quantique ? Les écoles savent juger de la qualité d’un intervenant; c’est le rencontrer qui est difficile. » 

Être un pont entre les différents publics

La start-up Magma App mise, elle, sur le dialogue entre deux personnes pour faciliter l’orientation, grâce à la mise en relation d’un candidat (étudiant, jeune actif) avec un « ambassadeur », étudiant dans cette formation ou travaillant dans cette entreprise.

Édouard Petit a créé, en juin 2019, Magma App qui met en relation des futurs étudiants avec des « ambassadeurs » d’école.  - © D.R.
Édouard Petit a créé, en juin 2019, Magma App qui met en relation des futurs étudiants avec des « ambassadeurs » d’école. - © D.R.

« Chaque fois que j’ai eu des choix importants à faire, ce sont les insiders qui m’ont aidé à prendre la décision, pas un conseiller d’orientation. Nous sommes beaucoup dans ce cas », estime Édouard Petit, qui a fondé la start-up Magma App en 2019.

Contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, l’entreprise ne propose pas d’application — « tout le monde en a déjà dix fois trop sur son smartphone » — mais une mise en relation directe, via le site de l’école (ou de l’entreprise) avec une personne se déclarant disponible pour échanger avec les jeunes intéressés. Ce dernier dira simplement par quel moyen il souhaite être mis en contact - SMS, téléphone, Linkedln ou autre — et trouvera un moment pour échanger avec ledit ambassadeur. 

Une alternative aux leviers de recrutement traditionnels des écoles

Dans le cas de l’ESR, Magma App se veut une alternative aux salons et journées portes ouvertes (JPO), « mal calibrés », selon son fondateur :

« Concentrer tout le monde sur une même journée à un même endroit est un concept qui a de vraies limites », estime Édouard Petit.

Bien des étudiants passent à côté, soit par manque d’information, de disponibilité, par éloignement géographique, « et plus souvent parce que la journée en question ne tombe pas au bon moment dans leur réflexion. Chaque personne a son propre rythme en matière d’orientation. »

Sans même parler des recrutements à l’international, pour lesquels un ambassadeur parlant italien, anglais ou chinois facilitera la vie de tout le monde. En étalant le temps de rencontres tout au long de l’année, une poignée d’ambassadeurs suffisent, qui n’y passeront pas des journées entières.

« Si vous avez mille candidats répartis sur 200 jours avec cinq ambassadeurs pour leur répondre, cela fait en réalité très peu de demandes. Vous pouvez faire le calcul », propose Édouard Petit. Campus Matin l’a fait pour vous : cela représente un échange par jour.