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Construire des solutions ensemble, l’avenir de la relation entre universités et edtechs ?

Par Isabelle Cormaty | Le | Edtechs

Quelles leçons tirées d’un an de la crise sanitaire pour les edtechs dans l’enseignement supérieur ? Tel était le thème d’une table ronde organisée par la Fédération internationale des universités catholiques et EdTech France lors d’un forum en ligne consacré aux edtechs les 7 et 8 juin. Synthèse.

La FIUC a organisé un forum de deux jours sur les edtechs. - © PSL / Marie Sorribas
La FIUC a organisé un forum de deux jours sur les edtechs. - © PSL / Marie Sorribas

« Il y aura un avant et un après Covid dans la edtech et dans l’éducation en général. 1,7 milliard d’élèves ont expérimenté des solutions edtechs l’an dernier. Le marché des edtechs a gagné cinq à dix ans dans l’adoption de nouveaux usages », analyse Marie-Christine Levet, fondatrice du fonds d’investissement Educapital lors de l’ouverture du forum de la Fédération internationale des universités catholiques (FIUC).

La FIUC, qui regroupe près de 250 universités catholiques à travers le monde, entend travailler avec les acteurs des edtechs. La fédération, qui publie régulièrement des rapports de prospective des tendances dans l’enseignement supérieur a organisé, avec EdTech France, un forum de deux jours, en français et en anglais, sur les technologies de l’éducation.

Les leçons de l’année 2020

Nadia Jacoby, fondatrice de l’agence de conseil Simone et les Robots, identifie plusieurs forces, qui ont permis aux universités de traverser au mieux la crise sanitaire. Durant la table ronde, elle a notamment présenté les résultats d’une enquête menée par son entreprise à l’issue du premier confinement auprès de 43 universités. En voici les idées clés.

Quelles réactions des universités et quels choix ont-elles faits ?

Après un parcours universitaire, Nadia Jacoby a fondé l’agence de conseils Simone et les Robots - © D.R.
Après un parcours universitaire, Nadia Jacoby a fondé l’agence de conseils Simone et les Robots - © D.R.

« Nous avons constaté une grande réactivité et adaptabilité des établissements au printemps 2020. Les classes virtuelles sont une brique essentielle de la continuité pédagogique », insiste Nadia Jacoby. Les universités se sont donc très vite équipées avec ces outils qu’elles ont choisis en fonction de deux critères : leur fiabilité et leur robustesse, « notamment pour supporter les pics de charge ».

L’universitaire de formation, ancienne vice-présidente de Paris 1 Panthéon Sorbonne, remarque une « volonté du côté des établissements de l’ESR de faire évoluer leur offre vers des formations plus hybrides pour rendre l’expérience d’apprentissage plus agréable et efficace ».

Comment les edtechs peuvent-elles aider les universités ?

« Quand une entreprise développe une solution liée aux modalités d’apprentissage, elle doit savoir que 98 % des universités sont équipées d’un LMS Moodle », constate tout d’abord Nadia Jacoby.

Les formations constituent un autre élément facilitant la prise en main des outils. « Durant le premier confinement, beaucoup d’établissements ont vite pris la mesure du besoin en formation. Avoir des edtechs en mesure d’accompagner les établissements avec des modules de formations clés en main pour les enseignants, c’est précieux », souligne l’entrepreneuse.

Elle cite notamment l’exemple de l’Europe du Nord et sa tradition de coconception : « L’enjeu est d’être capable de travailler ensemble, c’est à mon sens l’avenir de la relation université - solution edtech. »

Imaginer la rentrée 2021

John-Edwin Graf a fondé Beecome. - © D.R.
John-Edwin Graf a fondé Beecome. - © D.R.

Forts de ces leçons tirées de la crise sanitaire, les établissements du supérieur préparent depuis quelques mois la rentrée de septembre 2021, en collaboration avec des entreprises edtechs. Passée l’urgence, place maintenant à une réflexion sur le plus long terme pour transformer la pédagogie et trouver des solutions qui répondent parfaitement à leurs besoins !

« Nous préparons la rentrée 2021, avec une volonté encore plus accrue d’adapter les parcours de formation en hybride », souligne John-Edwin Graf, dirigeant de Beecome, l’entreprise qu’il a fondée.

Coconstruire des scénarios pédagogiques

« Les universités et les écoles réfléchissent au type de pédagogie qu’elles peuvent mettre en place pour que les étudiants puissent davantage échanger que ce soit en synchrone ou en asynchrone, raconte Ludovic Charbonnel, cofondateur de ChallengeMe. Ces derniers mois, nous avons construit avec les écoles la prochaine rentrée avec des scénarios pédagogiques. »

ChallengeMe a par exemple travaillé avec l’école de commerce Skema Business School. « Nous allons mettre en place une solution de QCM pair à pair, en fonction des besoins de l’école. Nous avons construit, non pas un outil, mais un scénario pédagogique, c’est-à-dire quand on utilise l’outil, pourquoi… », détaille le cofondateur de l’entreprise.

Les edtechs, un marché en plein dynamisme

Marie-Christine Levet a notamment cité quelques chiffes révélateurs du dynamisme du marché des edtechs dans le monde

• le montant des investissements dans le secteur s’élève à 16,3 milliards de dollars en 2020 ;

• la edtech compte actuellement 20 licornes, ces start-up qui atteignent une valorisation d’au moins un milliard de dollars. Certains experts estiment qu’il y aura 125 licornes en 2025 ;

• l’enseignement supérieur et le scolaire représentent 44 % des investissements dans la edtech dans le monde, 42 % en Europe, mais seulement… 4 % en France. Optimiste, Marie-Christine Levet observe « une prise de conscience ces derniers mois avec l’émergence de nouveaux modèles d’enseignement centrés sur l’employabilité ».