Numérique

« Une soif d’échanges avec les start-up » : l’enthousiasme des edtechs de retour de Londres

Par Isabelle Cormaty, Marine Dessaux | Le | Edtechs

Tout juste revenus de Londres où se tenait du 23 au 25 mars un grand salon dédié aux acteurs de l’edtech, plusieurs participants, exposants ou visiteurs, racontent à Campus Matin comment ils ont vécu leur premier Bett Show.

Le Bett Show s’est déroulé à Londres du 23 au 25 mars 2022. - © D.R.
Le Bett Show s’est déroulé à Londres du 23 au 25 mars 2022. - © D.R.

Immense, inspirant, génial… Tels sont les qualificatifs qui reviennent à l’évocation du British education training and technology Show, dit Bett Show. Ce grand salon dédié aux technologies pour l’éducation est une référence mondiale en la matière.

Après une édition 2021 annulée en raison de la pandémie, et un report de celle de 2022, le Bett Show a fait son grand retour à Londres du 23 au 25 mars dernier. « Nous avons ressenti parmi les visiteurs une soif d’échanges avec les start-up, qui peut être un effet post-covid », avance Christophe Bansart, cofondateur de la edtech française Kdetude.

Une présence qui s’inscrit dans une dynamique internationale

Minashe Selvam (au centre) et Fernanda Souza (à droite) ont présenté Cantoo sur le pavillon France. - © MD - Campus Matin
Minashe Selvam (au centre) et Fernanda Souza (à droite) ont présenté Cantoo sur le pavillon France. - © MD - Campus Matin

La plupart des entreprises présentes pour la première fois sur ce salon tentent de développer leur activité vers l’international, notamment vers les marchés anglo-saxons.

« Le Bett représente un outil à part entière dans notre stratégie commerciale, de communication et de marketing. Nous avions comme objectif de prospecter de nouveaux marchés, de rencontrer et capter de nouveaux clients, francophones, anglophones… », explique Fernanda Souza, directrice marketing et communication de Cantoo.

La présence au Bett Show, l’un des plus importants salons du monde dédiés aux edtechs, vient souvent compléter l’exposition sur des salons d’envergure nationale. « Le Bett est la continuité de notre présence au salon Educatec-Educatice à Paris ou nous voulions montrer en avant-première notre solution Eleda aux acteurs de l’éducation française et francophone. Le Bett par sa dimension plus internationale nous permet d’élargir notre marché et d’affiner notre modèle commercial et business en échangeant avec des acteurs du monde entier », précise Christophe Bansart.

Des premières retombées plutôt positives

Christophe Bansart (à gauche) a cofondé Kdetude avec Khadija Dib (au centre). - © MD - Campus Matin
Christophe Bansart (à gauche) a cofondé Kdetude avec Khadija Dib (au centre). - © MD - Campus Matin

Quel bilan dresser, quelques jours après sa clôture ? « Il est trop tôt pour évoquer les impacts commerciaux, mais notre calendrier des rendez-vous postsalon confirme la dynamique constatée sur le Bett. Nous avons sans aucun doute amélioré notre visibilité », se félicite Christophe Bansart.

« À l’issue des échanges, nous pouvons entrevoir de nouvelles stratégies produits et commerciales. Concernant les collaborations, il y a bien entendu les start-up françaises avec qui nous allons collaborer prochainement, mais nous avons également été approchés par des sociétés néerlandaises et italiennes. La dimension européenne est donc très forte », complète-t-il.

Même son de cloche chez la start-up Cantoo spécialisée dans l’accompagnement des élèves souffrant de troubles dys (dyslexique, dysorthographique, etc). L’entreprise a profité de ces derniers jours pour recontacter des clients et des prospects rencontrés au Bett Show. 

Du côté d'Universities UK, un groupe de défense d’intérêts qui représente la voix de 140 universités en Angleterre, Écosse, Pays de Galle et Irlande du Nord, les objectifs sont atteints. « Nous avons rencontré plusieurs parties prenantes de l’enseignement supérieur, entendu de brillants intervenants et avons pu nouer de nouveaux contacts. Universities UK a également proposé des conférences données par des leaders de notre secteur, notamment “Consolider les apprentissages en étant disruptif” et “Surfer sur la vague : offrir une éducation qualitative au-delà des frontières”. Elles ont reçu un accueil très positif », indique Joe Percy, responsable des affaires politiques.   

Échanger avec des institutions et se repérer dans l’écosystème

« Le salon s’est montré à la hauteur de nos attentes en ce qui concerne les rencontres avec des acteurs clés du marché de l’éducation nationale française et aussi des acteurs à l’international », constate la directrice marketing et communication de Cantoo. 

Étaient en effet présents des académies, la direction du numérique éducatif du ministère de l’éducation nationale, Réseau Canopé ou encore le pôle éducation de la Banque des Territoires, représenté notamment par Juliette D’Angelo.

« En tant que chargée de projets et d’investissements, j’ai décidé d’aller au Bett 2022 pour la première fois afin de soutenir les edtechs françaises que nous accompagnons à la Banque des Territoires comme Mobidys, Cantoo, Reenbow ou encore Short Edition, toutes à fort impact et en développement sur le territoire français et européen », témoigne-t-elle.

Aux échanges avec les prospects et les acteurs institutionnels, s’ajoute également un gain en visibilité, précieux pour les jeunes sociétés. « Le Bett a été une formidable occasion de développer notre réseau professionnel, gagner en notoriété et d’échanger avec la presse spécialisée dans le domaine edtech », assure Fernanda Souza, de la start-up lilloise Cantoo

Prendre la température du marché et repérer des tendances

Ce salon fut également l’occasion « d’avoir une vision globale du marché edtech, en termes de tendances et de communication, et de pouvoir ainsi réaliser une étude de marché en temps réel », ajoute Fernanda Souza.

« Ce qui m’a le plus surpris, c’est la vitesse à laquelle certaines technologies progressent dans notre secteur, même en quelques années », confie Joe Piercy, qui a travaillé un temps dans le secteur des edtechs avant de rejoindre Universities UK.

Le stand de l’équivalent britannique de notre Conférence des présidents d’université se trouvait dans « Ahead by Bett », un espace dédié au supérieur.

« C’était une très bonne idée d’avoir un espace dédié à l’enseignement supérieur, de cette manière nous pouvions trouver toutes les innovations en matière d’éducation au même endroit. Ce qui nous a permis de savoir où concentrer notre attention dans une si grande exposition », apprécie Joe Piercy.

Juliette D’Angelo (Banque des Territoires) a profité du salon pour repérer des sociétés innovantes issues d’autres pays européens. « Je suis très contente d’avoir pu échanger avec des edtechs étrangères de grande qualité, comme Imagilabs, une startup suédoise qui reprend l’univers des jeunes filles pour les inciter à coder en s’amusant, ou bien la start-up hongroise Tell me tales », raconte-t-elle.

Un salon immense où se côtoie une multitude d’acteurs

Le pavillon France, un point de rencontre

Le pavillon France comptait une vingtaine d’entreprises. - © D.R.
Le pavillon France comptait une vingtaine d’entreprises. - © D.R.

Si les entreprises tricolores viennent au Bett pour accélérer le déploiement de leurs activités à l’international, tous les acteurs apprécient aussi de découvrir et d’échanger avec leurs compatriotes réunis sous le pavillon France, organisé par Business France, EdTech France et l’Afinef. 

« C’est un moment idéal pour discuter de synergies de développements avec d’autres start-up qui travaillent sur des domaines complémentaires aux nôtres », constate Christophe Bansart, le cofondateur et directeur R&D de Kdetude

« Au-delà de l’aspect salon, le fait d’être rassemblé sur un pavillon national permet d’imaginer des développements communs, des réponses communes à des programmes de R&D, à des appels à projets français et européens », complète le chef d’entreprise. 

Tous les acteurs de l’écosystème réunis, même les jeunes

Outre les exposants, les investisseurs, les acteurs institutionnels et les chefs d’établissements présents au Bett, le salon accueille également les enseignants voire des classes. Quelques élèves en uniforme se pressent ainsi joyeusement dans les allées pour découvrir de nouvelle manière d’apprendre.

« J’ai été agréablement surprise par le nombre de jeunes qui viennent tester de nouvelles solutions edtechs », note aussi Juliette D’Angelo de la Banque des Territoires. La chargée de projets et d’investissement suggère de s’en inspirer sur les salons français dédiés à l’éducation « afin de bien garder le bénéficiaire final au cœur des enjeux de transformation de l’école de demain ! ».