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La edtech Theia veut développer son modèle de dématérialisation des examens en Europe

Par Isabelle Cormaty | Le | Edtechs

L’entreprise Theia, spécialisée dans la dématérialisation des examens en présentiel, figure depuis fin novembre sur la liste des fournisseurs des établissements publics de l’enseignement supérieur en France et au Royaume-Uni. Son directeur général expose les perspectives de développement de la start-up edtech sur le marché européen.

L’entreprise Theia, installée dans l’Isère a été fondée en 2007. - © France Universités - Université de Bordeaux
L’entreprise Theia, installée dans l’Isère a été fondée en 2007. - © France Universités - Université de Bordeaux

Dématérialiser la création, la gestion et la correction des examens en présentiel dans les établissements du supérieur, telle est l’activité de Theia, la plateforme Saas créée en 2007 qui équipe la plupart des UFR de médecine en France.

La start-up de 15 salariés a signé en novembre le protocole « Groupe logiciel » avec le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche français, qui la référence auprès des établissements et organismes de recherche publics. La edtech grenobloise a aussi obtenu l’agrément du gouvernement britannique pour être fournisseur G-cloud sur la centrale d’achat de l’État.

Son directeur général, Sébastien Abdi revient pour Campus Matin sur les dernières actualités de l’entreprise, son expansion en Europe et ses objectifs de développement à moyen terme.

Quelles perspectives vous ouvre la signature du protocole « Groupe logiciel » pour Theia ?

Sébastien Abdi : Nous cherchons à mettre en lumière l’expertise de Theia. Notre différentiation repose sur une technologie singulière capable d’accueillir des examens à très grandes échelles (jusqu’à 10 000 étudiants), en particulier dans l’enseignement supérieur.

Sébastien Abdi est directeur général de la edtech Theia. - © D.R.
Sébastien Abdi est directeur général de la edtech Theia. - © D.R.

Pendant toute la période Covid, les universités et les écoles ont cherché comment organiser des examens en ligne et cherché des solutions pérennes qui fonctionnent à échelle. Elles ont mené des réflexions pour répondre aux nouveaux besoins. Faute de solutions, elles ont détourné des outils comme Teams ou Moodle.

Nous voulions être référencés sur les listes d’achat des organismes publics, à savoir le groupe logiciel et l’Union des groupements d’achats publics (Ugap). Le groupe logiciel nous permet de gagner en visibilité auprès des institutions publiques et offre aux établissements des conditions financières intéressantes pour les contrats.

Depuis novembre, vous êtes référencés sur la centrale d’achat publique britannique. Quelle est votre stratégie de développement à l’international ?

Notre ambition est de transposer notre modèle en Europe

Nous avons ouvert en février 2022 un bureau à Barcelone, avec un commercial pour développer notre activité en Espagne. Theia est actuellement leader de l’évaluation digitale en France, notre ambition est de transposer notre modèle en Europe, en commençant par l’Espagne puis le Royaume-Uni.

Le gouvernement britannique a ouvert il y a peu une plage de référencement qui nous permet d’intégrer le catalogue des fournisseurs pour les institutions publiques britanniques. Nous avons signé un protocole avec des prix négociés en amont, sur le même modèle que le groupe logiciel. L’agrément ne va pas révolutionner notre entrée sur ce marché, mais c’est une première étape qui va nous faire gagner du temps sur la partie administrative des contrats. 

Que représente le marché de l’enseignement supérieur dans votre activité ? Quelles relations entretenez-vous avec vos établissements clients ?

Nos solutions ont été pensées pour l’enseignement supérieur

Plus des trois quarts de notre activité est portée par le supérieur. Nous faisons aussi de la certification continue, mais nos solutions ont été pensées pour l’enseignement supérieur et particulièrement pour les universités. Theia est née à la faculté de médecine de l’Université de Grenoble, il y a 16 ans. À l’époque, l’entreprise était une des pionnières du e-learning. Nous avons conservé une forte proximité avec les valeurs universitaires.

Nous développons des partenariats auprès des écoles pour accompagner les changements d’organisation interne qui découlent de la digitalisation des examens : la création des sujets, la répartition des copies, l’inscription des étudiants… 

La triche est-elle toujours un frein au passage à la digitalisation des établissements ?

La digitalisation du processus d’examens n’implique pas forcément le recours aux QCM ou aux examens à distance. Nous développons une plateforme la plus robuste possible pour tous les types d’évaluation. La question de la triche se pose lors de réalisation d’examens à distance qui n’est qu’une petite partie de notre offre. Nous sommes principalement sollicités sur de la dématérialisation d’examens en présentiel.

Les recommandations de la Cnil sur les examens à distance

La Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) a publié le 1er décembre un projet de recommandations sur les examens à distance. Ce sujet fait actuellement l’objet d’une consultation jusqu’à la fin de l’année 2022. L’institution publique y indique que :

« Le recours à l’évaluation à distance et aux outils de télésurveillance associés ne devrait pas être motivé par le seul objectif de rendre moins contraignant pour l’établissement l’organisation de la vérification des connaissances des étudiants. Le passage de l’épreuve dans un local dédié et soumis à une surveillance humaine devrait rester la modalité normale d’organisation. »